Qu’a donc dit le fondateur milliardaire de WhatsApp au Limmud FSU ?
Jan Koum qui a vendu son entreprise 19 MDS $, s'est emparé du micro - et a parlé sans vouloir être enregistré lors d'un événement organisé à proximité de la Silicon Valley
OAKLAND, Californie — Presque toutes les chaises de la salle de conférence Marriott, à Oakland, étaient occupées, lorsque les Juifs russophones se sont réunis un samedi soir pour rencontrer l’un des membres les plus éminents de leur propre communauté : Jan Koum, fondateur de WhatsApp.
Le jeune milliardaire, né en Ukraine, était venu à la conférence organisée par le Limmud et dédiée aux Juifs issus de l’ancienne Union soviétique habillé simplement d’un tee-shirt et d’une veste à capuche, une bouteille d’eau à la main – et il a demandé qu’aucun de ses propos ne soient enregistrés.
Après avoir répondu aux questions en anglais pendant environ une heure (même s’il a également proposé de s’exprimer en russe), il a pris la pose pour des photos avec ceux qui souhaitaient conserver un souvenir de la soirée avec lui.
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« Je pense que c’était très intéressant de voir Jan Koum et de constater ce qu’un Juif russe ayant immigré aux Etats-Unis a réussi à accomplir », a dit Alexander Kutman, ingénieur et originaire de Biélorussie. « Cela nous rappelle ces opportunités qui peuvent nous être ouvertes à tous ».
Koum, 41 ans, avait immigré aux Etats-Unis depuis l’Ukraine avec sa mère et sa grand-mère lorsqu’il était adolescent. La famille avait vécu des aides sociales et alimentaires distribuées par le gouvernement. La mère de Koum gardait des enfants et lui-même balayait le sol d’une épicerie.
Sa mère est décédée des suites d’un cancer lorsqu’il avait environ 25 ans et Koum s’était retrouvé seul : Son père était déjà mort et il n’avait ni frère, ni soeur. Le futur magnat a alors acheté un IPhone et a décidé de concevoir une application. Il y a trois ans, Facebook a racheté sa plate-forme de messagerie, WhatsApp, pour un montant de 19 milliards de dollars.
La cofondatrice de l’organisation du Limmud FSU, Sandra Cahn, elle aussi présente lors de cette session de questions et réponses, s’est dite impressionnée par l’humilité de Koum.
« J’ai été très surprise. Il ne s’est pas vanté, il ne s’est pas montré belliqueux, il s’est montré secret », a-t-elle dit. « Il représente à nos yeux quelqu’un qui a su exploiter ses capacités intellectuelles et qui a réussi. Cela donne à la communauté juive russe un sentiment de fierté ».
Elle a ajouté avoir été particulièrement émue par l’attention portée par Koum à l’état d’Israël.
Selon la page Facebook de Koum – ce dernier a presque 90 000 abonnés – et le jeune milliardaire est un fervent soutien de l’Etat juif.
A la fin du mois d’octobre, il a ainsi publié un lien de l’hymne national israélien sur son mur (après le refus à Abu Dhabi de le jouer à l’occasion d’un tournoi de judo du Grand chelem, a-t-il expliqué), et au mois de septembre, il a partagé la vidéo de la première journée passée par un comédien américain en Israël.
De plus, au mois de mai, il avait publié une photo du drapeau israélien pour féliciter l’Etat juif à l’occasion de sa Journée de l’Indépendance et, au mois de février, il avait partagé une vidéo du Premier ministre Benjamin Netanyahu disant à Chuck Norris qu’Israël était indestructible.
Koum a été invité à cette conférence par Anya Eychis, qui a servi comme directrice de la programmation lors de la conférence du Limmud FSU.
Le Limmud FSU convie souvent des célébrités russophones lors de ses événements. Parmi les précédents invités, la journaliste juive et russe-américaine Masha Gessen, la célèbre personnalité de la télévision russe Aleksander Drouz ainsi que Yelena Khanga, journaliste à la télévision russe d’origines africaine et juive.
Mais pour son week-end à San Francisco et dans la Silicon Valley, le Limmud a véritablement tenté de se concentrer sur l’innovation et la technologie, en particulier parce que les sciences informatiques sont une vocation jouissant d’une grande popularité parmi les Juifs russophones, a expliqué Natasha Chechik, directrice des communications au Limmud FSU.
« Nous voulions vraiment tout faire en faveur de l’innovation parce qu’elle est très importante en Israël. Nous avons des gens dans les cafés qui écrivent des code et 50 % d’entre eux sont des Russes », a-t-elle dit. « Au Technion de Haïfa – le MIT israélien – on peut avoir le sentiment que 90 % des étudiants sont Russes ».
« La communauté juive russophone sur la côte Ouest est florissante et cet événement, ce soir – avec un nombre record de participants pour notre tout premier événement organisé dans la Baie de San Francisco — en est la preuve », a pour sa part commenté le fondateur du Limmud FSU Chaim Chesler.
Cet événement de trois jours a été également l’occasion du lancement d’une exposition de photographies en l’honneur du feu président israélien, intitulée « Shimon Peres — Vision et Innovation », et de la remise d’un prix d’honneur à l’ancien secrétaire d’Etat américain George Shultz.
Cette exposition a été produite par le Limmud FSU avec la famille de Peres et le Centre pour la paix et l’innovation de Peres. Tsvia Walden, la fille du président défunt, en est la curatrice.
Shultz, dorénavant âgé de 97 ans, a servi sous l’administration de Nixon et est largement reconnu pour son aide apportée à la communauté juive à l’époque du rideau de fer. Natan Sharansky, qui était présent lors de la cérémonie, a été libéré durant le mandat de Shultz.
« Nous sommes très fiers d’avoir été choisis pour le lancement d’un certain nombre d’événements excitants, comme l’exposition honorant feu le président israélien Shimon Peres, et pour la cérémonie de remise des prix à l’ancien secrétaire d’Etat George Shultz », a dit Chesler.
Ce sont environ 800 personnes qui ont assisté à l’événement organisé ce week-end par le Limmud FSU, de l’autre côté du pont de San Francisco.
En plus de l’apparition du fondateur de Whatsapp, l’événement a accueilli des interventions sur l’envoi par Israël d’une fusée aérienne sans pilote vers la lune (avec les conseils du scientifique russe qui a travaillé lui-même sur le véhicule lunaire soviétique Lunokhod). Il y a eu également une session en direction des entrepreneurs sur les moyens de financer une start-up (certains intervenants au débat étaient des investisseurs juifs russes) et une présentation consacrée à l’analyse des données dans la recherche médicale, faite par un professeur russophone de l’université » de Californie.
Un chanteur d’Odessa s’est produit en yiddish. Dans le couloir, un auteur a vendu son livre consacré à Abby Stein — juive hassidique et transgenre la plus connue d’Amérique – Celle-ci s’est assise à une table dans une robe moulante et a évoqué la théorie transgenre dans la Kabbale.
Juste avant le départ de Koum, le cofondateur du Limmud FSU l’a invité à assister à la prochaine conférence organisée en Israël – une offre que Koum n’a pas déclinée.
« Je croise les doigts, il reviendra. Avec un peu de chance, il acceptera d’être enregistré la prochaine fois », a dit Chechik.
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