Quand Benny Gantz faisait des batailles de neige avec des Palestiniens
Il y a 5 ans, j'ai photographié une scène improbable que Tsahal avait interdit de publier, mais depuis, l'ex-chef d'état-major de Tsahal est candidat au poste de Premier ministre
Il y a cinq ans, après une tempête de neige importante, le chef d’état-major de Tsahal s’est battu à coups de boule de neige avec une famille palestinienne sur le bord d’une autoroute en Cisjordanie.
J’étais alors le photographe du chef d’état-major et, comme c’était mon devoir, j’ai immortalisé cette rencontre improbable sur la pellicule. Mais l’unité du porte-parole de Tsahal a refusé d’autoriser la publication de la photo, affirmant qu’elle ne serait rendue publique que « lorsqu’il y aura un accord de paix ».
Aujourd’hui, le chef d’état-major en question, Benny Gantz, est entré en politique et fait campagne pour le poste de Premier ministre, et – Dieu merci – l’armée israélienne a décidé que la photo pouvait être publiée.
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Soyons clairs : Il s’agit de l’histoire d’une photo et du moment où elle a été prise. Il ne s’agit pas d’un soutien à l’égard du candidat, pour lequel ce journaliste n’a ni vision ni opinions à offrir.
J’ai d’abord raconté l’histoire de cette affaire en juin dernier, sur le podcast Why Why Why, parrainé par le Times of Israel. À l’époque, je pensais devoir attendre un accord très improbable entre Israël et les Palestiniens. Apparemment ce ne fut pas le cas.
En décembre 2013, une forte tempête de neige a endommagé les lignes électriques et causé des dégâts dans toute la Cisjordanie. Alors Gantz, entouré de son équipe, est allé constater les dégâts et ce que l’armée pouvait faire pour aider. Nachum Barnea, le principal chroniqueur de Yedioth Aharonoth, était de la partie dans le cadre d’un article qu’il écrivait sur la dernière année de Gantz en tant que chef de Tsahal.
Alors que nous roulions sur une route enneigée, le chef d’état-major a aperçu un groupe de trois Palestiniens – un mari, une femme et leur fille adulte – jouant dans la neige. Il a demandé à toute la file de voitures de s’arrêter afin qu’il puisse leur parler.
Par l’intermédiaire d’un traducteur, le mari a expliqué qu’ils se rendaient à l’hôpital Hadassah Ein Kerem de Jérusalem pour que sa femme puisse recevoir un traitement contre le cancer. En cours de route, ils avaient décidé de s’arrêter et de s’amuser un peu.
Pendant que nous discutions, la mère a ramassé une poignée de neige, l’a mise en boule et l’a lancée sur sa fille. Tout le monde a ri. Qui ne veut pas retomber en enfance ?
Puis Gantz s’est baissé, a ramassé sa propre poignée de neige, l’a mise en boule et l’a lancée sur la mère.
Elle a répliqué en lançant une boule de neige sur le chef d’état-major et en le touchant à l’épaule.
En un instant, une bataille de boules de neige entre le chef de l’armée israélienne et une famille palestinienne avait éclaté.
Tout le monde riait, sauf, bien sûr, les gardes du corps du chef d’état-major, qui ne semblaient pas particulièrement amusés par la situation.
Aussi vite qu’elle avait commencé, la bataille de boules de neige s’est terminée. Tout le monde s’est dit au revoir et a repris son chemin.
Quelques jours plus tard, la neige a fondu, l’électricité a été rétablie, les routes ont été déblayées et l’article de Barnea a été publié, décrivant cet épisode à la limite de l’absurde pour que tout le monde puisse le lire. Naturellement, c’était à la Une des journaux : « Kadour Sheleg », ou boule de neige.
Mais la photo qui accompagnait l’article n’était pas celle que vous voyez ci-dessus. C’était un instantané que j’ai pris des moments avant que la bataille de boules de neige n’éclate, alors que Gantz parlait encore avec la famille palestinienne.
Il y a beaucoup moins de joie dans la photographie de cette rencontre. Pendant que la famille palestinienne sourit, Gantz ne sourit pas. Il se tient en face d’eux avec son fusil d’assaut M-16 sur les genoux, un de ses gardes du corps la main bien visible sur son pistolet et un autre tenant également son fusil d’assaut.
Sur la photo de la bataille de boules de neige, en revanche, le chef d’état-major avait déjà déposé son arme à ses côtés, les soldats rient, la fille palestinienne a un grand sourire, et il y a des boules de neige dans les airs.
Mais à l’époque, on craignait que sa publication ne mette les Palestiniens dans une situation délicate, les faisant paraître un peu trop copains-copains avec les « occupants sionistes ».
L’armée israélienne n’a pas répondu à la demande d’explication du Times of Israel pour savoir pourquoi la photographie a été soudainement autorisée à la publication, malgré l’absence notable de l’accord de paix pourtant requis.
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