Quand la CIA utilisait les techniques des nazis
Un livre révèle que pendant la Guerre Froide, les Etats-Unis ont bénéficié de l’aide de médecins du IIIe Reich pour mener à bien des interrogatoires durant lesquels ils administraient des doses de LSD
Les Etats-Unis se sont servis d’anciens médecins nazis pour développer leurs techniques interrogatoires pendant la Guerre froide, en faisant notamment usage d’hallucinogènes comme le LSD, relate le nouveau livre de la journaliste d’investigation Annie Jacobsen.
Publié mardi aux Etats-Unis, l’ouvrage « Opération Paperclip : le programme qui a fait venir les scientifiques nazis en Amérique » documente un programme secret de renseignements, mené avec l’aide de scientifiques et de médecins nazis de premier plan, dont l’ancien directeur général de la Santé de l’Allemagne nazie.
« La CIA a fait équipe avec l’armée, les forces aériennes et le renseignement naval pour mener l’un des programmes secrets d’interrogation les plus néfastes et les plus développés de la Guerre froide », écrit Jacobsen dans un extrait publié sur le site du Daily Beast.
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« Les interrogatoires avaient lieu dans une infrastructure clandestine située dans la zone d’occupation américaine en Allemagne, dénommée Camp King. Le médecin en chef de l’opération Paperclip fut le docteur Walter Schreiber, l’ancien directeur général de la Santé du IIIe Reich… Les activités qui se sont déroulées à Camp King entre 1946 et la fin des années 1950 n’ont jamais été justifiées ni par le Département de la Défense ni par la CIA. »
Selon Jacobsen, les Etats-Unis redoutaient que les Soviétiques utilisent des techniques interrogatoires non conventionnelles s’ils capturaient un soldat ou un pilote. C’est pourquoi ils ont développé avant eux un programme de défense antisoviétique qui s’est rapidement transformé en projet secret visant à obliger les espions russes à parler, puis à leur faire oublier ce qu’ils avaient dit.
« Nous avons senti qu’il était de notre responsabilité de ne pas être à la traîne des Russes et des Chinois dans ce domaine. Le seul moyen de mesurer l’étendue du danger était de tester des substances comme le LSD et d’autres drogues, qui peuvent contrôler les comportements humains », a confié en 1978 l’administrateur du programme et ancien directeur de la CIA Richard Helms lors d’une interview.
D’autres agences de renseignements américaines étaient impliquées et faisaient en sorte que d’anciens scientifiques nazis participent au programme. Des procès se déroulaient à Camp King. En 1952, deux espions soviétiques capturés par d’anciens agents nazis étaient interrogés au moyen de ces nouvelles méthodes.
« Dans le premier cas, de faibles doses de drogues combinées à de l’hypnose ont été utilisées afin de provoquer une transe hypnotique », révèle une note de service de la CIA. « Cet état de transe était maintenu pendant environ une heure quarante, ce qui provoquait par la suite une amnésie totale. »
Jacobsen écrit que le programme a évolué en projet MKUltra, un programme secret qui étudiait les techniques de contrôle spirituel et comportemental et réalisait des expériences sur des sujets humains. MKUltra bénéficait également de l’aide d’anciens scientifiques nazis.
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