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Quand l’extrême droite allemande ose relativiser le nazisme

Le milliardaire américain Elon Musk était présent à un meeting de l'AfD et a abondé dans le sens de la fin du « culte de la culpabilité » défendue par le parti allemand d'extrême-droite

Des personnes réunies pour protester contre le parti d'extrême-droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) et l'extrémisme de droite, à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne, le 20 janvier 2024. (Crédit : Michael Probst/AP)
Des personnes réunies pour protester contre le parti d'extrême-droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) et l'extrémisme de droite, à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne, le 20 janvier 2024. (Crédit : Michael Probst/AP)

Quatre-vingt ans après la libération d’Auschwitz, la remise en cause par l’extrême-droite de la culture de repentance en Allemagne inquiète dans un pays jusqu’ici hanté par la culpabilité des horreurs du IIIe Reich.

Lors d’un meeting samedi de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), créditée par les sondages de la deuxième place aux législatives du 23 février avec 20 % des voix, juste derrière les conservateurs, Elon Musk a estimé qu’on mettait trop l’accent sur les fautes du passé en Allemagne.

« Les enfants ne devraient pas être coupables pour les péchés de leurs… grands-parents », a lancé le milliardaire américain, fervent soutien de l’AfD, parti anti-migrants et nationaliste créé en 2013.

Ces propos, deux jours avant les commémorations des 80 ans de la libération du camp d’Auschwitz, symbole du génocide contre six millions de juifs perpétrés par les nazis, ont révolté le président allemand Frank-Walter Steinmeier.

« Ce qui s’est passé à Auschwitz et dans d’autres camps fait partie de notre Histoire et de notre identité. Celui qui croit que l’on peut tirer un trait sur cette responsabilité, je lui recommande de venir, ici, à Auschwitz », a-t-il dit, en marge de la cérémonie en Pologne.

« Responsabilité »

Les enfants d’aujourd’hui ne sont certes pas coupables de crimes nazis, mais « ils ont la responsabilité de s’opposer à la propagation de la haine des Juifs et de combattre toute forme de racisme », a affirmé de son côté le président de l’organisation Jewish Claims Conference en Europe, Rüdiger Malo.

Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a lui jugé « inquiétants » les propos de Musk. « Je ne pourrais pas être plus d’accord, cher Donald », a rétorqué sur X le chancelier allemand, Olaf Scholz.

Elon Musk faisant un geste polémique pendant qu’il s’exprime lors du défilé inaugural à l’intérieur du Capitol One Arena, à Washington, le 20 janvier 2025. (Crédit : Angela Weiss/AFP)

Les propos d’Elon Musk de samedi font écho à la fréquente banalisation du nazisme ces dernières années opérée par des figures de l’AfD.

Comme leurs voisins européens, mais avec un temps de retard, plusieurs responsables du parti revisitent à intervalle régulier ce passé, à la manière en France en son temps d’un Jean-Marie Le Pen parlant de détail de l’histoire à propos de la Shoah ou de l’extrême droite italienne banalisant le fascisme de Mussolini.

Pilier d’après-guerre

Il y a une semaine, le conseil central des Juifs d’Allemagne, par la voix de son président Josef Schuster, s’était inquiété, à propos de l’AfD, de voir « le bras parlementaire de cette propagande contre ‘le culte de la culpabilité’ siéger dans les parlements régionaux et au Bundestag ».

Avec « des témoins d’époque de moins en moins nombreux […] la culture du souvenir est confrontée à des défis fondamentaux », lui a fait écho la secrétaire d’État allemande à la Culture, Claudia Roth.

Les prises de position de l’extrême-droite allemande détonnent d’autant plus que la culture de la mémoire et de la repentance constituait jusqu’ici l’un des piliers de l’Allemagne d’après-guerre.

À l’Ouest du moins puisque, dans l’ancienne Allemagne de l’Est, les dirigeants s’estimaient avoir aussi été victimes d’Hitler, en raison des poursuites du régime nazi contre les communistes.

Un manifestant regarde une bannière représentant le leader régional de Thuringe du parti d’extrême-droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), Björn Höcke, lors d’une manifestation contre le racisme et la politique d’extrême-droite, le 5 février 2024, à Francfort-sur-le-Main. (Photo de Kirill KUDRYAVTSEV / AFP)

Dès 2018, le dirigeant de l’AfD d’alors, Alexander Gauland, a minoré l’importance du IIIème Reich, jugeant qu’Adolf Hitler et les nazis n’avaient été que du « pipi de chat » (« fiente d’oiseau » littéralement en allemand, NDLR) dans une histoire germanique millénaire.

Des propos jugés « honteux » à l’époque par la chancelière conservatrice allemande Angela Merkel.

Le chef de file actuel de l’aile la plus radicale de l’AfD, Björn Höcke, qui a imposé l’extrême-droite comme première force en Thuringe (est) lors d’un scrutin régional en septembre, a été condamné à deux reprises, en mai et juillet, pour avoir délibérément utilisé, dans des occasions distinctes, un slogan national-socialiste.

Et la candidate à la chancellerie de l’AfD, Alice Weidel, qui est par ailleurs homosexuelle, a récemment revisité l’histoire, en allant jusqu’à estimer « qu’Hitler était communiste ».

« Il se considérait lui-même comme un socialiste », a-t-elle dit lors d’un débat sur X avec Elon Musk, le 10 janvier, s’attirant de nombreuses critiques d’historiens.

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