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Quarante ans après sa mort, Franco, « sauveur des juifs » ?

Le dictateur espagnol "ne voulait pas anéantir toute la race juive mais il était très antisémite", a précisé un historien

Francisco Franco pendant un discours à EIbar en 1949 (Crédit : Indalecio Ojanguren/ CC-BY-SA 3.0)
Francisco Franco pendant un discours à EIbar en 1949 (Crédit : Indalecio Ojanguren/ CC-BY-SA 3.0)

Quarante ans après la mort de Franco, des historiens s’emploient toujours à démolir les mythes que le dictateur espagnol avait lui-même créés en réécrivant constamment son histoire pour s’éterniser au pouvoir (1939-1975).

Francisco « Franco a menti quasiment sur tout », assène l’historien britannique Paul Preston, considéré comme le grand spécialiste de la période franquiste, joint par l’AFP à Londres.

« L’un de ses plus grands mensonges, c’était de prétendre avoir sauvé l’Espagne de la Seconde guerre mondiale, alors qu’il essayait constamment d’y participer » aux côtés des fascistes, ajoute l’auteur de la monumentale biographie « Franco », jamais traduite en français.

Le général avait provoqué puis remporté la guerre civile en Espagne (1936-39) grâce à l’aide décisive d’Hitler et de Mussolini. « L’Espagne était un pays exsangue, abattu, et plus un problème qu’une solution pour Hitler qui s’irrita de ce que lui demandait Franco » pour entrer dans le conflit, explique à l’AFP l’historien espagnol Carlos Gil Andres.

« Et attention, quand 47 000 hommes s’en vont lutter sur le front russe au sein de la Division Azul (aux côtés des Allemands), on ne peut pas dire que l’Espagne n’est pas en guerre », complète son collègue Julian Casanova, coordinateur de l’ouvrage collectif « 40 ans avec Franco ».

Dans ses écrits, Preston décrit Franco en homme « peu cultivé », « médiocre », « égocentrique et d’une cruauté calculatrice », animé par la haine féroce du séparatisme, du communisme et de la franc-maçonnerie dont il voulait nettoyer le pays.

La violence du régime était structurelle, avec « au moins 50 000 personnes exécutées dans la décennie d’après-guerre », et « des centaines de milliers de prisonniers », souligne Casanova.

Mais le militaire manifesta aussi, selon Preston, « une grande astuce » et « intuition » pour s’adapter aux circonstances.

Franco, « envoyé de Dieu » comme « sauveur de la tradition occidentale chrétienne », Franco, « premier stratège du siècle » qui « ne se trompe jamais », Franco, « architecte du miracle économique »… Les légendes prospéraient de son vivant, propagées par l’Eglise catholique ou les informations officielles, diffusées obligatoirement dans les cinéma. Certaines restent répandues, telle celle de Franco « sauveur des juifs ».

« Franco n’était pas comme Hitler, il ne voulait pas anéantir toute la race juive mais il était très antisémite », commente Preston. « Il a commencé à se montrer plus souple envers les juifs quand se profilait la possible défaite de l’Axe ». « Il existe une brochure publiée par le gouvernement espagnol en 1947 qui dit que Franco a offert aux juifs de s’installer en Espagne, un pur mensonge car il leur offrait tout au plus d’y transiter, de façon très limitée ».

millionnaire et corrompu

« Toute ma vie est travail et méditation », avait dit Franco en 1946, alors même qu’il avait commencé à jouer au golf dès 1936 et s’adonna plus tard à la pêche sur son yacht ou à de coûteuses parties de chasse où l’on distribuait les contrats gouvernementaux.

Dans « L’autre visage du caudillo », l’historien espagnol Angel Viñas détruit l’image du dirigeant « austère et spartiate ». « Alors que ses soldats mouraient dans les tranchées, souffraient de la faim et des poux, il devint millionnaire », ayant amassé au 30 août 1940 quelque 34 millions de pesetas (388 millions d’euros de 2010), assure à l’AFP Viñas.

Son livre révèle l' »opération café » : la vente en 1939 de 600 tonnes de café envoyées par le Brésil pour financer des oeuvres sociales mais dont le bénéfice atterrit secrètement sur un compte de Franco.

« Le franquisme a été l’un des régimes les plus corrompus de l’histoire de l’Espagne », conclut Viñas. « Mais je ne dis pas que Franco était un voleur » car, dans sa dictature, « comme Franco était source de droit, ses décisions étaient la loi, rien de ce qu’il faisait ne pouvait être illégal. »

Tel un roi, Franco laissait des milliers d’Espagnols s’agenouiller au passage de sa voiture, constata en 1939 un ambassadeur américain, il exigeait de marcher sous un dais pour les grandes cérémonies religieuses et décernait les titres de noblesse…

Finalement, « son orgueil exigea que seule une personne de sang royal lui succède », écrit Preston, démontant un dernier mythe : « L’idée qu’il avait prévu et approuvé le rôle qu’allait jouer Juan Carlos dans la transition vers la démocratie » alors que c’est son successeur, formé par lui, « qui décida de ne pas remplir les tâches que Franco lui avait assignées ».

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