Quelle politique étrangère pour le prochain gouvernement britannique ?
Keir Starmer a notamment promis de reconnaître un Etat palestinien "quand le bon moment sera venu", dans le cadre d'un processus de paix basé sur une solution à deux Etats
Une fois nommé Premier ministre, Keir Starmer va plonger très vite dans le grand bain de la diplomatie lors de plusieurs rencontres internationales, avec une politique étrangère qui devrait peu différer de celle des conservateurs.
Le nouveau dirigeant travailliste se rendra dès la semaine prochaine à Washington pour le sommet du 75e anniversaire de l’Otan, puis accueillera le 18 juillet au palais de Blenheim, dans le sud de l’Angleterre, une réunion de la Communauté politique européenne.
David Lammy, son probable chef de la diplomatie, a déjà présenté sa doctrine du « réalisme progressiste », dont le changement principal sera un réchauffement des relations avec l’Union européenne.
UE post-Brexit
De toute la campagne, le mot « Brexit » a été peu prononcé par les candidats de tous bords, pour éviter de réveiller les plaies laissées par le divorce.
Les travaillistes veulent cependant resserrer les liens avec l’Union européenne, quittée avec fracas en 2020 après le référendum de 2016.
Keir Starmer, qui était opposé au Brexit, prévoit d’initier ce rapprochement avec l’élaboration d’un nouveau pacte de défense. Il a toutefois exclu la possibilité de réintégrer le marché unique européen et de revenir à l’union douanière ou à la libre-circulation. Et il ne pense pas voir « de son vivant » un retour au sein de l’UE.
Il souhaite également des accords européens et bilatéraux pour limiter l’arrivée des migrants illégaux sur les côtes britanniques, et s’est dit prêt à travailler avec le Rassemblement national (RN) en France si le parti d’extrême-droite devait gouverner.
Tensions avec la Chine
Après de récentes accusations d’espionnage et de cyberattaques chinoises contre Londres, les travaillistes veulent revoir en profondeur la relation entre Londres et Pékin, et lanceront un audit dans les 100 premiers jours pour fixer un nouveau « cap » diplomatique.
Après »l’âge d’or » vanté par David Cameron (2010-2015) puis le refroidissement entre Pékin et le gouvernement conservateur, Keir Starmer devrait chercher un compromis entre la protection des intérêts commerciaux et technologiques du Royaume-Uni, et une coopération renforcée sur des sujets majeurs comme le climat.
Cet équilibre délicat pourrait toutefois aussi être bousculé par le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui avait mené une guerre commerciale agressive contre la Chine.
Guerre à Israël/Hamas
Après l’attaque du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, Keir Starmer a adopté une position de ferme soutien à Israël et s’est montré réticent à appeler à un cessez-le-feu, en rupture avec le positionnement antérieur plus pro-palestinien du Labour.
S’inquiétant du grand nombre de victimes civiles à Gaza et sous la pression de sa base, le parti a finalement appelé en février un « cessez-le-feu humanitaire immédiat ».
Keir Starmer a ensuite promis de reconnaître un Etat palestinien « quand le bon moment sera venu », sans plus de précisions, dans le cadre d’un processus de paix basé sur une solution à deux Etats.
Certains électeurs – musulmans, mais pas seulement – n’ont pas pardonné cette réaction jugée tardive, et le sujet a coûté des voix au Labour lors d’élections locales au printemps.
Soutien à l’Ukraine
Le Royaume-Uni est l’un des plus fervents soutiens de Kiev depuis l’invasion russe de février 2022 et les travaillistes veulent maintenir cette ligne.
Fournissant des armes, des fonds et formant certains soldats, Londres continuera d’apporter un « soutien indéfectible » à l’Ukraine en guerre, a promis Keir Starmer, qui devrait rapidement rencontrer le président Volodymyr Zelensky.
Budget de la défense
Le Labour veut augmenter « dès que possible » les dépenses militaires à 2,5 % du PIB (2,3 % actuellement), au-delà du minimum de 2 % préconisé par l’Otan.
Etats-Unis
L’ombre d’une réélection de l’ancien président américain Donald Trump le 5 novembre plane sur la « relation spéciale » entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis, qui entretiennent des liens diplomatiques, militaires et économiques très étroits.
D’autant que David Lammy avait, en 2018, qualifié Trump de « sociopathe aux sympathies néo-nazies ».
Mais le probable futur chef de la diplomatie, atlantiste convaincu, a affirmé que ses propos avaient été « mal compris » et a promis une approche pragmatique. Selon plusieurs médias britanniques, son équipe est d’ailleurs déjà en contact avec celle du candidat républicain.