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Qu’est-ce que l’association juive HIAS, cible du tueur de Pittsburgh ?

L'association juive d'aide aux migrants est l'une des neuf associations accréditées par le gouvernement américain pour accueillir les réfugiés

Les fidèles de Bnai Jeshurun lors d'un rassemblement pour les réfugiés de l'HIAS au mois de février 2017 (Crédit : Autorisation Bnai Jeshurun)
Les fidèles de Bnai Jeshurun lors d'un rassemblement pour les réfugiés de l'HIAS au mois de février 2017 (Crédit : Autorisation Bnai Jeshurun)

L’association juive d’aide aux migrants HIAS, visée par des messages haineux du tireur de Pittsburgh, est plus déterminée que jamais à favoriser l’accueil des réfugiés, qui ont vu la porte des Etats-Unis se refermer depuis l’élection de Donald Trump.

Robert Bowers, qui a perpétré samedi la pire attaque antisémite de l’histoire des Etats-Unis, s’en prenait régulièrement sur les réseaux sociaux à la Hebrew immigrant aid society (HIAS), une des neuf associations accréditées par le gouvernement pour accueillir les réfugiés.

« HIAS aime amener des envahisseurs pour tuer les nôtres. Je ne peux pas rester assis et voir les miens se faire massacrer, j’y vais », a-t-il écrit avant d’aller abattre onze fidèles dans une synagogue de Pittsburgh, en Pennsylvanie.

« Dévastée », l’association, fondée à New York en 1881 pour aider les Juifs fuyant les pogroms en Russie et en Europe de l’est, a immédiatement dénoncé dans un communiqué une « tragédie horrible ».

Mark Hetfield, président et directeur de l’HIAS, accueille les participants au Jewish Rally for Refugees à Battery Park, New York, le 12 février 2017. (Crédit : HIAS)

Mais « cela ne va pas affecter notre mission d’un iota », s’est empressé d’ajouter son directeur, Mark Hetfield, interrogé par l’agence juive JTA. « Au contraire, cela renforce la nécessité pour la communauté juive de se montrer accueillante ».

L’association, qui fournissait à ses débuts des repas casher ou des emplois aux juifs tout juste débarqués à Ellis Island, a soutenu de nombreuses familles fuyant l’antisémitisme du bloc soviétique, dont celle du co-fondateur de Google Sergey Brin, arrivé à l’âge de six ans aux Etats-Unis.

« Je n’aurais jamais eu les mêmes opportunités en URSS ou même dans la Russie d’aujourd’hui », expliquait-il en 2009 au New York Times après avoir donné un million de dollars à HIAS.

« J’aimerais que tout le monde puisse poursuivre ses rêves et c’est ce que fait cette organisation ».

Sergey Brin (photo credit: CC-BY-Steve Jurvetson, Wikimedia Commons)
Sergey Brin (Crédit : CC-BY-Steve Jurvetson, Wikimedia Commons)

L’association, désormais basée à Silver Spring, près de Washington, avait depuis une douzaine d’années élargi son action pour soutenir les réfugiés de toutes confessions et origines. Dotée d’antennes dans plusieurs pays, elle a dernièrement aidé des Syriens, Afghans ou Somaliens fuyant les conflits.

Assistance juridique, consultations médicales, programmes de réinstallation…, elle assure sur son site internet avoir facilité l’accueil de plus de 4,5 millions de personnes au total.

Son action, reconnue, lui a valu d’être agréée comme l’une des neuf agences habilitées à travailler avec les autorités pour l’accueil des réfugiés. D’autres organisations confessionnelles participent aussi à cet effort.

HIAS était toutefois entrée en conflit avec l’administration de Donald Trump, s’opposant notamment au « travel ban », l’interdiction pour les personnes originaires de certains pays à majorité musulmane d’entrer aux Etats-Unis.

HIAS avait aussi critiqué à plusieurs reprises la baisse du nombre de réfugiés accueillis dans le pays. Sous le président démocrate Barack Obama, les Etats-Unis avaient pour objectif d’accueillir 110 000 réfugiés par an. Le milliardaire républicain a fait tomber la barre à 30 000.

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Vendredi encore, elle appelait l’administration à respecter le droit d’asile et à ne pas refouler les migrants qui se présentent à la frontière mexicaine, comme Donald Trump a menacé de le faire.

Selon CNN, le tueur Robert Bowers avait diffusé sur internet une vidéo montrant apparemment HIAS travailler à cette frontière. Reprenant une thèse courante à l’extrême droite, il qualifiait les réfugiés d' »envahisseurs ».

Après son arrestation samedi, il a expliqué à un agent avoir « voulu tuer des juifs », les accusant de mener « un génocide » contre son peuple, blanc.

« Ce gars est venu avec sa haine des juifs, sa haine des réfugiés et sa haine de HIAS », a commenté Mark Hetfield, cité par le site d’information de la communauté juive américaine, Forward.

« On ne peut pas tolérer ça ».

Arrivée d’immigrants à Ellis Island à bord du Machigonne, à New York, le 21 août 1923. (Crédit : Underwood Archives/Getty Images)

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