Israël en guerre - Jour 497

Rechercher
Analyse

Qu’est-ce qu’Israël attend des pourparlers au Caire ?

L'objectif avoué est le retour du calme et la démilitarisation de Gaza ; mais le chemin pour y arriver est semé d’embûches

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Benjamin Netanyahu (Crédit : Flash 90)
Benjamin Netanyahu (Crédit : Flash 90)

Les délégués israéliens sont arrivés au Caire lundi pour négocier un cessez-le-feu à long terme entre Israël et le Hamas.

Jérusalem a demandé la fin de toutes les hostilités et la démilitarisation de Gaza. Les fonctionnaires ont menacé en affirmant que
« toutes les options sont sur ​​la table » pour atteindre cet objectif, et n’ont absolument pas exclu une nouvelle opération terrestre dans la bande de Gaza.

Pourtant, on ne sait pas comment Israël va s’y prendre pour atteindre ses objectifs. Le Hamas n’a pas accepté les exigences de Jérusalem pendant les trois jours de trêve de la semaine dernière, suggèrant l’idée qu’un mois de guerre n’a pas suffi à l’organisation terroriste qui a assez d’endurance pour continuer à se battre jusqu’à ce que ses revendications soient satisfaites.

Israël le sait. Alors à quoi Benjamin Netanyahu s’attend vraiment dans ces négociations sous médiation égyptienne ? Une démilitarisation complète de la bande de Gaza, qu’il a préconisé à plusieurs reprises, semble une utopie irréaliste, sachant que le Hamas n’acceptera jamais de déposer les armes.

En outre, le mouvement terroriste promet de continuer d’attaquer Israël jusqu’à ce que le blocus de Gaza soit entièrement levé, une stipulation qu’Israël rejette résolument. Au vu de ces faits, certains prédisent que les pourparlers du Caire sont voués à l’échec et qu’Israël se trouvera dans l’impossibilité d’échapper à un retour à la case départ, forcé de mener une guerre déjà en cours contre le Hamas.

En Israël, un optimisme prudent règne.

« Le jury est toujours dehors, et toutes les options restent sur ​​la table », a déclaré lundi au Times of Israel un haut responsable israélien s’exprimant sous couvert d’anonymat. « L’objectif que nous nous sommes fixés au début – une paix durable et la sécurité – sera atteint d’une manière ou d’une autre, par la voie diplomatique ou par l’action militaire, ou par une combinaison des deux ».

Israël est bien conscient que la trêve de 72 heures pourrait ne pas durer… « Il y a neuf cessez-le-feu qu’Israël a acceptés et honorés, et que le Hamas a rejetés et violés. Nous sommes réalistes et nous restons vigilants, avec l’armée qui est prête à agir ».

Tout en insistant sur le fait que le gouvernement devrait réussir à rétablir le calme, le haut fonctionnaire a reconnu qu’Israël pourrait se retrouver peut-être dans un nouveau cycle de violence. Combien de temps cela prendra-t-il pour que le Hamas cède aux exigences d’Israël ? « Tant qu’il le faudra » répond avec assurance le haut responsable israélien…

Au Caire, Jérusalem va essayer de travailler à un accord qui garantira une longue période de calme. Cinq personnes de la délégation d’Israël vont « évidemment » parler de la démilitarisation, a déclaré le fonctionnaire, reconnaissant que Netanyahu n’imagine pas la destruction ou l’enlèvement de toutes les armes illicites qui existent actuellement dans la bande de Gaza, mais vise plutôt à la prévention du réarmement du Hamas et d’autres groupes terroristes.

Yitzhak Molcho (à gauche), chef du Shin Bet, Yoram Cohen (au centre) et Amos Gilad (à droite), trois des envoyés du Premier ministre aux pourparlers de cessez-le-feu au Caire (Crédit : Michal Fattal, Yossi Zamir / Flash90)
Yitzhak Molcho (à gauche), chef du Shin Bet, Yoram Cohen (au centre) et Amos Gilad (à droite), trois des envoyés du Premier ministre aux pourparlers de cessez-le-feu au Caire (Crédit : Michal Fattal, Yossi Zamir / Flash90)

La délégation comprend Amos Gilad, haut responsable du ministère de la Défense, Yoram Cohen, chef du Shin Bet, Yitzhak Molcho, associé de Netanyahu, le général Nimrod Shefer qui est à la tête de la Direction de la planification de l’armée israélienne, et Yoav Mordechai, coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires.

« Nous allons parler à l’Egypte de la possibilité qu’il n’y ait aucun réarmement – c’est la première étape », a déclaré le haut fonctionnaire. A long terme, Israël espère que Gaza sera démilitarisée entièrement, et si possible avec l’aide de la communauté internationale, a-t-il ajouté.

Selon une information non confirmée sur la Deuxième chaîne lundi soir, la délégation israéliennel au Caire réclame essentiellement un retour aux accords qui ont été convenus à la fin de l’opération « Pilier de défense » en novembre 2012.

Ces ententes prévoient de mettre fin à la violence, de faciliter l’accès à Gaza, et seraient sans doute exploités par le Hamas comme des gains spectaculaires, a fait savoir le rapport de la Deuxième chaîne.

En pratique, cependant, Israël supervisera tout l’accès à Gaza de son côté, et l’Egypte l’accès de son côté à elle, tout en demandant à l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas le déploiement de 1 000 soldats à la frontière de Rafah. Et Israël et l’Egypte vont travailler ensemble pour empêcher le Hamas de se réarmer.

Le rapport a également déclaré qu’Israël est prêt à doubler le nombre de camions qui apportent des denrées humanitaires dans la bande de Gaza via le passage de Kerem Shalom – de 250 à 500 par jour.

Israël est également prêt à laisser passer les matériaux de construction dans la bande de Gaza, avec une surveillance accrue, mais pas ceux suceptible d’avoir un « double usage » comme le fer ou divers produits chimiques, qui pourraient être détournés vers l’infrastructure terroriste du Hamas.

Le lundi, le bureau de Lapid a annoncé qu’il allait convoquer une conférence internationale sur la démilitarisation de la bande de Gaza et en rendre le contrôle à l’Autorité palestinienne, avec l’aide de l’Egypte, d’Israël, des Etats-Unis, de l’Autorité palestinienne, de la Jordanie, de l’Arabie saoudite, des États du Golfe et des représentants du Quartet pour la paix au Proche-Orient.

Israël est prêt à donner à l’Autorité palestinienne un rôle de premier plan dans la réhabilitation de l’enclave côtière, a déclaré Netanyahu la semaine dernière. « Il est important que nous ayons ces discussions et cette coopération avec eux dans le cadre de la reconstruction de Gaza, en assurant l’aide humanitaire ainsi que les problèmes de sécurité ».

Mahmoud Abbas à Caracas - 16 mai 2014 (Crédit : Juan Barreto/AFP)
Mahmoud Abbas à Caracas – 16 mai 2014 (Crédit : Juan Barreto/AFP)

Quelques semaines après qu’Israël ait condamné Abbas pour le gouvernement d’union nationale soutenu par le Hamas, Abbas est maintenant apparemment considéré comme un interlocuteur à qui faire confiance pour surveiller le passage de Rafah entre Gaza et l’Egypte.

« Soyons francs : la force de sécurité de l’Autorité palestinienne est préférable au Hamas », a encore déclaré le haut responsable israélien.

Quant à la vision de Netanyahu de la phase finale de l’opération Bordure protectrice – on pourrait la qualifier de brumeuse – elle ne satisfait pas la plupart des membres de son cabinet.

« Il est clair maintenant que les exigences minimales du Hamas sont supérieures au maximum qu’Israël puisse accepter » avait déclaré le ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman dimanche, appelant le gouvernement à « vaincre le Hamas, nettoyer la zone, et en sortir aussi vite que possible ».

Actuellement, cette option semble très peu probable. Lundi, Liberman a insisté pour que la guerre ne se termine pas « avec un Hamas qui la quitte avec le sentiment que le terrorisme paie ». (La semaine dernière, il a même proposé que Jérusalem remette le contrôle de la bande à l’ONU, après que le Hamas ait été défait, une idée qui n’a pas réussi à recueillir un seul appui.)

Lundi également, le ministre de la Sécurité intérieure Yitzhak Aharonovich a déclaré à Ynet qu’il y a « peu de chances de parvenir à un accord ».

La ministre de la Justice Tzipi Livni, d’autre part, a estimé que l’opération en cours donnerait à Israël la possibilité réelle de changer la région pour le mieux. Plus tôt cette semaine, elle a présenté un plan prévoyant le remplacement de la direction du Hamas dans la bande de Gaza avec celle d’Abbas, et des initiatives internationales visant à désarmer les groupes terroristes de Gaza.

Personne au gouvernement ne parle de la possibilité d’une extension, de plus en plus récurrente du cycle de la violence, de la guerre d’usure, dans laquelle le Hamas et Israël se trouvent incapables de parvenir à un cessez-le-feu durable. Mais certains analystes en Israël estiment qu’un tel scénario est inévitable.

« Nous aurons probablement une guerre de ce type tous les deux ans », a déclaré Efraim Inbar, directeur du Centre Begin-Sadate pour les études stratégiques de l’université Bar-Ilan.

« Nous devons tondre la pelouse pour ainsi dire… Puisque nous ne pouvons pas influer sur la motivation du Hamas, qui reste une organisation fanatique, nous pouvons affaiblir ses capacités. C’est ce que nous faisons. Pendant l’opération nous ne l’avons pas assez fait et c’est pourquoi ils continuent de tirer. Nous devons donc tondre l’herbe un peu plus… » a résumé à sa façon Inbar.

Le Hamas continuera la contrebande d’armes, même si l’Egypte et Israël contrôlent tous les passages frontaliers de Gaza, a affirmé Inbar, en ajoutant qu’il est impossible de vaincre le Hamas une fois pour toutes. « Avec les Palestiniens, comme avec le Hamas, que pouvons-nous faire ? Je ne pense pas que nous pouvons arracher une organisation qui a 35 % d’appui dans la population. En tout cas pas à court terme ».

D’autres ne sont pas d’accord, faisant valoir que le calme serait possible que si Israël et les Etats modérés du Moyen-Orient concluaient un accord de paix régional qui isolerait les extrémistes islamistes.

Yehezkel Dror (Capture d'écran)
Yehezkel Dror (Capture d’écran)

Yehezkel Dror, un ancien professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem part du principe que l’idée qu’Israël soit voué à une « guerre sans fin d’usure » n’a aucun fondement empirique. « Je serais d’accord avec cette thèse si Israël avait fait de sérieux efforts pour parvenir à un accord raisonnable de paix régionale. Mais il n’a même pas essayé ».

Les Palestiniens seuls ont peu à offrir à Israël et donc Jérusalem devrait chercher un cadre plus large, sur la base de l’Initiative de paix arabe, estime Dror.

Une telle démarche permettrait d’améliorer la position d’Israël dans la région et dans le monde en général, et exposerait ceux qui refusent de reconnaître l’existence d’Israël – le Hamas et le Hezbollah – comme des ennemis de la paix, a-t-il déclaré.

« Au lieu de cela, Israël répète les mêmes choses tout le temps. Il n’y a rien de nouveau. C’est à Israël de se sortir de ce cercle vicieux ».

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.