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Qui est Mahmoud al-Aloul, présenté comme l’héritier possible d’Abbas ?

Avec des rumeurs tumultueuses sur la santé du dirigeant palestinien, l'attention s'est tournée vers son adjoint et son successeur favori

Khaled Abu Toameh est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

Mahmoud al-Aloul, membre du Comité central du Fatah, en janvier 2010. (Issam Rimawi/Flash90)
Mahmoud al-Aloul, membre du Comité central du Fatah, en janvier 2010. (Issam Rimawi/Flash90)

Si les reportages parus dans divers médias arabes sont véridiques, l’ancien leader du Fatah, Mahmoud al-Aloul, semble, pour l’instant, être le principal candidat à succéder au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Ramallah est en proie à des rumeurs sur l’état de santé d’Abbas, gros fumeur et âgé de 82 ans.

Les rumeurs sont apparues après qu’Abbas a subi ce que certains de ses assistants ont qualifié d’ « examens médicaux de routine » dans un hôpital américain le mois dernier.

Malgré les rumeurs, Abbas continue de respecter son emploi du temps chargé, organisant quotidiennement des réunions avec des Palestiniens et des étrangers.

« Le président ne dort pas assez et c’est pourquoi il semble très fatigué », a déclaré un haut responsable de l’AP, qui a refusé de commenter les ragots sur l’état de santé d’Abbas.

Pendant ce temps, l’attention s’est concentrée davantage sur Aloul, 68 ans, qui a été élu il y a un an à la vice-présidence du parti Fatah d’Abbas, qui dirige l’AP et ses forces de sécurité.

La semaine dernière, Abbas aurait dit aux membres du Conseil révolutionnaire du Fatah qu’Aloul était son candidat favori pour lui succéder à la présidence du Fatah. Le Conseil est le deuxième organe de décision principal après le Comité Central du Fatah.

Si Abbas est frappé d’incapacité, des sources palestiniennes affirment que M. Aloul devrait exercer les fonctions de président par intérim du Fatah jusqu’à ce que ses représentants élisent un nouveau chef.

S’il est élu, Aloul, qui appartient à la vieille garde des dirigeants palestiniens, devrait poursuivre les mêmes orientations politiques que son prédécesseur.

L’une des raisons pour lesquelles Abbas préfère Aloul à d’autres candidats, selon les sources, c’est qu’il partage la stratégie du chef de l’AP selon laquelle les Palestiniens devraient s’en tenir à la « résistance populaire » et non à une « lutte armée » contre Israël.

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le 20 février 2018 (Crédit : AFP Photo/Timothy A. Clary)

Né à Naplouse en 1950, Aloul, mieux connu sous le nom d’Abou Jihad, est titulaire d’une maîtrise en géographie de l’Université arabe de Beyrouth au Liban.

Aloul a été arrêté pour la première fois par l’armée israélienne en 1967 en raison de son appartenance au Fatah et de son implication dans le terrorisme. Après avoir passé trois ans dans les prisons israéliennes, il a été expulsé vers la Jordanie, où il a rejoint les forces du Fatah qui opéraient dans le royaume.

En peu de temps, Aloul a été nommé haut fonctionnaire au sein du Département du secteur occidental d’Amman, une institution de l’OLP qui a supervisé les attaques terroristes contre Israël et fourni des fonds aux individus et institutions palestiniens en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza.

Le Département du Secteur Ouest était alors dirigé par Khalil al Wazir (également connu sous le nom d’Abu Jihad), cofondateur du Fatah, assassiné par Israël à Tunis en 1988. Pendant de nombreuses années, Wazir a été le second commandant de Yasser Arafat et a été personnellement responsable de plusieurs attentats terroristes contre Israël.

Après le déménagement de l’OLP au Liban au début des années 70, Aloul aurait participé à plusieurs combats contre Tsahal, en particulier pendant la guerre du Liban de 1982. Son CV affirme qu’il a joué un rôle dans la capture de huit soldats de l’armée israélienne dans le nord du Liban au début des années 80.

Après que l’OLP a été expulsée du Liban vers la Tunisie, Aloul a continué à travailler en étroite collaboration avec Wazir jusqu’à l’assassinat de ce dernier. Les fonctions d’Aloul comprenaient, entre autres, la mise en place de bases d’entraînement pour les combattants du Fatah dans plusieurs pays arabes.

Après l’élimination de Wazir, Aloul a été nommé chef du Comité des territoires occupés, chargé de fournir une aide financière et militaire aux Palestiniens pendant la Première Intifada, qui a éclaté en 1987.

La Mouqataa, le siège de l’Autorité palestinienne, à Ramallah, en Cisjordanie. (Crédit : PalestinianLiberator/WikiCommons)

Israël s’est d’abord opposé au retour d’Aloul en Cisjordanie avec les dirigeants de l’OLP, après la signature des Accords d’Oslo en 1993, en raison de son rôle dans le terrorisme. Cependant, Israël a changé d’avis par la suite et lui a permis de retrouver ses compagnons de l’OLP en Cisjordanie.

En 1995, Arafat a nommé Aloul gouverneur de Naplouse, la plus grande ville palestinienne de Cisjordanie. En 2009, il a été élu membre du Comité Central du Fatah grâce à ses relations étroites et amicales avec Abbas.

Son fils aîné, Jihad, a été tué dans des affrontements avec Tsahal pendant la Seconde Intifada.

Aloul a souvent exprimé des opinions similaires à celles d’Abbas. Comme Abbas, il a rejeté les tentatives des pays arabes de s’immiscer dans les affaires intérieures des Palestiniens. Dans une interview accordée en 2016 au journal londonien Asharq Al Awsat, Aloul a déclaré qu’il était lui aussi opposé à la destitution de Mohammed Dahlane, homme fort du Fatah, qui vit actuellement en exil aux Emirats arabes unis.

Et comme Abbas, Aloul croit également que les Etats-Unis ne sont plus qualifiés pour agir en tant qu’intermédiaire honnête dans tout processus de paix entre les Palestiniens et Israël. En décembre dernier, Aloul a été cité comme accusant les Etats-Unis d’être le « partenaire d’Israël dans la violation des droits palestiniens et les attaques contre le peuple palestinien ».

Il est connu comme étant un ardent activiste en faveur du boycott des produits israéliens.

A ce stade, il est difficile d’évaluer les chances d’Aloul de gagner le soutien de la majorité des responsables du Fatah en tant que prochain président de l’AP. D’autres hauts responsables du Fatah se considèrent également comme des successeurs légitimes, ce qui peut conduire à une lutte ouverte pour le pouvoir à l’ère post-Abbas.

Quand et s’il succède à Abbas, Aloul garantira la suprématie constante des personnalités de la vieille garde de l’OLP sur le processus décisionnel palestinien et le paysage politique.

Ce qui est pratiquement certain, c’est que le successeur d’Abbas ne sera pas choisi dans le cadre d’élections présidentielles libres et équitables, mais par les responsables du Fatah et de l’OLP à Ramallah : la rivalité persistante entre le Fatah et le Hamas a fait des élections libres en Cisjordanie et dans la bande de Gaza une perspective improbable.

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