Qui sont les donateurs juifs des candidats républicains ?
Un tout d'horizon des soutiens juifs et des positions politiques de cinq candidats républicains - déclarés ou probables - à la présidentielle américaine
WASHINGTON (JTA) – Quelque 19 mois avant la date des élections, la campagne est déjà lancée.
Mis à part la démocrate Hillary Clinton, trois candidats républicains se sont déclarés et plusieurs autres sont sur le point de le faire.
Le Parti républicain proclame avoir réalisé des percées auprès des électeurs juifs, qui, traditionnellement, favorisent largement les démocrates.
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Voici un aperçu des points de vue des trois candidats républicains déclarés – et de deux candidats probables – sur des questions d’intérêt juif, et sur leurs liens avec la communauté juive.
Sénateur Marco Rubio, R-Floride.
Age : 43
Statut : candidat déclaré
Ses financeurs juifs : L’un des principaux est Norman Braman, magnat du concessionnaire automobile qui a déménagé en Floride en 1994 après avoir vendu ses parts dans les Eagles Philadelphia. Ancien président de la Fédération juive du Grand Miami, Braman est proche de Rubio depuis son ascension fulgurante sur les bancs de la législature floridienne. Braman a accompagné Rubio en Israël en 2010, juste après son élection au Sénat américain. Les liens de Rubio envers la communauté juive datent de sa carrière dans la législature de l’État de Floride.
Ses opinions : Rubio a fustigé le président Barack Obama concernant Israël, et affirmé, au lancement de sa campagne, le 13 avril, que l’administration se montrait « hostile » envers Israël.
Lorsque le Premier ministre Benjamin Netanyahu a exigé la reconnaissance d’Israël dans le cadre d’un accord final sur le nucléaire iranien, Rubio n’a pas tardé à le proposer comme amendement à un projet de loi exigeant un examen du Congrès pour tout accord avec l’Iran.
Ce qui a suivi la proposition de Rubio, que l’administration Obama a qualifiée de pilule empoisonnée, illustre sa capacité à passer de positions extrêmes à des positions plus modérées. Il a retiré l’amendement le 14 avril, le jour où le Comité des relations étrangères du Sénat a examiné le projet de loi plus large, finalement adopté à l’unanimité.
Sa capacité à revoir ses positions est également visible concernant l’immigration. Rubio a soutenu la réforme globale de l’immigration via le Sénat en 2013, mais après avoir échoué à la Chambre des représentants, Rubio est revenu sur ses positions plus bellicistes, caractéristiques des républicains, y compris sur une sécurité renforcée aux frontières. Il reconnaît que le projet de réforme était la voie à suivre à l’époque, mais affirment qu’aujourd’hui, les réalités politiques dictent une approche plus douce.
Sénateur Ted Cruz, R-Texas
Age : 44
Statut : candidat déclaré
Ses financeurs juifs : L’année dernière, Cruz a fait appel à Nicolas Muzin, un Juif orthodoxe de Caroline du Sud, comme conseiller. Muzin a aidé à propulser la carrière nationale du sénateur Tim Scott, R-Caroline du Sud, premier sénateur noir élu dans le Sud depuis le 19e siècle. Muzin a présenté Cruz aux financeurs juifs orthodoxes, dont le magnat des télécommunications et de l’énergie Howard Jonas. Il lui a organisé des événements dans des restaurants casher de renom comme Abigael à Broadway.
Ses opinions : Cruz est un soutien pur et dur d’Israël, s’alignant avec certains des critiques les plus sévères de l’administration Obama. Après l’annonce par Rabbi Shmuley Boteach d’une prochaine table ronde sur la politique iranienne d’Obama en mars, suggérant un lien entre la conseillère à la sécurité nationale, Susan Rice et le génocide au Rwanda, l’un des conférenciers invités, Brad Sherman, D-Californie, s’est désisté, affirmant que Boteach avait dépassé les limites. Cruz, lui, est resté.
Cruz aime poser à l’administration des questions difficiles sur Israël. Il a accusé l’administration Obama d’avoir joué à des jeux politiques avec la Federal Aviation Authority pendant la guerre de Gaza de l’été dernier, lorsque la FAA a interrompu ses vols vers Tel-Aviv pour un jour ou deux, car des roquettes étaient tombées près de l’aéroport. Cruz a affirmé que rien de tel n’avait été décidé en Ukraine, même si un missile avait abattu un avion là-bas (en fait, un tel ordre existait bien).
Cruz cherche également à se distancier des faucons néo-conservateurs, faisant valoir que son modèle reste le président Ronald Reagan, qui selon lui accompagnait toute action militaire d’objectifs clairement définis.
Cruz, tout comme Rubio, est fils de Cubains qui ont fui le régime de Castro. Contrairement à Rubio, il maintient une ligne dure sur l’immigration, préconisant de bloquer les projets de loi d’Obama jusqu’à ce que le président retire les décrets autorisant l’accès à la citoyenneté à certains immigrants sans papiers.
Sénateur Rand Paul, R-Kentucky.
Age : 52
Statut : candidat déclaré
Ses financeurs juifs : Paul s’est allié Richard Roberts, Juif orthodoxe et grand philanthrope du New Jersey. En 2013, Roberts a aidé à financer une tournée en Israël pour Paul et les chrétiens évangéliques. L’année dernière, il a entraîné Paul dans une visite à Lakewood, y compris de la tentaculaire yeshiva orthodoxe du New Jersey, Beth Midrach Govoha, qui soutient Roberts. Roberts a suggéré, cependant, qu’il favorise le gouverneur du Wisconsin Scott Walker, qui n’a pas encore déclaré officiellement sa candidature.
Paul partage également avec Netanyahu le consultant numérique, Harris Media à Austin, Texas. Vincent Harris, PDG de l’entreprise, a mené la stratégie numérique pour la campagne de réélection récente de Netanyahou et est aujourd’hui stratège numérique de la campagne de Paul.
Ses opinions : Le père de Paul est Ron Paul, un républicain du Texas qui a couru à plusieurs reprises pour la présidence sur une plateforme libertaire qui comprenait l’interruption de l’aide à Israël. L’aîné de la famille était aussi connu pour ses critiques des milieux pro-israéliens et des newsletters publiées sous son nom furent accusées de tendances antisémites, mais il a nié être l’auteur de leur contenu.
Lorsque Rand Paul s’est porté candidat au Sénat en 2010, il n’a pas répondu aux appels des dirigeants juifs du Kentucky demandant une réunion. Dans un premier temps, Paul semblait refléter les positions de son père, qui déclarait dans une interview à CNN qu’il inclurait Israël dans sa promesse de couper toute aide étrangère.
Depuis lors, Paul est plus ouvert aux intérêts juifs et a visité Israël. Les Juifs républicains aiment dire que ses points de vue sur le pays ont « évolué ». S’il conseille toujours des coupes dans l’aide étrangère, il ajoute que celles-ci devraient d’abord concerner des pays qu’il juge hostiles aux intérêts américains.
Paul considère Israël comme un proche allié des Américains, et le seul point le concernant sur son site de campagne est le projet de loi pour réduire l’aide à l’Autorité palestinienne, en raison précisément de ses relations déplorables avec Israël (L’American Israel Public Affairs Committee, notamment, s’oppose à ce projet de loi).
Les groupes pro-israéliens restent prudents à son sujet, en partie parce qu’il est l’un des deux républicains du Sénat qui ne soutient pas de projets de loi préconisant une plus grande implication du Congrès dans les négociations nucléaires iraniennes – l’autre est le sénateur Jeff Flake d’Arizona.
Paul est relativement modéré sur l’immigration, défendant un statut de citoyenneté temporaire pour les immigrés sans-papiers.
«Les gens qui cherchent le rêve américain ne sont pas de mauvaises personnes », a-t-il déclaré l’année dernière.
Le gouverneur du Wisconsin Scott Walker
Age : 47
Statut : candidat probable
Ses financeurs juifs : Walker ne s’est pas encore déclaré, mais quand (et si) il le fera, Roberts sera probablement dans son camp. Walker a également été soutenu dans sa course au poste de gouverneur par Sheldon Adelson, magnat du casino et faiseur de roi juif républicain. Un vœu de Hanukkah de l’année dernière à un électeur juif a été malencontreusement signé « Molotov » – au lieu de « Mazel tov ».
Ses opinions : Walker veut maintenant redorer ses lettres de créance sur la politique étrangère, mais est accusé d’esquiver ces questions. Il affirme vouloir bientôt se rendre en Israël. Ses critiques de la façon dont Obama a géré la relation avec Israël et les négociations nucléaires iraniennes étaient acerbes dans leur formulation mais plutôt vagues dans leurs détails.
Sur l’immigration, Walker soutient les réformes qui comprennent un accès à la citoyenneté pour les immigrés sans-papiers, mais plus récemment, il a cherché à saper les ordres exécutifs de Barack Obama dans cette optique.
L’ancien gouverneur de Floride Jeb Bush
Age : 62
Statut : candidat probable
Ses financeurs juifs : Bush peut puiser dans un vaste réseau de financeurs restés fidèles aux présidences de son frère George W. et de son père, George H.W. Parmi eux, Mel Sembler, un magnat de complexe commercial de Floride qui a soutenu Bush lors de sa candidature au poste de gouverneur. A New York, le milliardaire Henry Kravis a organisé une soirée lucrative pour Bush en février.
Bush compte aussi des membres juifs du cabinet de George W. Bush dans son équipe de politique étrangère, y compris Michael Chertoff, l’ancien secrétaire de la sécurité intérieure, et Michael Mukasey, l’ex-procureur général qui s’est fait remarquer dans sa carrière post-Bush pour sa critique acerbe de « la propagation de l’islam radical ». Bush prend conseil auprès du secrétaire d’Etat de son père, James Baker, qui a irrité les conservateurs le mois dernier quand il a prononcé un discours critique de Netanyahu à la conférence annuelle de J. Street. Bush s’est distancé du discours, mais pas assez pour plaire à Adelson, qui aurait été « indigné » par les propos de Baker.
La rivalité de Bush avec son protégé d’antan, Rubio, et sa proximité avec Baker l’ont placé dans une position bizarre : il a le soutien enthousiaste de certains financeurs juifs de premier plan, comme Sembler et Kravis, tandis que d’autres comme Adelson et Braman lui font barrage.
Ses opinions : Bush a critiqué la façon dont Obama a géré les négociations nucléaires avec l’Iran, l’accusant de laisser les différends avec Israël sur les pourparlers déborder sur la place publique. Il a visité Israël à cinq reprises.
Sur l’immigration, Bush, qui parle couramment l’espagnol et dont la femme, Columba, est née au Mexique, a été peut-être le plus franc à défendre la réforme sur l’immigration et un accès à la citoyenneté aux immigrants sans-papiers.
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