Le rabbin Yeshaya Dalsace : « Je revendique le droit au blasphème »
Pour le rabbin massorati, la liberté d’expression est un droit « non négociable »

Dans un entretien paru dans les colonnes du quotidien alsacien Les Dernières nouvelles d’Alsace, Yeshaya Dalsace, rabbin, journaliste, comédien et également metteur en scène revient sur les événements tragiques qu’a connus la France la semaine dernière.
En prise directe avec la population juive par ses fonctions religieuses, il explique que la panique et l’inquiétude sont fortes dans la communauté.
« Un enfant juif sait aujourd’hui qu’il est identifié comme une cible, quelqu’un que l’on peut abattre. Aucun autre enfant en France n’est la cible potentielle d’un attentat. »
A l’image de la rédaction de Charlie Hebdo qui sort aujourd’hui un numéro historique, le rabbin n’a pas souhaité céder au terrorisme : « J’ai pris l’option très ferme dans ma communauté de ne pas fermer ma synagogue vendredi. »
Malgré cette volonté de poursuivre le quotidien – « si la situation des Juifs est réellement fragilisée, elle n’est pas catastrophique » – Yeshaya Dalsace est conscient des craintes des membres de sa communauté. « Aujourd’hui, je connais très peu de juifs qui ne se posent pas la question du départ. Ça ne veut pas dire qu’ils partiront mais ils se sentent déstabilisés. »
Pour le rabbin, au delà d’un renforcement des mesures sécuritaires, des solutions existent, que ce soit dans l’éducation ou par le dialogue.
« Il faut réinvestir [les écoles], faire des cours d’instruction civique et rappeler ce qu’est être républicain. Il faut se battre sur des valeurs claires. Et puis, il faut pousser le dialogue inter-religieux entre les juifs et les musulmans. »
Dans cette logique de lutte contre les extrêmes par l’unité des communauté, contre l’obscurantisme par la connaissance, Yeshaya conclut en évoquant l’imminence de la publication d’une charte à destination des responsables religieux. Ce texte comporterait un droit au blasphème.
« Moi, je revendique le droit au blasphème, à l’athéisme, à la moquerie. Ceux qui ne sont pas contents peuvent riposter, verbalement, par l’écrit mais pas par la violence. »