Railleries et critiques pour Macron après son altercation verbale à Jérusalem
Grotesque, pathétique: l'altercation verbale entre Macron et des policiers israéliens, 24 ans après une tirade chiraquienne similaire, suscite ironie et critiques dans l'opposition
« Grotesque », « pathétique » : l’altercation verbale entre Emmanuel Macron et des policiers israéliens à Jérusalem, 24 ans après une scène similaire impliquant Jacques Chirac, suscite ironie et critiques dans les rangs de l’opposition.
« Je n’aime pas ce que vous avez fait devant moi », a crié M. Macron mercredi à un homme semblant être un responsable du service de sécurité israélien alors que le président français s’apprêtait à rentrer dans la basilique Sainte-Anne, territoire français à Jérusalem.
Le secrétaire d’État à l’Intérieur Laurent Nuñez a assuré jeudi que « ce n’était absolument pas surjoué ».
« Le président de la République assistait à une altercation entre les services de sécurité français et israéliens, il a rappelé les règles, (…) il a rappelé aux services de sécurité israéliens qu’il y avait aussi des services de sécurité français, qu’il faut travailler en bonne entente », a-t-il développé sur BMFTV et RMC.
Mais pour Jordan Bardella, le vice-président du Rassemblement national, la séquence est « grotesque » et « ça sent la mise en scène » : Emmanuel Macron « s’agite pour se faire remarquer à l’heure où il est attendu en France sur les terrains économiques et sociaux, et migratoire », a-t-il accusé sur Sud Radio.
Il a aussi raillé l' »accent anglais très francisé » du chef de l’Etat « alors qu’on sait qu’il est parfaitement bilingue et qu’il ne manque pas une occasion de (le) rappeler ».
La députée LR Valérie Boyer a également accusé M. Macron de « tenter d’imiter Chirac », en lui conseillant de se préoccuper plutôt du dossier brûlant des retraites et de « méditer le sondage Elabe qui dit que 61% des Français estiment – malgré 45 jours de grève ! – que sa soi-disant réforme des retraites devrait être retirée ».
« Pathétique imitation » de M. Chirac, a abondé, à gauche, la députée LFI Danielle Obono, en fustigeant dans un tweet un Emmanuel Macron « responsable de violences policières contre son peuple et dont la majorité a voté l’infâme résolution Maillard qui stigmatise la critique des politiques d’Israël ».
Sans en être une thuriféraire, #Chirac à #Jerusalem c'était quelque chose. Macron, responsable de #ViolencePolicieres contre son peuple & dont la majorité a voté l’infâme résolution Maillard qui stigmatise la critique des politiques d’Israël en est juste une pathétique imitation.
— Députée Obono (@Deputee_Obono) January 22, 2020
Pour le patron du PS Olivier Faure, sur Cnews, la sortie du président est simplement « le énième coup de comm’ du président de la République ». « Singer Chirac pour faire oublier qu’il mène la politique de Sarkozy… », a réagi pour sa part Ian Brossat, porte-parole du PCF, sur Twitter.
A l’inverse, Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, a jugé sur France 2 qu’Emmanuel Macron avait « eu raison » de « rappeler l’évidence », se refusant à « critiquer une parole qu(‘il) aura(it) pu prononcer ou qui est digne ».
En 1996, dans les mêmes lieux, Jacques Chirac s’était emporté contre des soldats israéliens qui l’encadraient de trop près, en lançant son désormais célèbre « Do you want me to go back to my plane? » (« Voulez-vous que je remonte à bord de mon avion? »), avant d’exiger que les militaires sortent du domaine de Sainte-Anne.