Rapport sur les Frères musulmans : Retailleau à l’offensive sur l’islamisme
"Les Frères musulmans sont passés maîtres dans cet art du retournement des valeurs, de la dissimulation des vrais objectifs", affirme l'ancien sénateur de 64 ans

Nouveau patron des Républicains (LR), le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau durcit le ton sur l’islamisme en s’inquiétant d’un « entrisme » des Frères musulmans, au cœur d’un rapport attendu mercredi en Conseil de défense.
Ce rapport « indique qu’il y a une menace très claire vis-à-vis de la République, une menace sur la cohésion nationale » voire « de submersion », a affirmé mardi le ministre à des journalistes qui l’attendaient devant le siège de LR après sa large victoire dimanche à la tête du parti de droite.
S’inquiétant d’ « un islamisme à bas bruit qui se répand en tentant d’infiltrer les associations sportives, culturelles, sociales ou autres », Bruno Retailleau a estimé que « l’objectif ultime est de faire basculer toute la société française dans la charia ».
Un but « inacceptable » puisque « parfaitement incompatible avec les principes de la République et les objectifs de la cohésion nationale », a-t-il martelé.
Quel constat trouve-t-on exactement dans ce rapport sur « l’islamisme politique et la mouvance des Frères musulmans », demandé en mai 2024 à deux hauts fonctionnaires ?
Une version doit être publiée à l’issue du conseil de Défense mercredi, selon le ministère de l’Intérieur, mais Le Figaro en a dévoilé dès mardi certains extraits.
Le texte estime ainsi que la mouvance touche « 7 % des 2 800 lieux de cultes musulmans répertoriés » en France avec « 91 000 fidèles le vendredi » en moyenne.
Soulignant une percée de l’islam radical dans « une vingtaine de départements », il décrit le secteur éducatif comme une « priorité de la branche française des Frères musulmans » et s’inquiète, selon le quotidien, d’une « rigorisation de la pratique religieuse ».
Le mouvement des Frères musulmans, né en 1928 en Egypte, porte le projet d’un islam politique conservateur. Il a été interdit dans plusieurs pays, comme l’Arabie saoudite, l’Égypte et très récemment la Jordanie.
« Retournement des valeurs »
« Ce rapport vient corroborer des faits réels et va nous permettre d’agir », a assuré sur Europe 1 et CNews la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.
Sur cette base, une interdiction des Frères musulmans est-elle envisageable ?
« Non », avait estimé début mai Bruno Retailleau, affirmant que leur « discours très très lisse » ne permettait pas de « constituer des preuves pour une dissolution ». Il avait en revanche évoqué les clubs de sports, les écoles… affirmant que c’est « là où on peut taper et c’est ce que l’on fait ».
Depuis son arrivée à Beauvau en septembre, Retailleau a adopté un ton très ferme sur l’islam politique, d’autant que la compétition pour la présidence de LR l’a confronté depuis le début de l’année au très droitier Laurent Wauquiez. Ce dernier avait notamment demandé le classement comme terroriste des Frères musulmans.
Le 6 janvier, Retailleau assurait que la « lutte contre l’islamisme des Frères musulmans » serait l’une des grandes priorités de ces prochains mois.
Deux jours plus tard, il qualifiait d’ « étendard pour l’islamisme » le port du voile et proposait de l’interdire aux étudiantes et accompagnatrices scolaires – une proposition non reprise par le gouvernement. « Vive le sport, et donc à bas le voile », a-t-il déclaré fin mars lors d’un rassemblement intitulé
« Pour la République, la France contre l’islamisme ».
Quant au lycée musulman lillois Averroès, il s’agit d’ « un bastion de l’entrisme islamiste », a affirmé le ministre après le rétablissement, en avril, du contrat d’association avec l’Etat résilié en décembre 2023.
Désormais à la tête de LR qu’il souhaite doter d’un projet « de rupture », un œil sur la présidentielle de 2027 et la concurrence pour le leadership à droite, Bruno Retailleau creuse ce sillon de la lutte contre l’islamisme : mardi est parue une étude intitulée « Combattre l’islamisme sur le terrain », publiée par le think tank libéral Fondapol, et préfacée par le ministre de l’Intérieur.
« Les Frères musulmans sont passés maîtres dans cet art du retournement des valeurs, de la dissimulation des vrais objectifs », y affirme l’ancien sénateur de 64 ans en appelant à « un combat républicain, lucide et déterminé ».