Recours d’une ONG pour empêcher la visite d’Ilhan Omar en Israël
Shurat HaDin demande au tribunal d'exiger du ministre de l'Intérieur Aryeh Deri qu'il bloque l'arrivée de l'élue américaine en raison de son soutien au BDS

Une ONG israélienne a annoncé mardi avoir déposé un recours afin d’interdire l’entrée de l’élue américaine, Ilhan Omar, dans le pays, en raison de son soutien au mouvement BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions) alors qu’elle doit prochainement se rendre en Israël.
Shurat HaDin a déclaré au Times of Israël qu’elle avait demandé au tribunal de Jérusalem d’exiger du ministre de l’Intérieur, Aryeh Deri, qu’il utilise son pouvoir pour empêcher Omar d’entrer dans le pays.
Plus tôt ce mois, Omar a présenté un projet de loi défendant le droit des citoyens américains à boycotter des pays étrangers.
Selon une loi israélienne, adoptée en 2017, l’Etat peut interdire à tout étranger d’entrer dans le pays s’il « appelle sciemment à boycotter Israël ». Mais il peut aussi faire des exceptions pour des politiciens en visite ou des officiels pour des raisons diplomatiques.
La semaine dernière, l’ambassadeur israélien aux Etats-Unis Ron Dermer a déclaré au Times of Israël que les autorités n’empêcheront pas Omar, l’élue du Minnesota, et l’élue américano-palestinienne Rashida Tlaib, une Démocrate du Michigan, d’entrer dans le pays.
Les deux élues, dont la visite est prévue ce mois-ci, ont exprimé à plusieurs reprises leur soutien en faveur du mouvement BDS.

Israël les autorisera à entrer « par respect pour le Congrès américain et pour la grande alliance entre Israël et les Etats-Unis », a déclaré Dermer.
Shuran HaDin a déclaré que le recours incluait des preuves du soutien d’Omar au BDS, y compris son soutien pour un projet visant à autoriser le boycott d’Israël plus tôt ce mois.
L’ONG a aussi cité un tweet du président américain Donald Trump appelant Omar et Tlaib à s’excuser auprès d’Israël, la Maison Blanche et le peuple américain à cause de leurs « commentaires horribles ».
Des Juifs libéraux américains ont déclaré que le président essayait « d’instrumentaliser » Israël pour défendre ses tweets jugés racistes.

Nitsana Darshan-Leitner, une avocate qui a fondé Shuran HaDin, a critiqué le gouvernement israélien pour avoir demandé à des étudiants aux Etats-Unis et dans d’autres pays de s’opposer aux activités du BDS sur les campus, en se mettant souvent eux-mêmes en danger, sans servir de « modèle » et sans combattre le mouvement avec tous les outils mis à sa disposition.
« Israël ne devrait pas laisser d’autres personnes, y compris de jeunes étudiants, mener ce combat à sa place, en baissant les bras devant ce phénomène, ici en Israël, à cause du prestige et du statut de certains activistes importants du BDS », a-t-elle ajouté dans un communiqué.
La semaine dernière, la Chambre des Représentants américaine a passé, à une large majorité, une résolution rejetant le BDS, malgré des craintes de la part de certains démocrates, dont Omar et Tlaib, que la mesure puisse entraîner une lutte interne au sein du parti dans la course à l’élection présidentielle de 2020.
L’hiver dernier, Omar a été fortement critiquée pour avoir déclaré que le lobby pro-Israël de l’AIPAC payait des politiciens américains pour plébisciter des positions pro-Israel, – déclaration que certains ont alors associée à des clichés antisémites. Omar s’est depuis excusée, mais elle a aussi récemment déclaré à CBS News qu’elle ne regrettait pas ces propos.