Réflexions du rabbin survivant de la fusillade à la synagogue de Pittsburgh
Pour le rabbin Jeffrey Myers, chef spirituel de la congrégation Tree of Life/Or L'Simcha, le massacre de 1 400 personnes est un "nouveau traumatisme" pour lui et sa communauté
JTA — À Pittsburgh, « 10/27 » est le symbole du massacre, le 27 octobre 2018, de 11 Juifs réunis pour prier dans la synagogue Tree of Life, dans le quartier de Squirrel Hill. L’organisation à but non lucratif chargée de la commémoration du cinquième anniversaire de la fusillade est connue sous le nom de « 10.27 Healing Partnership ».
Mais cet anniversaire tombe au moment où le monde juif chancelle sous le poids d’une nouvelle date – le 7 octobre 2023 –, celle de l’attaque menée par le Hamas qui a tué 1 400 Israéliens et autres nationalités en un seul jour, fait 230 otages emmenés à Gaza et entraîné Israël dans une guerre pour éradiquer l’organisation terroriste.
Pour le rabbin Jeffrey Myers, rabbin de la congrégation Tree of Life/Or L’Simcha et survivant de l’attaque, les deux événements ne sont pas comparables. Et pourtant, dit-il dans une interview accordée la semaine passée, la catastrophe survenue en Israël aggrave le traumatisme de la communauté de Pittsburgh, qui espérait que cet anniversaire – qui faisait suite au verdict de culpabilité et à la condamnation à mort du tireur lors d’un procès achevé en août – permettrait aux survivants, aux familles en deuil et à la communauté dans son ensemble de tourner la page.
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Myers, dont Tree of Life est la toute première chaire en tant que rabbin après avoir été chantre pendant des années, est arrivé à Pittsburgh un an avant la fusillade pour diriger une synagogue conservatrice, dans un espace partagé avec deux autres congrégations, New Light et Dor Hadash.
Il commençait tout juste l’office de Shabbat, en ce samedi de 2018, lorsqu’il a entendu une forte détonation. Lorsqu’il s’est rendu compte qu’il s’agissait d’un coup de feu, il a poussé trois fidèles dans un placard à provisions et a dit aux autres de se jeter à terre. Il a réussi à appeler le 911 du haut de la tribune et, voyant qu’il n’y avait rien d’autre à faire, il s’est barricadé dans les toilettes.
Lorsque la police a maîtrisé le tireur, il avait tué 11 fidèles : Joyce Fienberg, Richard Gottfried, Rose Mallinger, Jerry Rabinowitz, Cecil Rosenthal, David Rosenthal, Bernice Simon, Sylvan Simon, Dan Stein, Irving Younger et Melvin Wax.
Myers est devenu le visage de la pire attaque antisémite de toute l’histoire des États-Unis, et un porte-parole des commémorations qui se sont succédées. Les offices ont désormais lieu ailleurs mais l’architecte Daniel Libeskind a été chargé de la rénovation du complexe qui abritera à terme un sanctuaire, un musée, un mémorial aux victimes et un centre de lutte contre l’antisémitisme. (Dor Hadash et New Light ont l’intention de rester dans les lieux.)
Myers s’est entretenu avec l’agence JTA alors que les Israéliens organisaient funérailles et shivas pour leurs morts et réclament la libération des quelque 230 otages aux mains du Hamas. Nous avons parlé de l’envie de vengeance, de sa vision de la lutte contre l’antisémitisme et de la manière de promouvoir une vision positive du judaïsme dans un climat de peur.
« Malgré toute la laideur de ce qui s’est produit, j’ai encore de l’espoir », dit-il. « Je suis une personne pleine d’espoir, malgré tout ce que j’ai vécu. Je suis convaincu qu’il y a davantage de bonnes personnes que de mauvaises dans le monde. Nous avons juste besoin de cette majorité silencieuse pour devenir une majorité bruyante. Mais j’ai l’espoir que nous pourrons faire mieux. »
Notre conversation a été éditée pour des raisons de longueur et de clarté.
JTA : Le cinquième anniversaire de la fusillade coïncide avec ces terribles événements en Israël. Il me semble que, dans une interview, vous avez utilisé le terme « retraumatiser » pour décrire les effets sur vous et votre communauté.
Rabbin Jeffrey Myers : Je ne pense pas que le mot existe dans la langue anglaise, mais c’est celui qui décrit le mieux le fait d’avoir déjà un traumatisme et qu’un autre vienne s’y ajouter. Ce sont les mêmes sensations physiques et émotionnelles. Mais cette fois-ci, avec l’expérience, vous avez les outils nécessaires pour mieux le gérer. Quels sont ces outils ? Je sais qu’en ce moment, les gens se débattent dans les difficultés, qu’ils aient perdu des membres de leur famille, ou des amis d’amis, ou qu’il leur faille simplement accepté la perte de tous ces Juifs en une seule journée.
Je ne suis pas un professionnel de la santé mentale. J’invite toujours les gens à s’adresser aux professionnels les plus indiqués. Ce que je recommande, c’est tout d’abord d’accepter et d’admettre le retour de ces symptômes, d’être conscient de son corps. Qu’est-ce que votre corps vous dit ? Il est extrêmement important de trouver du temps pour prendre soin de soi. Trouver un moyen de se reposer suffisamment. Ce n’est pas toujours facile parce que le cerveau ne se débranche jamais. Il faut penser à manger, bien s’hydrater, prendre le temps, chaque jour, de faire une pause et faire quelque chose qui vous fait plaisir. Par exemple, en cette période de l’année dans le Nord-Est du pays, on peut admirer les couleurs des forêts. Il suffit de prévoir une heure, prendre sa voiture et aller faire un tour en forêt. Apporter une chaise et profiter de la beauté des couleurs. Ou pendant sa pause déjeuner, vraiment faire une pause pour profiter de son déjeuner.
Avez-vous suivi vos propres conseils ? Qu’avez-vous trouvé particulièrement utile ces cinq dernières années ?
Un peu tout. Vous savez, posez votre laisse électronique [NDLT : allusion au téléphone portable] et ne l’utilisez pas. Faites une pause. C’est à cela que sert la messagerie vocale. Et il suffit de s’éloigner de toutes ces exigences et relâcher un peu l’accélérateur. J’ai pris du temps pour moi. Parce que je ne suis pas bon pour ma congrégation si je ne suis pas au mieux de ma forme.
Vous avez décrit les années d’attente, avant le procès, comme une période « au point mort ». Vous avez écrit : « C’était difficile de continuer à vivre au quotidien avec l’imminence de ce procès. » Maintenant que nous avons un verdict et une sentence, cela vous est plus facile d’aller de l’avant ?
Rien ne le dit mieux que le mythe grec de Sisyphe, condamné à faire rouler un rocher en haut d’une colline sans jamais atteindre le sommet. Le plus important, c’est de s’écarter du chemin. Lorsque le rocher redescend la colline, assurez-vous qu’il ne vous écrase pas. Les rappels sont constants : on parle de Tree of Life tous les jours, quelque part dans la presse, tous les jours.
Parce que nous symbolisons les effets de l’antisémitisme aux États-Unis.
Quand Tree of Life rouvrira, ce sera plus qu’une synagogue, ce sera un symbole. Comment diriger une communauté dans ces circonstances ?
Le simple fait que la synagogue rouvre ses portes sera un moment important pour l’ensemble de la communauté juive, les États-Unis et au-delà, la preuve que nous n’avons pas laissé le mal gagner. Cela aura pris beaucoup plus de temps que nous ne le voulions pour reconstruire. Nous voudrions être dans nos locaux. Mais ce sera un symbole puissant. Certes, il y a la beauté du design de Daniel Libeskind, mais pour moi, le plus important, c’est ce qui émane du bâtiment, qui dit qui nous sommes. Ce que nous faisons. Ce qui est important pour nous.
Votre communauté a créé une organisation à but non lucratif, au niveau national, dédiée à l’éradication de l’antisémitisme. Qu’est-ce qui la différencie, dans son approche, des autres organisations qui œuvrent déjà dans ce domaine ?
Attardons-nous un instant sur son créneau. Il existe deux gigantesques institutions déjà anciennes, l’Anti-Defamation League et l’American Jewish Committee, et toutes ces organisations plus ou moins éphémères qui font également un travail merveilleux. Mais franchement, ces organisations empiètent un peu les unes sur les autres. Que pouvons-nous ajouter sur la question ? Nous avons le lieu. Nous avons l’histoire. Nous avons les témoignages des survivants. C’est extrêmement puissant. C’est quelque chose que nous pouvons utiliser, avec toute la délicatesse requise, avec les jeunes, pour leur parler de l’antisémitisme et de toutes les formes de racisme. L’idée est que les jeunes viennent nous voir pour vivre une expérience enrichissante, pas pour repartir déprimés. Ils doivent pouvoir repartir en disant : « Que peut-on faire au niveau de notre communauté pour faire progresser les objectifs de Tree of Life, pour éliminer l’antisémitisme et assurer l’égal respect pour toute l’humanité ? » Avec tout le respect que je dois à toutes ces autres organisations merveilleuses, elles ne peuvent pas le faire comme nous.
Je pense que certaines personnes pourraient regarder Tree of Life et arriver à une autre conclusion : que les Juifs ne sont pas en sécurité et que tout l’argent dépensé par les synagogues pour leur sécurité, ces dernières années, contredit le message que le judaïsme affirme la vie. Cela vous inquiète-t-il ?
Très bonne question. J’y pense quand je me rends dans d’autres lieux de culte, et que je vois tant de personnes évoluer sans l’ombre de mesures de sécurité. Je vois bien qu’elles sont à l’abri de mauvaises personnes capables de faire des choses terribles pour les pires raisons qui soient. Mais quelles qu’en soient les raisons, le sanctuaire qui existait dans les lieux de culte américains n’existe plus. C’est une fiction. Notre responsabilité est d’assurer cet équilibre entre l’ouverture, l’accueil et la sécurité. C’est un équilibre très difficile.
Voilà la raison pour laquelle nous travaillons avec des professionnels pour trouver cet équilibre, afin que je n’aie pas l’impression de passer par la TSA [La Transportation Security Administration, agence nationale américaine de sécurité dans les transports, créée après les événements du 11 septembre 2001] pour entrer dans la synagogue Tree of Life, mais que les gens sachent bien que nous sommes conscients des réalités. À cause de ce tireur, c’est l’environnement de l’ensemble des synagogues américaines qui a été bouleversé : c’est la triste réalité. Nous devons donc être exemplaires pour faire les choses intelligemment et non d’une manière qui puisse être perçue comme menaçante.
Y a-t-il des gens qui viennent vous voir et vous disent : « Rabbin, j’essaie d’avoir une expérience juive positive, mais je vois ce qui s’est passé ici. Je vois ce qui se passe en Israël, et je n’arrive pas à dépasser ma peur et aller vers une forme » (encore une fois, j’utiliserai ce terme) « d’affirmation de la vie » ? qu’en pensez-vous ?
Cela n’a rien de fictif. Des personnes ont peur à la simple idée de venir ici. Cela plaide en faveur de la diffusion des offices en direct. C’est une manière de leur dire : « Nous prenons soin de vous. Nous allons faire de notre mieux et utiliser la technologie pour vous vous permettre de rester connecté tout en vous sentant parfaitement en sécurité. Et nous espérons qu’avec le temps, vous trouverez le moyen de surmonter vos peurs. C’est ça, être une victime du terrorisme domestique. Et dans cette mesure, je dirais que l’ensemble de la communauté juive aux États-Unis est victime du terrorisme intérieur, continuellement.
Plus il y a d’antisémitisme, plus nous devons montrer que nous sommes Juifs. Il y a une vraie dynamique au sein de la communauté. Quel que soit le contexte, qu’il s’agisse d’une occasion joyeuse ou triste, il y a une énergie particulière dans la communauté. Nous en avons pris conscience quand nous sommes sortis du COVID.
Qu’ont fait les gens en tout premier ? Cela leur manquait de prendre les autres dans leurs bras, connexion interpersonnelle que les écrans ne permettent pas. Il existe des moyens pour garantir des rassemblements en toute sécurité, nous assure d’être simplement en communauté les uns avec les autres : c’est important. C’est ce que nous continuons à faire, qu’il s’agisse de services religieux – la fonction première d’une synagogue – ou de rassemblements sociaux, culturels, éducatifs. Il faut absolument continuer à le faire et même encore plus, parce que si nous ne le faisons pas, cela veut dire que nous cédons face au terrorisme, et que ce sont eux qui gagnent. Ce n’est certainement pas ce que je vais faire.
J’aimerais revenir au procès. Une grande partie des reportages disaient que le verdict de culpabilité et la peine de mort permettraient de « tourner la page ». Est-ce ainsi que vous l’avez vécu ?
Franchement, il n’y a pas de réponse univoque. Un verdict ne va pas ramener vos proches. Je ne sais donc pas si l’expression « tourner la page » est la bonne. Peut-être que la meilleure façon d’en parler est de dire que c’est la fin d’un chapitre. Nous avons tourné la page de ce livre que nous sommes en train d’écrire. Et, comme cela a toujours été le cas, la page suivante est totalement vierge. Nous sommes en train d’écrire le prochain chapitre. Nous pouvons aller de l’avant, vers la guérison. Je ne sais pas si nous pouvons totalement « tourner la page », peut-être pas de la manière dont les gens le voudraient.
Evidemment, on ne peut certainement pas ramener des êtres chers ou effacer ce que l’on a vécu ce jour-là.
Tout nous le rappelle, constamment. Le cerveau rejoue en boucle les événements qui sont gravés dans votre tête. Ce n’est pas seulement, disons, le 27 octobre à 9h54 précises, que les événements se rejouent dans ma tête chaque année. Cela peut être à n’importe quel moment. Parfois, cela commence et il n’y a rien à faire pour les arrêter. C’est exactement ça, être un survivant. Il faut apprendre à vivre avec ces choses-là. Il faut continuer, laisser ces événements se rejouer, sans se laisser engluer.
Je connais beaucoup de personnes qui, en ce moment, pensent à la vengeance parce que 1 400 Israéliens sont morts, suite à des actes d’une brutalité incroyable. Je crois que c’est humain de penser à se venger. Les cinq dernières années vous ont-elles fait réfléchir à la vengeance, à ses usages, ses abus ?
Lorsque nous essayons de nous venger, nous nous abaissons au même niveau que l’agresseur. Nous ne valons pas mieux que lui. Non pas que l’idée soit d’être plus saint que l’autre, c’est plutôt que cela fait de moi à nouveau une victime parce que cela change ma biochimie, qui je suis. Et je le refuse. Je ne vais pas laisser l’agresseur faire de moi un autre. C’est quelque part ma mission, je crois. Et c’est à ça que je me consacre. La vengeance n’y a jamais eu sa place. Je peux comprendre que des gens soient tentés. Je comprends tout à fait. C’est une réaction naturelle face à l’horreur, à la colère et à toutes les émotions qui en découlent. Elle nous précipite vers ce type de jugement, avec tous les regrets qui viennent ensuite.
Je suis triste de voir des gens qui réagissent d’une manière aussi dangereuse et violente, parce que cela ne résout rien. De même qu’une mitsva en provoque une autre, un péché en cause un autre. On peut ressentir de la joie au début, mais au bout d’un moment, il y a plus de regrets que de plaisir. J’ai fait ce choix il y a longtemps. Je refuse de porter cette colère avec moi, parce qu’elle nous submerge et qu’elle peut nous détruire : cela ne m’arrivera pas.
J’ai lu un tweet – c’est très difficile de comparer les deux évidemment – de quelqu’un disant que ce qui s’est passé en Israël, le 7 octobre, c’était un peu comme l’arbre de vie fois 100. Avez-vous parlé à des gens en Israël ou des gens de votre congrégation de la façon de traiter ce qui vient de se passer. Vous inquiétez-vous des mauvais messages qui pourraient sortir d’un événement traumatisant comme ces attaques du Hamas, peut-être dans le sens d’appels à la vengeance ?
Lorsque nous essayons de nommer quelque chose qui est innommable et inexplicable, nous essayons souvent de trouver la bonne comparaison. C’est pourquoi vous avez entendu des termes tels que les attaques du Hamas comme sont la plus grande perte de vies juives depuis la Shoah, pour essayer de le dire en un terme que les gens peuvent comprendre. C’est très facile pour nous de développer cela et de haïr tous les musulmans et tous les Arabes. J’ai prié Dieu : « S’il te plaît, ne me laisse pas suivre ce chemin. »
Je ne pense pas que ce qui s’est passé en Israël puisse être comparé à Tree of Life. Oui, ils parlent tous les deux de la menace de l’antisémitisme. Mais ce qui s’est passé en Israël est bien plus que cela. On parle là d’une menace existentielle contre un pays tout entier.
En tant que rabbin, en tant que Juif, je prie pour que Dieu inspire et transmette la sagesse divine à tous ceux qui sont en capacité de diriger Israël, afin qu’ils fassent les bons choix, les plus intelligents. Savoir quels sont ces choix va bien au-delà de mes modestes compétences.
Les anniversaires ont du sens, mais ils ont aussi quelque chose d’un peu arbitraire. Craignez-vous que les leçons ou souvenirs de ce qui s’est passé le 27 octobre s’estompent avec le temps ou, comme nous l’avons vu ces dernières semaines, qu’ils soient éclipsés ou subsumés par des tragédies plus terribles encore ou plus récentes ?
Ces deux dernières années, j’ai eu le privilège de participer au service commémoratif du vol 93, le 11 septembre, parce que le mémorial du vol 93 se trouve à Shanksville, qui se trouve à une heure à l’est de Pittsburgh. Au fil du temps, il y a de moins en moins de monde. C’est humain. C’est comme ça qu’on fait face à un traumatisme comme celui-là. Je pense qu’il se passera exactement la même chose en ce qui concerne la commémoration du 27/10. Ceux à qui cela tient particulièrement à cœur continueront de marquer ce moment, quoi qu’il arrive, mais ils sont chaque année moins nombreux. Cela m’attriste, mais c’est la logique des choses, que l’on voit en tant d’autres circonstances.
Vous avez vécu quelque chose d’unique pour un rabbin de notre temps. Qu’est-ce que les gens de l’extérieur ne comprennent pas à propos de la fusillade ou de son impact sur vous, en tant qu’homme, ou en tant que communauté ? Que voudriez-vous que chaque rabbin ou président de synagogue retienne de votre expérience ?
Il faut se préparer à tout. Prendre les formations au sérieux. Parce que l’on peut un jour avoir à sauver une vie. Parler clairement avec les fidèles sur la façon de réagir en pareille circonstance. Avec l’aide de Dieu, vous n’aurez jamais besoin d’utiliser la RCR, mais il est bon de se former parce qu’un jour, peut-être, cela sera utile.
Comme me l’a dit le rabbin Marvin Hier, du Centre Simon Wiesenthal, si le chasseur de nazis Simon Wiesenthal était vivant aujourd’hui, sa réaction à la fusillade de Tree of Life aurait été : « Pourquoi a-t-il fallu si longtemps aux secours d’intervenir ? » Parce que c’est l’Amérique. Il y a une douzaine de fusillades de masse par semaine aux États-Unis.
Selon vous, quelle est la façon la plus appropriée de faire une pause et commémorer un événement comme le 27/10 ?
C’est complexe, d’une manière différente. Pour la communauté juive de Pittsburgh, c’est le seul événement marqué deux fois : une date solaire sur le calendrier standard et une date lunaire sur le calendrier juif. C’est un peu lourd parce que nous passons par la commémoration publique, puis il y a le yahrzeit [22 Heshvan, qui est tombé cette année le 22 octobre]. La commémoration publique est très importante parce qu’il ne s’agit pas seulement d’une attaque contre trois congrégations dans un même bâtiment. Pour nombre d’habitants de Pittsburgh, il s’agit d’une attaque contre Pittsburgh. Ils sont nombreux à l’avoir pris personnellement. Il s’agit de tout Pittsburgh et de la façon dont nous nous rassemblons.
Mais en fin de compte, la tradition juive est incroyablement belle et puissante : nous nous réunissons, nous prions ensemble, nous disons le Kaddish ensemble. Mais quand toute la communauté dit le Kaddish, et que l’on en arrive au passage où l’assemblée dit habituellement « Amen », il n’y a personne pour le dire parce que tout le monde est en deuil. Pour moi, c’est incroyable.
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