Refonte judiciaire: le gouvernement doit écouter les avertissements, dit Karnit Flug
Son intervention au micro de la radio militaire a suivi d'autres mises en garde qui ont été lancées par un autre ex-dirigeant de la Banque d'Israël sur la Douzième chaîne, samedi

L’ancienne gouverneure de la Banque d’Israël, Karnit Flug – elle a occupé ce poste de 2013 à 2018 – a déclaré dimanche qu’elle espérait que le gouvernement de Benjamin Netanyahu écoutera les mises en garde émises par JP Morgan et d’autres firmes financières de premier plan, qui ont fait savoir que le plan de refonte radical du système judiciaire pourrait avoir un impact négatif sur la notation du pays.
S’exprimant au micro de la radio militaire, Flug a indiqué qu’elle espérait qu’il y aurait « des changements, acceptés avec un large consensus. »
Elle a aussi évoqué une information transmise par une chaîne de télévision qui a laissé entendre que Netanyahu avait chargé son confident de longue date, Ron Dermer, qui est actuellement ministre des Affaires stratégiques, d’entrer en contact avec les banques et avec les agences de notation au sujet de la refonte judiciaire. Flug a prédit que ces discussions seront finalement menées par des responsables des finances du gouvernement et non par un représentant politique, comme c’est toujours le cas.
C’est la chaîne Kan qui, vendredi, avait rapporté que Netanyahu a personnellement appelé des agences de notation internationales pour tenter d’apaiser les inquiétudes croissantes sur l’impact économique de la refonte judiciaire actuellement prévue par son gouvernement.
Flug s’était déjà prononcée contre la réforme du système judiciaire, notamment dans un éditorial publié le mois dernier aux côtés d’un autre ancien gouverneur de la Banque d’Israël, Jacob Frenkel. Les deux anciens hauts-responsables faisaient savoir dans cette lettre ouverte que « cette réforme abaissera la notation du pays » et « portera un coup sévère à l’économie et à ses citoyens ».
L’intervention de l’ancienne gouverneure au micro de la radio militaire a d’ailleurs suivi d’autres avertissements qui avaient été lancés par Frankel devant les caméras de la Douzième chaîne, la veille.

Cet ancien président de JP Morgan Chase International avait mis en garde samedi contre l’impact négatif des plans de grande envergure de la coalition pour la refonte du système judiciaire, et il avait fustigé le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour avoir ignoré les préoccupations des institutions économiques internationales concernant ces projets.
« Je suis très surpris par ce que fait Netanyahu », avait-il déclaré à la Douzième chaîne.
« Lorsque JPMorgan fait une recommandation, c’est à prendre très au sérieux », avait déclaré Frenkel, faisant référence à un mémo interne de la société publié vendredi, qui mettait en garde contre le risque croissant d’investir en Israël.
JPMorgan gère plus de 3 000 milliards de dollars dans le monde.
Beaucoup ont jusqu’à présent comparé la situation d’Israël à celle de la Pologne, y-compris le mémo de JP Morgan. Sur la chaîne de télévision, Frenkel avait estimé que cette comparaison soulignait la probabilité que « la situation puisse se détériorer ».
« Dans le cas de la Pologne, sa cote de crédit a chuté ; les citoyens ont été lésés ; les prix ont augmenté ; sa capacité à emprunter de l’argent sur les marchés internationaux a été réduite », avait-il fait remarquer. « Les citoyens ont souffert dans les pays qui ont affaibli leur contrôle judiciaire. »
« Le Premier ministre avec lequel j’ai travaillé était prudent, circonspect, ne prenait pas de risques… Il est très dangereux de dire ‘j’ignore les rapports professionnels des organes compétents parce que je pense différemment’ », avait poursuivi Frenkel, qui a présidé la Banque d’Israël de 1991 à 2000.
« Je veux éviter l’incendie… Nous lançons des avertissements… Ce Premier ministre a conduit Israël à des réalisations stupéfiantes. Il y a donc beaucoup à perdre », avait-il dit.
Les propositions présentées par Levin en décembre restreindraient fortement la capacité de la Haute-cour à invalider des lois et des décisions gouvernementales avec l’adoption d’une clause dite « dérogatoire » qui permettrait au Parlement de surseoir aux décisions de la Cour suprême avec un vote à la majorité simple de 61 députés. Ces propositions prévoient aussi de donner au gouvernement le contrôle total de la sélection des juges ; de faire disparaître la notion juridique du « caractère raisonnable » du code pénal israélien, une notion sur laquelle s’appuient les magistrats pour juger une législation ou une décision prise par la coalition et elles prévoient également que les ministres seront autorisés à nommer leurs propres conseillers juridiques au lieu de devoir faire appel à ceux qui opèrent sous les auspices du ministère de la Justice.