Regev cède à Goldknopf : les travaux sur les trains durant Shabbat seront réduits
Les travaux seront répartis sur la semaine, mais les tâches essentielles de sécurité seront poursuivies comme prévu
La ministre des Transports Miri Regev a annoncé mercredi que les travaux d’entretien effectués sur le réseau ferroviaire interurbain public pendant le Shabbat seront réduits, suite aux demandes des partis haredi de la coalition.
Selon un plan présenté par le ministère et les responsables des chemins de fer israéliens lors d’une réunion mercredi, une partie des travaux d’entretien prévus le samedi sera répartie sur les nuits en semaine afin que seuls les travaux cruciaux nécessaires à la sécurité des passagers soient effectués le Shabbat, a indiqué le bureau de Regev dans un communiqué.
« Le ministre a ordonné que les services au public ne soient en aucun cas affectés par le plan présenté lors de la réunion », peut-on lire dans le communiqué.
Le chef de Yahadout HaTorah, Yitzhak Goldknopf, avait exigé samedi la fin des travaux, déclarant que dans l’accord de coalition de son parti avec le Likud, « il a été convenu que ces travaux prendraient fin », conformément au « statu quo » religieux.
L’adhésion stricte du parti à la loi juive a le potentiel de déclencher une crise de coalition en testant les limites de la religion et de l’État, dans une coalition où le Likud est plus laïc et libéral que chacun de ses alliés politiques d’extrême droite et religieux.
Yahadout HaTorah s’oppose depuis longtemps aux projets de travaux publics le jour du Shabbat et a déjà fait de l’entretien des trains une priorité. Le parti avait tenté d’exiger que les centrales électriques cessent de produire de l’énergie le Shabbat en décembre, mais le Likud a supprimé la clause de son accord de coalition.
Le ministère de l’Économie avait déclaré dimanche que le programme d’entretien « est et a toujours été réalisé dans le cadre de l’autorisation annuelle [religieuse] dont dispose Israël Railways pour effectuer des travaux d’entretien et de sécurité ». « Nous n’avons aucune intention d’annuler » les travaux, avait alors précisé le ministère.
Un responsable de Rakevet Israël, la société de chemins de fer israéliens, a déclaré à la chaîne publique Kan que la décision de Regev est problématique et « entraînera d’énormes retards dans de nombreux projets. C’est un pas en arrière ».
La compagnie de chemins de fer israélienne n’offre pas de service aux passagers du vendredi fin d’après-midi jusqu’au samedi, au coucher du soleil.
La chef du parti travailliste, Merav Michaeli, qui a été ministre des Transports dans le gouvernement précédent, a qualifié les changements annoncés de « pirouette embarrassante ».
« Il n’y a aucun moyen de décaler les travaux ferroviaires du Shabbat au milieu de la semaine sans nuire au service, tout simplement parce que toutes les heures de la nuit sont déjà utilisées pour les travaux », a-t-elle tweeté.
« Lorsque j’étais ministre, nous avons accéléré les travaux le Shabbat pour rétablir le service plus rapidement. Miri et Bibi ont capitulé devant le chantage des haredim et nuisent aux chemins de fer et à ses services », a-t-elle dit en utilisant le surnom du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le président d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a dénoncé cette « décision honteuse » et s’est fait l’écho de l’accusation de Michaeli selon laquelle Regev et Netanyahu ont cédé au chantage.
« Bibi a promis qu’il ne porterait pas atteinte au statu quo, mais comme toujours, il a menti cette fois aussi », a tweeté Liberman. « Nous allons exiger un débat spécial à la Knesset et utiliser tous les moyens à notre disposition afin d’annuler cette décision. »
L’accord de coalition entre Yahadout HaTorah et le Likud, comme tous les accords du Likud avec ses partenaires religieux, comprend une vague promesse de préserver le statu quo entre la religion et l’État.
« Le statu quo sera préservé dans les questions de religion et d’État selon ce qui a été accepté depuis des décennies en Israël. Le gouvernement honorera le Shabbat », indique l’accord de coalition.
Regev, qui a occupé le poste avant Michaeli, a déclaré qu’elle réexaminerait plusieurs initiatives de son prédécesseur immédiat, notamment les transports publics et les voies de covoiturage sur les autoroutes interurbaines, une taxe d’encombrement et des plans pour le métro de Tel Aviv.
Michaeli, qui est laïque, avait déjà fait pression pour que le tramway de Tel Aviv fonctionne durant Shabbat, ce qui avait provoqué un tollé au sein de la communauté ultra-orthodoxe.