La ministre des Transports enjoint les Israéliens bloqués à l’étranger de « profiter »
Regev affirme que le rapatriement d'environ 100 000 Israéliens prendra du temps afin de réduire le risque d'attaques contre les avions ; les Israéliens souhaitant quitter le pays n'y sont pas autorisés
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

La ministre des Transports, Miri Regev, a fait savoir lundi qu’Israël œuvrait à rapatrier en toute sécurité plus de 100 000 Israéliens qui sont actuellement bloqués à l’étranger. Elle a ajouté qu’une telle initiative prendra du temps.
La bonne nouvelle d’un plan d’aide aux personnes bloquées à l’étranger a toutefois été ternie pour certains, après que Regev a suggéré que, plutôt que de s’inquiéter de la manière de rentrer chez eux, les gens devraient simplement se détendre et profiter de leurs vacances prolongées.
L’espace aérien israélien est fermé depuis le début du conflit avec l’Iran vendredi matin, et la compagnie aérienne nationale El Al a annulé tous ses vols jusqu’au 17 juin, ainsi que des dizaines d’autres jusqu’au 23 juin, afin de pouvoir dérouter ses avions pour rapatrier les Israéliens bloqués à l’étranger.
« Nous sommes en train d’affréter des vols de secours pour permettre aux Israéliens de rentrer chez eux », a-t-elle expliqué. « Nous allons procéder de manière très organisée et en coordination avec le ministère de la Défense ».
Lors de la conférence de presse, Regev a déclaré comprendre la « détresse » dans laquelle se trouvent les personnes qui tentent de rentrer chez elles, mais a souligné qu’Israël était « au quatrième jour d’une guerre difficile et que le front intérieur en payait le prix fort ».
« Je suis consciente de la détresse qu’il peut y avoir mais nous ne prendrons pas le risque d’envoyer un avion et, Dieu nous en préserve, nous ne prendrons pas le risque qu’un incident au sol fasse plus de 300 morts », a noté Regev.

Regev a dit craindre que les avions transportant des Israéliens vers leur pays ne soient pris pour cible par l’Iran alors qu’ils se trouvent encore sur le tarmac.
Les Israéliens qui tentent de revenir au sein de l’État juif devront se rendre dans des villes encore non-identifiées d’où ils pourront prendre des vols pour rentrer chez eux.
« Dès que les compagnies aériennes israéliennes auront obtenu des créneaux horaires de la part des autorités, elles informeront leurs clients du lieu et de l’heure de départ des vols », a-t-elle précisé.
Elle a ajouté que des discussions sont actuellement en cours avec la compagnie Mano Maritime, spécialisée dans les croisières, afin d’organiser le départ de navires de Chypre, des bateaux qui pourront rapatrier les Israéliens.
Dans le même temps, les ressortissants étrangers « qui n’ont pas besoin d’être ici » seront renvoyés à l’étranger dans le but de pouvoir rentrer chez eux, a-t-elle poursuivi.
La ministre a demandé aux Israéliens bloqués hors des frontières du pays de ne pas « paniquer et de profiter autant que possible de leur séjour à l’international ».
« Je sais que ce n’est pas facile », a-t-elle ajouté. « Je demande aux gens d’être patients. »
« Qu’ils mangent de la brioche ! »
Sa suggestion selon laquelle les gens devraient « profiter » d’être bloqués à l’étranger a suscité l’indignation du public et des députés de l’opposition.
Le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a critiqué les propos tenus par Regev.
« Madame la ministre Regev, une femme âgée qui attend une opération chirurgicale, une jeune femme dont l’époux est mort à la guerre et qui est partie quelques jours en voyage en laissant son enfant de 4 ans en Israël, ce ne sont là que deux cas parmi des milliers d’histoires de personnes qui ont besoin de rentrer chez elles », a écrit Gantz sur le réseau social X.
« Votre travail et celui du gouvernement n’est pas de leur dire quoi faire, mais de les ramener chez elles en toute sécurité. »
La députée Naama Lazimi, du parti Les Démocrates, a également réprimandé Regev, et a été jusqu’à comparer avec ses propos avec la célèbre phrase attribuée à Marie-Antoinette : « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ».
Alors que les compagnies aériennes se préparent à la tâche qui les attend, Mme Regev a déclaré que des discussions étaient en cours avec la compagnie de croisière Mano Maritime afin d’organiser des navires au départ de Chypre qui pourraient également ramener des Israéliens.
« Nous n’approuverons pas les départs d’Israéliens à l’étranger à ce stade », a précisé la ministre. Les personnes qui partent actuellement à l’étranger sont celles qui sont venues visiter le pays, à savoir des diplomates, des touristes et autres. »
Plusieurs pays ont déclaré qu’ils aideraient à l’évacuation de leurs ressortissants d’Israël, même si l’aéroport Ben Gurion n’a pas encore rouvert.