Rejoignant Ilhan Omar, d’autres Démocrates boycotteront le discours d’Isaac Herzog
Jamaal Bowman, Cori Bush et Alexandria Ocasio-Cortez n'assisteront pas au discours prononcé par le président israélien au Congrès, le 19 juillet
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Trois députés américains ont fait savoir qu’ils boycotteraient le discours que prononcera le président israélien Issac Herzog devant le Congrès, la semaine prochaine, rejoignant Ilhan Omar, une autre démocrate du mouvement progressiste, qui avait indiqué qu’il était « hors de question » qu’elle soit présente lors de cette allocution.
Les bureaux des représentants Alexandria Ocasio-Cortez, Jamaal Bowman et Cori Bush ont tous confirmé qu’ils ne seraient pas présents lors du discours prévu le 19 juillet, apportant leur soutien à Omar qui avait fait part de sa décision mercredi dernier.
Les quatre députés font partie de la « Squad », un groupe de démocrates progressistes de huit personnes qui devraient leur emboîter le pas.
Peu de membres du Congrès devraient toutefois bouder Herzog, une personnalité moins clivante que de nombreux autres leaders israéliens comme le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Le président a un rôle cérémonial – et il entretient des liens chaleureux avec le camp de la paix.
Bowman a été le seul député à commenter sa décision prise à part Omar, la semaine dernière. Il a confié au journal de droite Epoch Times que « je ne pense pas qu’Israël soit allé suffisamment loin dans la protection et dans le respect des droits et des vies des Palestiniens ».
Il a émis, jusqu’à présent, des critiques de plus en plus fortes d’Israël depuis qu’il est entré au Congrès, en 2021, après avoir battu le député sortant Elliot Engel, qui bénéficiait du soutien appuyé des groupes pro-israéliens mainstream.
Bowman avait voté en faveur des financements supplémentaires octroyés au système israélien de défense antimissile du Dôme de fer, au mois de septembre 2021. Il s’était également rendu en Israël et en Cisjordanie au mois de décembre 2021 dans le cadre d’un voyage organisé par J-Street.
Depuis, il n’a pas voulu soutenir un projet de loi qui prévoyait d’élargir les Accords d’Abraham, disant à ses électeurs que ces derniers ne faisaient qu’isoler les Palestiniens et qu’ils ne prônaient pas une résolution juste du conflit.
Ocasio-Cortez, de son côté, a été de plus en plus critique d’Israël depuis qu’elle est entrée au Congrès, en 2019. Elle s’est abstenue lors du vote sur le financement du Dôme de fer et comme Bowman, elle a coparrainé une législation qui avait été présentée, l’année dernière, par la représentante américano-palestinienne Rashida Tlaib qui aurait vu les États-Unis reconnaître la « Nakba »- la « catastrophe » – palestinienne qui avait coïncidé avec l’établissement d’Israël.
En 2021, Ocasio-Cortez avait soumis une proposition – ultérieurement rejetée – qui visait à bloquer une vente de missiles à Israël à hauteur de 735 millions de dollars. Après les réactions des activistes pro-palestiniens, elle avait annulé sa prise de parole, prévue en septembre 2020, lors d’un événement qui avait été organisé en hommage à feu le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et qui avait été organisé par le groupe de gauche Americans for Peace Now.
Bush a pris des positionnements plus durs encore contre Israël et elle a fait part de son soutien au mouvement BDS (Boycott, Divestment and Sanctions), votant contre le financement du Dôme de fer aux côtés de huit autres législateurs.
Tlaib et presque une dizaine d’autres représentants susceptibles de boycotter l’allocution de Herzog n’avaient pas encore fait part de leur intention de ne pas assister au discours du président israélien dans l’après-midi de vendredi.
Pour sa part, le leader du parti démocrate à la Chambre, Hakeem Jeffries, a tenté de transmettre un message différent.
Il a indiqué lors d’une conférence de presse, vendredi, que « Herzog est une force du bien dans la société israélienne ».
« Parce qu’Israël est assurément une partie importante du Moyen-Orient, parce que nous entretenons une relation d’une telle particularité avec Israël et parce qu’Israël occupe une place importante dans la communauté mondiale… Je suis impatient de l’accueillir à bras ouvert lorsqu’il viendra parler devant le Congrès mercredi prochain », a-t-il dit.
Herzog prononcera un discours marquant le 75e anniversaire d’Israël. Il avait été invité, l’année dernière, par la présidente de la Chambre de l’époque, Nancy Pelosi, une invitation que le président actuel, Kevin McCarthy, a repris à son compte au début de l’année.
Dans un post écrit mercredi, Omar avait noté qu’il était « hors de question que j’y sois présente ».
« Nous ne devrions pas inviter le président d’Israël à faire une allocution au Congrès – Israël dont le gouvernement, placé sous l’autorité de son Premier ministre actuel, a interdit aux deux premières musulmanes à avoir été élues au Congrès de visiter le pays », avait écrit Omar sur Twitter en majuscules, notant que cette interdiction avait empêché Rashida Tlaib, membre du Congrès, de rendre visite à sa grand-mère qui vit en Cisjordanie.
Omar et Tlaib avaient été interdites d’entrée sur le sol israélien en 2019 en raison de leur soutien, dans le passé, au mouvement anti-israélien BDS (Boycott Divestment and Sanction) et parce qu’Israël avait estimé qu’elles risquaient d’utiliser leur visite pour promouvoir le boycott. La décision prise par Netanyahu, à ce moment-là, avait été encouragée par le président américain Donald Trump.
Tandis que Herzog est considéré comme une personnalité acceptable pour de nombreux Démocrates qui se sont par ailleurs détournés depuis longtemps du Premier ministre Benjamin Netanyahu, l’annonce faite par Omar avait démontré que l’animosité à l’égard d’Israël trouve des racines plus profondes que ce que peuvent être ses gouvernements particuliers.
Si Omar avait reconnu que Herzog était chef de l’État et qu’il n’était pas en charge des politiques, elle avait estimé sur son fil Twitter qu’il était « l’ambassadeur fidèle » du « gouvernement le plus à droite de toute l’Histoire d’Israël, à une période où le gouvernement promet ouvertement ‘d’écraser’ les espoirs palestiniens qui rêvent d’avoir leur État – ce qui consiste principalement à enfoncer le clou dans le cercueil de la paix et de la solution à deux États ».
La membre Démocrate du Congrès avait ainsi cité des paroles de Netanyahu qui aurait dit aux députés de son parti du Likud, le mois dernier, que l’État juif « doit écraser l’ambition palestinienne » à avoir un État indépendant.