Israël en guerre - Jour 423

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Reportage sur du racisme anti-éthiopien : des policiers sanctionnés

Des agents du commissariat de Kiryat Malahi ont ri des blessures d'un jeune détenu ; Gilad Erdan appelle à des mesures disciplinaires, et une députée, à des poursuites judiciaires

Images de l'arrestation d'un homme d'origine éthiopienne qui a ensuite été raillé et dénigré dans un groupe de police WhatsApp, diffusées le 24 février 2020 (Capture d'écran/Kan)
Images de l'arrestation d'un homme d'origine éthiopienne qui a ensuite été raillé et dénigré dans un groupe de police WhatsApp, diffusées le 24 février 2020 (Capture d'écran/Kan)

La police a lancé une enquête et démis plusieurs officiers de leur poste à Kiryat Malachi lundi, au lendemain d’un reportage de la chaîne publique Kan qui révélait que des agents du commissariat de la ville s’étaient moqué et avaient dénigré des personnes d’origine éthiopienne dans un groupe WhatsApp.

« Suite à l’enquête de la chaîne publique Kan sur le racisme envers la communauté éthiopienne au poste de police de Kiryat Malachi, une équipe spéciale mise en place pour traiter l’affaire a décidé de transférer immédiatement quatre officiers de police ayant participé à l’incident », a indiqué un porte-parole de la police.

« Certains de ces officiers seront également transférés de leur domaine d’activité au sein de la police. Dans le même temps, le commandant du district sud, Yoram Sofer, a décidé de nommer un officier pour enquêter sur l’affaire », indique le communiqué.

Dans un de ces cas, un jeune homme d’origine éthiopienne a été amené au poste de police, ensanglanté et menotté. L’enquêteur a ordonné à l’un des officiers de faire appel aux services médicaux pour un policier qui était également blessé, mais a demandé pour l’homme arrêté : « un avocat de la défense pour le fils de pute ».

Après que des photos du détenu blessé, arrêté lors d’une bagarre avec la police, ont été envoyées dans le groupe de discussion Whatsapp réunissant les policiers, les moqueries ont continué.

« C’est incroyable », a écrit un enquêteur, avec trois émoticônes avec les yeux en forme de cœur.

« Oui, très coloré », a ajouté un autre, avec une émoticône de visage amusé.

« Oh, une cicatrice à vie de la police », a écrit un officier en réponse à une photo d’une blessure sur le corps de l’homme arrêté, concluant son message par un émoticône souriant.

Plus tard, l’officier chargé de l’enquête a demandé une autre photo du détenu, ce à quoi l’enquêteur a répondu : « Voulez-vous l’accrocher dans le bureau au cas où il vous manquerait ? ».

L’enquêteur a écrit que « [le détenu] ne veut pas être photographié, un mec timide. »

Un autre a répondu : « Humble ».

Selon le reportage, le groupe WhatsApp au sein duquel la conversation a eu lieu compte environ 30 personnes de différents grades et postes, et ce style de langage sur les personnes d’origine éthiopienne ne sort pas de l’ordinaire.

Worka et Wbjig Tekah tiennent une photo de leur fils Solomon Tekah, 19 ans, qui a été tué par un policier hors-service le 1er juillet 2019 à leur domicile de la ville israélienne de Haïfa, le 3 juillet 2019. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

Lors des manifestations de juillet 2019 pour protester contre la mort de Solomon Tekah par un officier en congé, des messages similaires ont été envoyés dans le groupe. Un enquêteur a rapporté que des gens jetaient des pierres sur le poste de police et qu’ils étaient « comme des terroristes ». L’enquêteur a répondu : « Pas comme – des terroristes. »

Parmi les nombreux manifestants figurait Alef (identifié uniquement par la première lettre hébraïque de son nom), un homme de 19 ans d’origine éthiopienne qui a été arrêté et libéré le lendemain par un juge. L’enquêteur a annoncé dans le groupe qu’Alef avait été libéré, ce à quoi l’enquêteur a répondu : « Pas mal, il sera à nouveau arrêté aujourd’hui », avant de mettre à prix la tête de l’adolescent : « C’est une ordure, mec. Celui qui le fera arrêter pour quelque chose de grave recevra une récompense de ma part ».

Tekah a été tué par un officier de police dans le quartier de Kyriat Haim à Haïfa le 30 juin. Selon l’enquête, l’officier, qui n’était pas en service et qui était avec ses enfants, est intervenu après que sa femme a remarqué que des adolescents avaient pris de l’argent à un autre garçon. Il a ensuite alerté les forces de l’ordre, mais la voiture de police envoyée a été retardée.

Dans l’intervalle, selon l’enquête, le policier et les membres de sa famille ont été visés par des pierres, notamment de la part de Tekah, ce qui l’a incité à sortir son arme et à tirer en direction du sol. La balle a ricoché et tué l’adolescent de 19 ans.

Les procureurs ont déclaré que l’officier a fait preuve de négligence en tirant au sol plutôt qu’en l’air.

Le meurtre de Tekah avait déclenché un mouvement de protestations dans tout le pays, dont certaines ont pris des tournures violentes. Il a immédiatement suscité de nouvelles accusations de brutalité policière et de racisme envers les Israéliens d’origine éthiopienne. Quelques jours après la fusillade, des manifestants de tout Israël ont bloqué les routes, brûlé des pneus et dénoncé ce qu’ils considéraient comme une discrimination systémique à l’encontre de la communauté.

La police arrête des manifestants alors que les Éthiopiens et leurs partisans manifestent contre la violence et la discrimination policières après la mort de l’Éthiopien Solomon Tekah, 19 ans, abattu il y a quelques jours à Kiryat Haim par un policier non en service, le 15 juillet 2019, à Jérusalem. (Yonatan Sindel/Flash90)

Lorsqu’un membre de la communauté a été porté disparu et que le groupe en a discuté, un enquêteur a écrit : « ‘Disparu' » – pas si mal de disparaître un peu ».

Lorsque l’un des officiers du groupe WhatsApp a tenté de mettre fin au langage offensant et au ton méprisant à l’égard des personnes d’origine éthiopienne, on lui a rapidement dit de ne pas intervenir : « On vous a souvent dit que ce n’était pas le lieu pour prêcher la moralité et critiquer tout le monde ici. »

Dans une première réaction au reportage , la police israélienne a déclaré « Nous considérons que toutes les déclarations de ce type ne sont pas représentatives des valeurs et du travail dévoué de la police pour l’ensemble de la population de la région. »

Le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan (Crédit : Flash90)

Le ministre de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, responsable des forces de l’ordre, a publié une déclaration condamnant les actions des policiers et demandant des mesures disciplinaires.

« J’ai parlé au chef de la police des révélations de racisme envers les personnes d’origine éthiopienne exposées au poste de police de Kiryat Malachi et j’ai clairement indiqué que j’exige des mesures disciplinaires sérieuses et immédiates contre toute personne ayant fait preuve d’un comportement raciste et humiliant. Il n’y a pas de place pour un tel discours de la part des agents de la police israélienne », a déclaré Erdan.

Une députée d’origine éthiopienne du parti Kakhol lavan, a également réagi au reportage.

« Le gouvernement israélien ne peut pas dire qu’il n’a pas vu et entendu le crime commis contre la jeunesse éthiopienne, qui est une tache et un nuage sombre planant au-dessus de l’ensemble de la société israélienne », a écrit Pnina Tamano-Shata.

La députée du parti Kakhol lavan, Pnina Tamano-Shata, prend la parole lors d’un débat en commission de la Knesset sur un projet de loi visant à supprimer la limitation du nombre des ministres qui peuvent être nommés par un gouvernement, 21 mai 2019. (Yonatan Sindel/Flash90)

« Le groupe de policiers racistes de Kiryat Malachi qui ont été exposés devraient être renvoyés de la police immédiatement et être jugés », a-t-elle dénoncé.

Le ministre des Transports, Bezalel Smotrich, a également formulé des critiques.

« Cette culture criminelle et dégoûtante est totalement inacceptable », a écrit Smotrich sur Twitter.

« Le mépris, l’humiliation, l’abus de pouvoir et la volonté de mettre une personne en garde à vue simplement parce qu’elle est ‘agaçante’ – et cela de la part de personnes qui détiennent tant de pouvoir et d’autorité sur chacun d’entre nous – sont tout simplement effrayants », a-t-il ajouté. « J’aimerais que nous puissions croire qu’il s’agit d’un cas isolé et non représentatif ».

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