Israël en guerre - Jour 561

Rechercher

Résidents d’implantation : Colère après la diffusion d’un enregistrement d’un officier du Shin Bet

Le bureau du Premier ministre promet une enquête approfondie après que le chef de la division juive de l'agence de sécurité a été entendu disant au commandant de police régional comment la détention administrative est appliquée

Des Palestiniens réagissant à l'irruption de résidents d'implantations israéliens dans le village de Douma, en Cisjordanie, venus incendier plusieurs maisons, le 1ᵉʳ avril 2025. (Crédit : Capture d'écran/X ; utilisée conformément à l'article 27a de la loi sur les droits d'auteur)
Des Palestiniens réagissant à l'irruption de résidents d'implantations israéliens dans le village de Douma, en Cisjordanie, venus incendier plusieurs maisons, le 1ᵉʳ avril 2025. (Crédit : Capture d'écran/X ; utilisée conformément à l'article 27a de la loi sur les droits d'auteur)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres membres d’extrême droite de sa coalition ont fustigé le Shin Bet après la diffusion par la chaîne publique Kann d’un enregistrement du chef de la division juive de l’agence de sécurité intérieure dans lequel il déclare que de jeunes résidents d’implantations radicaux ont été arrêtés et détenus sans preuve, et dans lequel il les qualifie de « shmocks » (« crétins » en yiddish).

Le bureau de Netanyahu a promis une enquête approfondie sur cette affaire.

Sur la bande sonore, le commandant Avishaï Mualem, officier supérieur de la division de la police en Cisjordanie qui est soupçonné d’avoir fermé les yeux sur des informations concernant des violences commises par des nationalistes juifs radicaux contre des Palestiniens de Cisjordanie, afin de bénéficier d’une promotion du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, s’entretient avec le responsable du Shin Bet, qui n’est identifié que par son initiale en hébreu « Aleph ».

Les deux hommes discutent des arrestations effectuées dans le cadre de la pratique controversée de la détention administrative, qui permet de détenir des individus sans inculpation ni jugement pendant une période pouvant aller jusqu’à six mois, sous un contrôle judiciaire limité.

Bien que cette pratique soit principalement utilisée contre les Palestiniens pour prévenir le terrorisme, la détention administrative a également été utilisée à l’encontre de certains Juifs israéliens radicaux, ce qui a suscité de plus en plus de critiques à l’encontre du parti au pouvoir, le Likud, de la part des membres d’extrême droite de sa coalition.

La chaîne n’a pas précisé la date de cet enregistrement. En novembre, le ministre de la Défense, Israel Katz, avait annoncé la fin du recours à la détention administrative contre les résidents d’implantations de Cisjordanie. Et en janvier, il avait fait libérer les personnes détenues sans inculpation.

Avishai Mualem, commandant d’une unité de police de Cisjordanie, arrivant pour une audience au tribunal de Jérusalem, le 2 décembre 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

L’enregistrement diffusé par Kann commence par une discussion entre Mualem et un officier du Shin Bet au sujet du lieu où placer certains détenus juifs en attendant l’approbation du ministre de la Défense pour leur détention administrative.

« D’accord », répond Aleph à la suggestion de Mualem de les placer dans des cellules de détention. « Nous voulons toujours les arrêter pour les interroger, autant que possible. »

« Vous voyez comment ils gèrent les enquêtes du Shin Bet. Nous arrêtons ces crétins sans preuve pendant quelques jours », ajoute l’officier du Shin Bet.

« Ils vont nous sauter dessus pour ça », rétorque Mualem, mais Aleph lui assure que le bureau du chef du Shin Bet s’en occupe en coordination avec le ministre de la Défense.

On entend également Aleph faire pression sur Mualem pour qu’il arrête des résidents d’implantations potentiellement suspects dans l’espoir de les attraper en possession de matériel incriminant.

« Comment ça ? Les arrêter pour le plaisir ? », demande Mualem.

Aleph rejette également la présence de l’armée en Cisjordanie, la qualifiant d’inadéquate, affirmant que Tsahal a envoyé ses soldats combattre dans la bande de Gaza et au Liban tandis que ceux déployés en Cisjordanie sont « des milices, eux-mêmes des résidents d’implantations ».

Des soldats de l’armée israélienne opérant en Cisjordanie, sur une photo autorisée à la publication le 3 avril 2025. (Crédit : Armée israélienne)

En réponse à la diffusion de cet enregistrement, le Shin Bet a déclaré que la conversation « ne concernait que des contrevenants soupçonnés de violence, qui se faisaient justice eux-mêmes ».

Le Shin Bet a néanmoins indiqué dans sa réponse que « le contenu et le style des remarques prononcées ne correspondent pas aux valeurs et à la conduite professionnelle de l’agence », et que le chef de l’agence, Ronen Bar, examinerait la question.

« Les arrestations de citoyens israéliens soupçonnés d’activités terroristes sont effectuées après une analyse minutieuse des renseignements par des professionnels, puis à nouveau examinées par un tribunal indépendant et extérieur. »

Le bureau du Premier ministre a qualifié cet enregistrement de « choquant » et de « menace sérieuse pour la démocratie ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’exprimant lors de la réunion hebdomadaire du cabinet, le 30 mars 2025. (Crédit : Capture d’écran/GPO)

Il précise également qu’au vu des révélations, le Premier ministre exigera un contrôle approfondi des activités de la division juive.

« Ce n’est que dans les régimes totalitaires qu’une police secrète agit de manière aussi dangereuse », a ajouté le Premier ministre, qui s’efforce actuellement d’évincer Bar alors que l’enquête dite du « Qatar-qate » se penche sur d’éventuels liens illicites entre des collaborateurs de Netanyahu et le Qatar.

Le ministre de l’Intérieur, Moshe Arbel, a demandé au ministère de la Justice d’ouvrir une enquête sur cette affaire et d’en publier les résultats, a rapporté Kann.

Le ministre des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, qui soutient le mouvement des résidents d’implantations, a déclaré que les enregistrements « prouvent noir sur blanc la criminalité de la division juive du Shin Bet et l’hypocrisie du système judiciaire israélien qui dissimule ses mensonges et a approuvé ses activités pendant de longues années ».

Dans un message publié sur le réseau social X, Smotrich a demandé la mise en examen immédiate du chef de la division et son licenciement.

Concernant Bar, il a déclaré que le chef du Shin Bet « a causé et continue de causer des dommages insensés à l’agence, et érode la confiance du peuple ».

Le ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a également appelé à la destitution du chef de la division juive. Il a promis de demander à Netanyahu de convoquer Bar pour obtenir des éclaircissements.

« C’est un comportement mafieux, une persécution illégale des résidents d’implantations », a-t-il écrit sur X. Le temps est venu de mettre fin à la criminalité sous la protection de la loi.

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich (à gauche) et le ministre de la Défense Israel Katz (au centre) visitant les implantations de Cisjordanie aux côtés de hauts responsables de l’armée israélienne, le 1ᵉʳ avril 2025. (Crédit : Elad Malka/Ministère de la Défense)

Le ministre du Développement du Néguev et de la Galilée, Yitzhak Wasserlauf, membre du parti Otzma Yehudit de Ben Gvir, a publié sur X le récit d’un incident qui se serait produit il y a onze ans, alors qu’il était à une semaine du terme de son service dans l’armée israélienne.

Selon Wasserlauf, à la suite d’un incident de sécurité survenu dans une base faisant l’objet d’une enquête de la police militaire et auquel il n’a pas participé, il a été convoqué par le Shin Bet pour un entretien au cours duquel il a été averti de se tenir à l’écart des radicaux d’extrême droite, parmi lesquels Ben Gvir, et s’est fait dire qu’il « côtoyait des personnes problématiques ».

Un ami lui a alors conseillé de ne pas faire de vagues concernant cet incident.

« Le Shin Bet ne fait pas de différence entre amis et ennemis », a-t-il écrit. Ces enregistrements « mènent à une conclusion : la division juive du Shin Bet doit être fermée et le chef de la division doit être licencié ».

Yoav Gallant, alors ministre de la Défense, lors d’une conférence de presse, aux quartiers généraux de l’armée de la Kirya, à Tel Aviv, suite à la décision du Premier ministre Benjamin Netanyahu de le démettre de ses fonctions, le 5 novembre 2024. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Au total, seize ordres de détention administrative ont été émis à l’encontre d’Israéliens juifs sous l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, et sept d’entre eux étaient toujours détenus en novembre.

Gallant, qui était ministre de la Défense jusqu’en novembre, a écrit sur X qu’il « condamne totalement les propos graves » tenus par le responsable de la division juive.

Il a dénoncé les propos tenus contre les résidents d’implantations et Tsahal en Cisjordanie, qu’il qualifie « d’illégaux, de dangereux et d’inacceptables ».

Il s’est également prononcé contre les résidents d’implantations radicaux qui sont parmi les sujets principaux de la mission de la division juive du Shin Bet.

Le chef du parti Otzma Yehudit, le député Itamar Ben Gvir, dirigeant une réunion de sa faction de la Knesset, à Jérusalem, le 3 mars 2025. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

« Les émeutiers juifs qui se déchaînent contre la population arabe sont des radicaux dangereux qui doivent être traités avec fermeté », a-t-il écrit, tout en soulignant qu’ils ne représentaient en aucun cas les résidents d’implantations de Cisjordanie.

Netanyahu a limogé Gallant en novembre, invoquant des désaccords et un manque de confiance mutuelle.

L’enquête visant Mualem concerne le soupçon que son département aurait mené de fausses enquêtes sur des crimes nationalistes juifs en Cisjordanie, dans le seul but de donner l’impression que des enquêtes étaient menées sans pour autant traduire les auteurs en justice.

Selon un article paru ce mois-ci dans le journal Haaretz, des soupçons ont également été émis selon lesquels Mualem aurait délibérément ignoré à de multiples reprises des informations transmises par le département des crimes nationalistes du Shin Bet concernant l’implication de radicaux d’extrême droite dans des attaques contre des Palestiniens.

Le refus présumé de Mualem de s’attaquer à l’extrémisme juif était motivé par le désir de s’attirer les faveurs de Ben Gvir et d’obtenir une promotion au sein de la police. Ben Gvir est lui-même un ultra-nationaliste ayant été condamné pour des infractions pénales avant d’entrer en politique.

Le député Les Démocrates, Gilad Kariv, a déclaré que les commentaires de l’agent du Shin Bet étaient inappropriés et qu’ils devaient être clarifiés.

« Mais l’attaque de Netanyahu et des membres kahanistes de droite de la Knesset ne fera pas disparaître la violence extrême des résidents d’implantations radicaux, étant donné que des pogroms ont été perpétrés ces derniers jours en plusieurs endroits de Cisjordanie », a écrit Kariv.

« Pendant des années, la police israélienne et d’autres organismes d’application de la loi ont fermé les yeux sur cette violence et l’ont même parfois encouragée », a-t-il ajouté.

La guerre à Gaza a éclaté lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre 2023, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle. Le lendemain, le Hezbollah a commencé à attaquer le long de la frontière nord et ce conflit a dégénéré en guerre en septembre 2024, se terminant par l’instauration d’un cessez-le-feu à la fin du mois de novembre.

La guerre contre le Hamas à Gaza, toujours en cours malgré un cessez-le-feu de plusieurs semaines conclu en janvier, mais qui a ensuite échoué, a coïncidé avec une recrudescence des attaques de résidents d’implantations radicaux contre les Palestiniens de Cisjordanie.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.