Résolution Israël-Hamas: Comment les pays du Conseil de Sécurité justifient leur vote
Avant le vote, les États-Unis ont bloqué un amendement russe exigeant la fin immédiate de la guerre
Le Conseil de Sécurité de l’ONU a adopté le 21 décembre une résolution pour permettre une augmentation de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza dirigée par le groupe terroriste palestinien Hamas et la libération immédiate de tous les otages enlevés lors des atrocités barbares du 7 octobre dans le sud d’Israël. Le texte n’appelle pas à un cessez-le-feu.
Le vote a été de 13 voix pour (3 permanents : France, Royaume-Uni, Chine ; 10 temporaires : Albanie, Brésil, Émirats arabes unis, Équateur, Gabon, Ghana, Japon, Malte, Mozambique, Suisse) et zéro contre. Les États-Unis et la Russie se sont abstenus.
Avant le vote, les États-Unis ont bloqué un amendement russe exigeant la fin immédiate de la guerre.
Voici comment Abou Dhabi, à l’origine du texte, et les autres pays qui siègent de façon permanente au Conseil de Sécurité ont justifié leur vote.
Lana Zaki Nusseibeh, ambassadrice et représentante permanente des Émirats arabes unis (EAU)
» [Le projet de résolution] est le produit de consultations approfondies et d’un engagement entre les membres du Conseil et les parties concernées, en particulier l’Égypte et la Palestine ».
« L’objectif de ce texte est très simple : il répond par l’action à la situation humanitaire désastreuse sur le terrain pour le peuple palestinien qui subit de plein fouet ce conflit, tout en protégeant ceux qui tentent d’apporter une aide vitale. »
« Elle réclame la libération urgente des otages, ainsi qu’un accès humanitaire pour répondre à leurs besoins médicaux. »
Vassily A. Nebenzia, ambassadeur et représentant permanent de la Russie
« La réponse est très simple : sous divers prétextes, les États-Unis ont fait traîner le processus de négociation, dérogeant au principe de transparence habituel. »
« Au lieu de cela, ils ont eu recours à leur tactique favorite, à savoir la pression brutale, le chantage, la manipulation, pour pouvoir, in extremis, présenter aux membres du Conseil de sécurité un ultimatum : soit le Conseil adopte un texte qui convient à Washington, soit les États-Unis bloquent l’adoption de n’importe quel texte. »
« En signant ce texte, le Conseil accorderait en substance une liberté de mouvement totale à l’armée israélienne pour poursuivre le nettoyage de la bande de Gaza, et toute personne votant pour le texte dans sa formulation actuelle en porterait la responsabilité. »
Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice et représentante permanente des États-Unis
« Nous pensons que la résolution humanitaire qui nous est présentée appelle à des mesures urgentes pour permettre un accès humanitaire immédiat, sécurisé, sans entrave et renforcé, et pour créer les conditions propices à un arrêt durable des hostilités. »
« C’est un grand pas en avant. »
“ [La résolution est] une lueur d’espoir dans un océan de souffrances inimaginables. »
« Aujourd’hui, ce Conseil a clairement indiqué que tous les otages doivent être libérés immédiatement et inconditionnellement et que les organisations humanitaires doivent pouvoir avoir accès aux otages, y compris pour des visites médicales. »
Barbara Woodward, ambassadrice et représentante permanente du Royaume-Uni (UK)
« Pour éviter toute ambiguïté, il est clair que la résolution ne porte pas atteinte aux droits et aux obligations des parties en vertu du droit international humanitaire. »
« Nous condamnons sans équivoque les actes de terrorisme du Hamas et soutenons le droit d’Israël à l’autodéfense. »
« Nous soutenons en définitive la solution à deux États qui garantit une véritable sécurité et une stabilité tant pour le peuple israélien que pour le peuple palestinien. »
La représentante permanente adjointe de la France, Nathalie Broadhurst Estival, a déclaré que la résolution demandait que des mesures urgentes soient prises pour créer les conditions d’une cessation durable des hostilités.
« Nous aurions préféré que le Conseil s’exprime de manière plus ambitieuse sur ce sujet », a-t-elle déclaré, notant que jeudi, le président de la République française a rappelé l’importance cruciale d’œuvrer immédiatement à un cessez-le-feu qui seul permettra la réouverture d’un horizon politique essentiel.
Elle a souligné l’importance du droit international humanitaire, et a déclaré qu’il devait être appliqué en toutes circonstances, et garantir une protection et un accès complets au personnel humanitaire et médical.
« Ce Conseil doit également condamner avec la plus grande fermeté les attaques terroristes commises par le Hamas et d’autres groupes terroristes le 7 octobre, y compris les violences sexuelles qu’ils ont utilisées pour déshumaniser et terroriser leurs victimes », a déclaré Broadhurst Estival.
« Il est incompréhensible que ce Conseil n’ait toujours pas été en mesure de le faire. Il devrait le faire, il doit le faire, le droit et la morale l’exigent », a-t-elle souligné.