Retour en Israël du soldat israélien inquiété pour crimes de guerre au Brésil
Yuval Vagdani aurait fait l'objet d'une enquête pour s'être filmé en train de détruire des logements à Gaza ; devoir fuir le Brésil « m'a fait l'effet d'une balle en plein cœur »
Selon les médias israéliens, le soldat israélien forcé de fuir le Brésil après que la Cour fédérale a ordonné à la police d’ouvrir une enquête pour crimes de guerre à son encontre est rentré en Israël.
Le soldat, qui se nomme Yuval Vagdani, est arrivé en Israël mercredi matin après avoir dû mettre précipitamment fin à ses vacances au Brésil. A son arrivée, il s’est confié auprès de la chaîne Kan sur son calvaire.
« Je me suis réveillé le matin, j’ai allumé mon téléphone et j’ai découvert huit appels – le ministère des Affaires étrangères, mes frères, ma mère, des consuls », a-t-il expliqué à Kan. « Je me suis dit qu’il se passait quelque chose d’important. »
Vagdani avait choisi de se rendre au Brésil, la « destination de ses rêves », après un long service dans la réserve. Cela faisait, dit-il, plus de quatre ans qu’il préparait ce voyage.
Être forcé de fuir le Brésil « m’a fait l’effet d’une balle en plein cœur », a-t-il dit.
Selon la chaîne N12, Vagdani est « passé clandestinement » en Argentine grâce à l’aide du ministère des Affaires étrangères : de là, il a pu se rendre à Miami, puis en Israël.
À son arrivée à l’aéroport Ben Gurion, Vagdani a déclaré à la chaîne N12 qu’il avait retenu la leçon et qu’il ne mettrait plus jamais en ligne de vidéos sur Gaza. « Et je ne remettrai pas les pieds au Brésil », a-t-il ajouté.
הלוחם יובל וגדני, שהיה מבוקש בברזיל ובארגנטינה, נחת בישראל: "לא אחזור לשם"https://t.co/QXpal0KrZ2@yosefyisrael25 pic.twitter.com/tFwgDAT12Q
— חדשות 13 (@newsisrael13) January 8, 2025
Le ministère des Affaires étrangères a expliqué dimanche que c’est le ministre, Gideon Saar, qui a donné pour instruction à la section consulaire et à l’ambassade au Brésil de contacter Vagdani et ses proches et de « l’accompagner jusqu’à son départ rapide et en toute sécurité du Brésil ».
C’est la Fondation Hind Rajab, du nom d’une fillette de 6 ans tuée à Gaza en janvier dernier, qui aurait porté plainte devant le tribunal brésilien. La mort de la fillette a été imputée à Tsahal mais les premières conclusions de l’enquête menée par l’armée ont révélé qu’aucun soldat israélien ne se trouvait dans les environs à ce moment-là.
L’organisation Hind Rajab repère les soldats de Tsahal qui publient des contenus sur les réseaux sociaux lors de leurs opérations à Gaza et alerte ensuite les forces de l’ordre locales lorsqu’ils se trouvent à l’étranger, afin de les faire juger pour crimes de guerre.
Le fil d’actualité de Hind Rajab sur X fourmille de soldats dont l’organisation donne le nom et la photo, en plus des lieux où ils se sont trouvés.
Selon l’agence de presse brésilienne Metrópoles, Vagdani faisait l’objet d’une enquête au Brésil : il était soupçonné d’avoir pris part à « la destruction d’un immeuble résidentiel dans la bande de Gaza en utilisant des explosifs en dehors des combats », en novembre dernier.
???????? Urgent Alert❗️
The #HindRajabFoundation has verified information that Israel is imminently attempting to smuggle suspected Israeli war criminal Yuval Vagdani out of Brazil, because of a Brazilian court order for police to take investigative measures against him. There are… pic.twitter.com/DiIigN4kC2— The Hind Rajab Foundation (@HindRFoundation) January 4, 2025
Selon la Fondation Hind Rajab, le bâtiment en question servait d’abri aux Palestiniens déplacés par la guerre et sa plainte compte plus de 500 pages de preuves que le soldat s’est rendu complice de crimes de guerre.
Dans une publication parue samedi soir sur X, l’organisation a demandé aux autorités brésiliennes d’arrêter ce soldat, affirmant qu’elle disposait d’informations selon lesquelles le gouvernement israélien allait tenter de l’aider à fuir et que « des preuves étaient en train d’être détruites ».
« Ils ont écrit que j’avais assassiné des milliers d’enfants et en ont fait un document de 500 pages », explique Vagdani. « Tout ce qu’il y avait, c’était une photo de moi en uniforme à Gaza. »
Vagdani est un rescapé de l’attaque commise par le Hamas contre le festival Nova, le 7 octobre 2023 – constitutive du pogrom perpétré par les terroristes dans le sud d’Israël au cours duquel 1 200 personnes, essentiellement des civils, avaient perdu la vie, sans oublier les 251 otages. Cette attaque avait été à l’origine de la guerre qui se poursuit à Gaza. On estime à 360 le nombre de victimes assassinées lors du festival de musique.
Vagdani avait survécu en courant sur plusieurs kilomètres jusqu’à ce qu’il soit en sécurité, évitant de justesse – et à plusieurs reprises – les tirs du Hamas en cours de route.
Dimanche, le ministère des Affaires étrangères a « mis en garde les Israéliens contre la publication, sur les réseaux sociaux, de contenus relatifs à leurs activités militaires, dans la mesure où des éléments anti-Israël pourraient s’en servir pour engager des poursuites judiciaires fantaisistes à leur encontre ».
Selon Kan, aucune des accusations portées à ce jour la Fondation Hind Rajab n’a abouti à une arrestation, ce qui n’empêche pas son activisme de préoccuper le ministère des Affaires étrangères.
Lazar Berman a contribué à cet article.