Retour sur l’appel du Hamas à la « Journée de colère »
Des émeutiers se sont rassemblés dans plusieurs villes du Moyen-Orient, brûlant des drapeaux et prônant la destruction d’Israël
Des dizaines de milliers de musulmans ont manifesté vendredi à travers le Moyen-Orient lors d’une « Journée de colère » à l’appel du Hamas après le massacre qu’il a mené contre plus de 1 300 personnes dans le sud du pays samedi dernier. Ce large soutien souligne le risque d’un conflit régional plus large alors que Tsahal se prépare à une éventuelle incursion terrestre.
Un communiqué publié sur le site Internet du ministère israélien des Affaires étrangères avait prévenu que le Hamas avait appelé « tous ses partisans du monde entier à organiser une ‘Journée de colère’ » vendredi pour « attaquer les Israéliens et les Juifs ».
Des rues normalement calmes du centre-ville d’Amman en Jordanie à Sanaa, la capitale du Yémen déchirée par la guerre, des foules de fidèles musulmans ont afflué dans les rues après les prières hebdomadaires du vendredi, en réponse aux intenses frappes aériennes israéliennes sur Gaza. L’armée de l’air israélienne est entrée en action après que le groupe terroriste du Hamas a lancé une attaque surprise sans précédent et dévastatrice contre Israël au cours de laquelle quelque 1 300 personnes ont été tuées, pour la plupart des civils massacrés. Israël s’est engagé à détruire les capacités du Hamas à nuire aux Israéliens et a affirmé que le pays ciblait tous les endroits où le Hamas opère.
À la mosquée Al-Aqsa, dans la Vieille Ville de Jérusalem, la police israélienne n’autorisait que certains hommes âgés, femmes et enfants à entrer dans l’enceinte pour prier, essayant de limiter le risque de violences dans cette zone sensible. Seuls 5 000 fidèles ont pu accéder au site, a indiqué la fondation islamique qui gère la mosquée. Un vendredi normal, quelque 50 000 personnes y prient.
De jeunes Palestiniens auxquels l’entrée avait été refusée se sont rassemblés sur les marches près de la Porte du Lion jusqu’à ce que la police les entraîne hors des remparts de la Vieille Ville.
« Nous ne pouvons pas vivre, nous ne pouvons pas respirer, ils tuent tout ce qui est bon en nous », a déclaré Ahmad Barbour, un agent de ménage de 57 ans, le visage rouge et bouillonnant après que la police l’a empêché d’entrer pour prier.
« Tout ce qui nous est interdit leur est permis », a-t-il prétendu, faisant référence aux Israéliens.
La mosquée se trouve au sommet d’une colline, sacrée pour les juifs et les musulmans. La mosquée Al-Aqsa est le troisième lieu saint de l’islam et se dresse au sommet du mont du Temple, le lieu le plus saint du judaïsme.
Des centaines de jeunes fidèles palestiniens qui avaient été refoulés de la Vieille Ville ont jeté de petits tapis de prière dans la rue du quartier de Wadi Joz à Jérusalem-Est et ont prié en plein air. Après que certains individus ont commencé à crier, la police israélienne a chargé la foule avec des matraques et a tiré des grenades lacrymogènes, blessant au moins six personnes, a indiqué le Croissant-Rouge palestinien.
Des milliers de personnes ont manifesté à Amman, en Jordanie voisine, certains criant : « Nous allons à Jérusalem comme des millions de martyrs ! »
« Que veulent-ils de la Palestine ? Est-ce qu’ils s’attendent à ce qu’ils partent ? », a interrogé un manifestant, Omar Abu-Sundos. « D’où en Palestine peuvent-ils encore partir ? Ils ne partiront pas. »
Des Jordaniens qui tentaient d’atteindre la frontière jordanienne avec la Cisjordanie contrôlée par Israël se sont heurtés à la police, selon des informations.
À Beyrouth, des milliers de partisans du groupe terroriste libanais du Hezbollah ont brandi des drapeaux libanais, palestiniens et du Hezbollah, scandant des slogans en soutien à Gaza et « mort à Israël ». Le groupe terroriste, soutenu par l’Iran, a lancé des attaques sporadiques contre Israël depuis l’attaque du Hamas.
Le secrétaire général adjoint du Hezbollah a averti qu’il serait « à l’affût » des navires américains et britanniques se dirigeant vers la mer Méditerranée. Les responsables américains, dont le président Joe Biden, ont averti à plusieurs reprises l’Iran et les milices régionales soutenues par Téhéran de rester en dehors du conflit entre Israël et les groupes terroristes de Gaza.
« Vos cuirassés ne nous intéressent pas et vos déclarations ne nous font pas peur », a déclaré Naim Kassim lors d’un rassemblement dans la banlieue sud de Beyrouth. « Quand le moment sera venu d’agir, nous le ferons. »
À Bagdad, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés sur la place Tahrir – le centre de protestation de la capitale irakienne – pour des rassemblements convoqués par l’influent religieux chiite et leader politique Muqtada al-Sadr.
« Nous, en tant qu’Irakiens, connaissons la douleur d’avoir un occupant sur notre territoire », a déclaré Alaa al-Arabyia, manifestant, faisant référence à l’occupation américaine de l’Irak après son invasion en 2003 afin de renverser Saddam Hussein. « Les femmes palestiniennes ont des maris, des proches et des fils qui combattent l’occupation. Nous sommes à leurs côtés dans leur lutte. »
Partout en Iran, partisan du Hamas et ennemi régional d’Israël, les manifestants sont également descendus dans les rues après les prières. À Téhéran, ils ont brûlé des drapeaux israéliens et américains en scandant : « Mort à Israël », « Mort à l’Amérique », « Israël sera condamné » et « La Palestine sera la conquérante ».
« Le peuple palestinien en a assez, maintenant votre idée est de détruire Gaza, les maisons du peuple », a déclaré le président iranien Ebrahim Raissi dans un discours prononcé dans la province du Fars. « Les peuples du monde et la Palestine vous causeront des ennuis. »
Des manifestants se sont également rassemblés dans la capitale syrienne, Damas.
« Je dis aux gens de ne pas quitter leurs maisons, sinon ils deviendront comme nos grands-parents qui ont quitté la Palestine et sont venus en Syrie, mais ne sont jamais rentrés », a déclaré Ahmad Saeed, un Palestinien de 23 ans vivant en Syrie, en référence à la guerre d’Indépendance de 1948.
À Sanaa, au Yémen, aux mains des rebelles Houthis soutenus par l’Iran et toujours en guerre contre une coalition dirigée par l’Arabie saoudite, des manifestants ont envahi les rues en brandissant des drapeaux yéménites et palestiniens. Le slogan des rebelles est depuis longtemps : « Dieu est le plus grand ; mort à l’Amérique ; Mort à Israël ; malédiction sur les Juifs ; victoire à l’islam. »
« Nous sommes prêts à participer activement et à envoyer des centaines de milliers de moudjahidin… pour défendre la Palestine, le peuple palestinien et les lieux saints », a déclaré vendredi le gouvernement Houthi dans un communiqué.
Après les prières du vendredi, des manifestants égyptiens ont encerclé la mosquée historique Al-Azhar dans le centre-ville du Caire, la plus importante institution religieuse du monde musulman sunnite, scandant qu’Israël restait leur ennemi « génération après génération ». Ils ont répété le slogan traditionnellement nationaliste : « Nous donnons notre âme et notre sang à Al-Aqsa. »
À Islamabad, la capitale pakistanaise, certains fidèles ont piétiné les drapeaux américains et israéliens.
« Les médias internationaux et les tribunaux internationaux ferment les yeux sur les injustices commises aux Palestiniens. Ils ne remarquent que les actions que les Palestiniens entreprennent pour se défendre », a déclaré Faheem Ahmed, un fidèle de Karachi. « Ils appellent ça du terrorisme. »
La sécurité a été renforcée dans les institutions juives du monde entier, face à des craintes d’attaques.
En Chine, un employé de l’ambassade israélienne a été poignardé et blessé vendredi. L’attaque fait l’objet d’une enquête – il n’était pas clair si elle était liée à la « Journée de colère » ou non.
Dans le nord de la France, un professeur a été poignardé et tué par un terroriste tchétchène âgé de 20 ans présent illégalement en France. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a estimé que l’attaque avait « sans doute » un lien avec la situation au Proche-Orient. Ce samedi, le musée du Louvre, le chateau de Versailles et la gare de Lyon ont été évacués et fermés pour des alertes à la bombe. La France se trouve désormais en alerte « urgence attentat », le niveau le plus élevé du dispositif Vigipirate.