Rétrospective Polanski : la Cinémathèque défend son choix malgré les protestations
“Nous ne décernons ni récompenses ni certificats de bonne conduite”, a souligné la Cinémathèque pour répondre aux critiques
La Cinémathèque française a défendu mercredi sa décision de consacrer une rétrospective au cinéaste franco-polonais Roman Polanski malgré les protestations de féministes rappelant les accusations d’agressions sexuelles dont il fait l’objet.
« Fidèle à ses valeurs et à sa tradition d’indépendance, la Cinémathèque n’entend se substituer à aucune justice », indique l’institution présidée par le réalisateur Costa-Gavras dans un communiqué, dénonçant une demande de « censure pure et simple ».
« Nous ne décernons ni récompenses ni certificats de bonne conduite. Notre ambition est autre: montrer la totalité des œuvres des cinéastes et les replacer ainsi dans le flux d’une histoire permanente du cinéma », souligne la Cinémathèque alors que la rétrospective doit se dérouler du 30 octobre au 3 décembre.
« De ce point de vue, l’œuvre de Polanski, entre films de genre et confessions douloureuses, raconte rien moins que le XXe siècle, ses innombrables tragédies et leur nécessaire et souvent sublime mise en spectacle. Elle nous paraît donc plus que jamais indispensable », insiste l’établissement culturel.
Mardi, l’association Osez le féminisme avait accusé la Cinémathèque française de « participer à la culture de l’impunité des violences masculines » et avait appelé à un rassemblement lundi soir lors de l’inauguration de la rétrospective, en présence du réalisateur. Il doit présenter son dernier film « D’après une histoire vraie » avec Emmanuelle Seigner et Eva Green, lors d’une séance privée.
« Par la négation des faits criminels qui lui sont reprochés, la Cinémathèque participe à l’idée que violer une enfant ce n’est pas si grave devant le ‘génie de l’artiste' », dénonce l’association « Osez le féminisme ».
En début d’année, Roman Polanski avait renoncé à présider la cérémonie des César, sous la pression de féministes. Il fait l’objet de poursuites aux États-Unis depuis 40 ans pour le viol d’une mineure qu’il a toujours nié.
Depuis l’affaire Weinstein aux États-Unis, deux nouvelles femmes sont sorties de l’ombre pour l’accuser de les avoir agressées sexuellement au début des années 1970 alors qu’elles étaient mineures, des accusations formellement contestées par le réalisateur.
Le sujet du harcèlement sexuel, sous les projecteurs depuis l’appel viral #BalanceTonPorc sur les réseaux sociaux, a par ailleurs été évoqué mercredi lors des questions au gouvernement.
En préambule de sa question, Christine Pirès-Beaune (Nouvelle Gauche) a dit son « indignation devant l’hommage qui va être rendu à Polanski par la Cinémathèque française en pleine affaire Weinstein et au moment où la parole des femmes agressées se libère enfin. »