Réunion du Conseil national palestinien, une première depuis 1996
La réunion du Parlement de l'OLP intervient au moment où le président Mahmoud Abbas cherche à consolider sa position sur fond de tensions avec Washington
Le Parlement de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) doit se réunir lundi pour la première fois depuis plus de 20 ans, au moment où le président Mahmoud Abbas cherche à consolider sa position sur fond de tensions avec Washington.
Selon des experts, cette réunion du Conseil national palestinien (CNP), organisée à Ramallah, en Cisjordanie, ne devrait pas entraîner de changement politique majeur. Mais elle doit aboutir à l’élection des 18 membres du comité exécutif de l’OLP.
Plus d’une centaine des 740 membres du CNP ont d’ores et déjà fait savoir dans une lettre qu’ils boycotteront la rencontre, notamment des dizaines d’alliés des islamistes du Hamas -le plus grand parti palestinien derrière le Fatah de M. Abbas.
Samedi, ils ont appelé le président de l’Autorité palestinienne à reporter l’assemblée jusqu’à ce qu’un accord de réconciliation soit conclu entre les factions rivales.
Le CNP, qui représente les habitants des territoires palestiniens et de la diaspora, n’a pas tenu de session régulière depuis 1996 mais une réunion d’urgence avait eu lieu en 2009 à Ramallah.
La session qui s’ouvrira lundi et doit s’étendre sur trois jours, intervient alors que les relations entre M. Abbas et l’administration du président Donald Trump sont au plus bas avant le transfert de l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem prévu le 14 mai.
Elle s’inscrit aussi sur fond d’un vaste mouvement de protestation réclamant le « droit au retour » des Palestiniens sur les terres dont ils ont été chassés ou qu’ils ont fuies à la création d’Israël en 1948.
Plus de 40 Palestiniens auraient été tués par des tirs de l’armée israélienne depuis le début, le 30 mars, de ces manifestations massives le long de la frontière entre Gaza et l’Etat hébreu.
« Indicateurs »
L’ouverture de la réunion du CNP est attendue lundi soir avec un discours de M. Abbas, 82 ans.
Les positions du président de l’AP se sont raidies depuis que M. Trump a annoncé le 6 décembre le transfert de l’ambassade américaine.
Par cette décision, il a reconnu unilatéralement Jérusalem comme capitale d’Israël, rompant avec des décennies de consensus international estimant que le statut de la ville devra être fixé par un accord entre Israéliens et Palestiniens.
En mars, M. Abbas a qualifié l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, favorable aux implantations israéliennes, de « fils de chien« .
Mais sa position est affaiblie par la division croissante entre le Fatah et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, après l’échec d’un processus de réconciliation l’automne dernier.
Dans ce contexte, il cherchera à centraliser davantage le pouvoir au sein des institutions qu’il contrôle, estiment des analystes.
Hugh Lovatt, spécialiste d’Israël et des Territoires palestiniens au centre de réflexion European Council for Foreign Relations, s’attend à ce que la réunion « marque une nouvelle étape dans la consolidation du pouvoir d’Abbas et la marginalisation de ses rivaux politiques ».
Les noms des élus au comité exécutif seront considérés comme un indicateur clé des soutiens d’une politique palestinienne modérée, ajoute M. Lovatt. D’après lui, on peut même y voir « un indice des (candidats) favoris dans la course pour succéder à Mahmoud Abbas ».
Le président de l’AP sera l’un des trois représentants du Fatah au comité exécutif, avec Saëb Erekat et Azzam al-Ahmed, négociateur de l’accord de réconciliation raté avec le Hamas.
Sept autres plus petits partis, parmi lesquels le Hamas ne figure pas, nommeront un candidat, tandis que huit candidats indépendants seront sélectionnés. Au moins 10 des 18 membres actuels du comité seront probablement remplacés.
Diana Buttu, ancienne collaboratrice de M. Abbas devenue une de ses critiques, rappelle que le mandat du président palestinien a pris fin officiellement en 2009. La scission avec le Hamas ayant bloqué toute élection, il est resté au pouvoir sans mandat.
« Le simple fait qu’il se tourne vers une institution qui ne s’est pas réunie depuis 20 ans montre à quel point il est illégitime », estime-t-elle.
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