Rivlin écrit à la jeunesse israélienne suite au viol collectif présumé à Eilat
Dans une lettre ouverte, le président dit que les agressions sexuelles sont des "souillures qui ne peuvent être effacées", plaide pour que les jeunes ne participent pas au silence

Le président Reuven Rivlin a publié jeudi une lettre en réponse au viol collectif présumé d’une adolescente à Eilat, affirmant que les incidents de violence sexuelle « nous détruisent en tant que société ».
L’affaire a provoqué une onde de choc dans tout le pays, après que des témoignages ont rapporté que les hommes faisaient la queue devant la chambre d’hôtel de la jeune fille mineure en état d’ivresse, attendant leur tour pour la violer, et qu’aucun témoin oculaire n’est intervenu.
L’incident fait suite à plusieurs autres affaires très médiatisées en Israël d’abus sexuels et de viols au cours de l’année passée.
Dans une longue lettre ouverte publiée sur sa page Facebook et adressée aux jeunes Israéliens, Rivlin a déclaré : « Je vous écris bien que je n’aie plus de mots face à l’horreur de ce viol collectif à Eilat. »

« Je vous écris au sujet des limites. « Ces jours sont des jours de folie et de perte de repères. Je sais, quand il n’y a pas de limites, la première impression, [c’est] à quel point c’est libérateur… Mais croyez-moi, certaines de nos plus grandes difficultés en tant qu’êtres humains commencent lorsque nous perdons nos limites », a écrit Rivlin.
Il a affirmé qu’il rencontre régulièrement des gens, en tant que président, qui demandent pardon pour leurs méfaits passés, et qu’il les écoute, eux-mêmes et ceux qui les ont aidés à surmonter leurs difficultés.
« J’efface casier judiciaire après casier judiciaire, et des milliers d’hommes et de femmes israéliens qui ont commis des erreurs s’engagent sur une nouvelle voie », a-t-il écrit, ajoutant qu’il accordait généralement les demandes de pardon.
« Mais pour beaucoup d’autres, je n’accorde pas de pardon. L’agression sexuelle, le viol, l’exploitation sexuelle, la violence sexuelle, sont des souillures qui ne peuvent être effacées. Ce sont des exemples de perte de limites impardonnables, qui nous détruisent en tant que société. En tant qu’humanité. »
https://www.facebook.com/ReuvenRivlin/photos/a.355037104530987/3482993185068681/?type=3
Il a affirmé que les limites d’une société sont établies par ses membres, par les forces de l’ordre et par le système judiciaire, et que ces limites sont essentielles à « l’existence d’une société libre ».
« Face à l’exploitation, face à la violence, face aux abus, face à la cruauté, fixez-vous une limite. Une limite pour vous, une limite pour ceux qui vous entourent. Ne restez pas à l’écart. Ne participez pas au silence. »

Les deux suspects qui ont été arrêtés à ce jour dans cette affaire de viol auraient moins de 30 ans. Rivlin a adressé sa lettre aux « jeunes » d’Israël, hommes et femmes, et a mentionné le début imminent de l’année scolaire, apparemment dans le but d’inciter la jeune génération à prendre une position ferme contre les crimes sexuels.
La police mène l’enquête sur le viol collectif présumé. Les enquêteurs ont saisi les images des caméras de sécurité de l’Hôtel Mer Rouge de la ville côtière afin d’identifier d’autres suspects, et ont interrogé l’une des amies de l’adolescente.
L’affaire s’inscrit sur une longue liste d’abus sexuels très médiatisés et d’augmentation du nombre de viols en Israël.
En août 2019, huit adolescents auraient violé une fille de 11 ans dans le nord d’Israël, et en septembre 2019, une jeune fille de 13 ans a déclaré avoir été violée par des camarades de classe dans les murs de l’école dans la ville méridionale de Netivot.
En juin, deux joueurs de football professionnels israéliens ont été accusés de détournement de mineures sur deux adolescentes. Certains commentateurs ont établi des parallèles entre les débats en ligne sur l’affaire des joueurs de football et sur l’attaque présumée d’Eilat.
L’année dernière, des hommes et adolescents israéliens ont été arrêtés à Chypre, après qu’une femme britannique a affirmé avoir été violée par le groupe d’Israéliens dans la station balnéaire d’Ayia Napa sur cette île de Méditerranée orientale.

La touriste britannique a été jugée coupable d’avoir menti, mais elle a maintenu son récit de l’incident de 2019, affirmant que la police chypriote ne lui avait pas donné d’autre choix que de retirer sa plainte.
Les 12 Israéliens initialement arrêtés, ont été libérés après que la police a déclaré que la jeune femme s’était rétractée. Ils sont retournés en Israël et ont été accueillis par des scènes de célébration, que de nombreux commentateurs ont jugé totalement inappropriées compte tenu des circonstances.