Rivlin prône le dialogue interreligieux auprès de musulmans français
"Cette rencontre me rappelle mon enfance, quand j’ai compris qu’il était possible de trouver un langage commun entre des différents peuples et religions," a déclaré le président
Le président israélien Reuven Rivlin a prôné le dialogue interreligieux auprès de représentants de la communauté musulmane de France, au premier jour de sa visite dans l’Hexagone mercredi.
« Il y a une idée répandue selon laquelle la religion est au cœur des tensions ethniques. Mais c’est une erreur, a déclaré le président Rivlin. La croyance qui associe le judaïsme à l’islam doit être la clef de la paix, pas une justification de la violence. Maintenant, alors que le nationalisme et l’extrémisme religieux sont en progression dans le monde et en Occident, votre leadership est fondamental. Ce que vous et les représentants de toutes les communautés dîtes est particulièrement important en ce moment – non à l’antisémitisme, tolérance zéro pour le racisme en tout genre, » a déclaré M. Rivlin, devant une trentaine de responsables du culte musulman et juif.
« Cette rencontre me rappelle mon enfance, quand j’ai compris qu’il était possible de trouver un langage commun entre des différents peuples et religions, » a déclaré le président.
« On m’a éduqué dans la compréhension de l’importance de connaître et de comprendre pleinement les croyances des autres peuples. Mon père, le professeur Joseph Joel Rivlin, un juif pratiquant, a traduit le Coran en hébreu. Sa foi ne l’a pas dérangé, au contraire, elle l’a aidé. Le travail de toute sa vie était de construire des ponts entre les cultures et les langues ».
Parmi eux figuraient Hassen Chalghoum, l’imam de la mosquée de Drancy, près de Paris, le cofondateur du programme « Emouna, l’amphi des religions » à l’Université parisienne Science-Po (formation pour prêtres, pasteurs, rabbins, imams et moines bouddhistes), l’imam Mohammed Azizi (Il avait participé à la marche après le massacre perpétué à l’école Ozar Hatorah à Toulouse en 2012 et est à la tête de l’AMJF, la ligue d’amitié judéo-musulmane avec le rabbin Michel Serfaty), et le président de l’association des musulmans sénégalais de France, Kemadou Gassama, a constaté l’AFP.
Assistaient aussi aux débats l’écrivain Marek Halter (Halter est né en Pologne, il a fui le Ghetto de Varsovie avec sa famille et a survécu à la guerre en Union soviétique. Depuis 1960, il est impliqué dans le dialogue entre Juifs et Arabes. Il a écrit plusieurs romans et un livre sur les personnes qui ont sauvé des Juifs en Europe pendant la Deuxième guerre mondiale), le grand rabbin de France Haïm Korsia et le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Francis Kalifat.
Korsia a prononcé des bénédictions juives pour les dirigeants, « Béni soit-IL, celui qui partage Sa gloire avec ceux qui le vénèrent ». Il a déclaré « Dans la Bible, nous voyons qu’Ismael et Isaac se rencontrent quand ils ont besoin d’enterrer Abraham, leur père. Je me demande ce qui se produirait si des imams, des prêtres et des rabbins en Israël se rassemblaient pour visiter les tombeaux des patriarches et des matriarches afin que tous les Israéliens puissent voir que ceux qui ont une foi différente peuvent aussi croire ensemble. Cela pourrait nous donner de l’espoir ».
Faisant part de son constat d’une montée des populismes, du « fondamentalisme, (de) l’intégrisme, (de) l’extrémisme, du racisme », des « choses qui amènent l’antisémitisme », ce fils d’un professeur ayant traduit le Coran a appelé son auditoire à bâtir « une confiance entre les religions ».
« Nous ne sommes pas condamnés à vivre ensemble mais nous sommes destinés à vivre ensemble », a ajouté Reuven Rivlin, évoquant le cas de Jérusalem où cohabitent plusieurs confessions.
L’imam Chalghoum a jugé la rencontre « historique, forte et importante » pour « l’avenir de ces deux communautés, qui sont normalement la richesse de la France mais malheureusement sont devenues le problème de la France (…) ces dernières années ». C’est une « flamme d’espoir » dans une « période de tensions », assurant que « les religieux voulaient aller de l’avant ».
« Je suis là pour saluer les efforts que déploie le président israélien pour rassembler juifs et arabes », avait déclaré peu avant à l’AFP Mohammed Azizi, qui prône une « interaction pacifique ».