Rouhani : La démocratie n’est pas « la priorité » en Syrie
"Des millions de personnes sont déplacées, des centaines de milliers tuées" dans ce pays qui est dans une "instabilité totale," a déclaré le président iranien

La démocratie n’est pas « la priorité » en Syrie où il faut avant tout « arrêter le bain de sang », a affirmé mardi le président iranien Hassan Rouhani, dont le pays est un grand allié du régime de Bashar el-Assad.
« Est-ce le moment de discuter de démocratie en Syrie ? », s’est interrogé le président Rouhani lors d’une conférence de presse avec le président autrichien Heinz Fischer, en visite à Téhéran.
« Des millions de personnes sont déplacées, des centaines de milliers tuées » dans ce pays qui est dans une « instabilité totale », a-t-il dit, ajoutant : « Ce qui nous importe, c’est la vie des Syriens et le retour des réfugiés ».
Selon lui, avant de « parler des groupes d’opposition et de ceux soutenant » le régime du président Bashar el-Assad, « il faut d’abord arrêter le bain de sang, établir une sécurité relative en Syrie pour permettre aux réfugiés de rentrer ».
« Alors on pourra parler de l’avenir de la Syrie, de la démocratie et des élections », a ajouté le président iranien.
Il a affirmé que son pays était prêt « à s’asseoir à n’importe quelle table de négociations dans le monde pour parvenir » à stopper la violence en Syrie.
Première visite d’un chef d’Etat de l’UE depuis 2004
Le président autrichien Heinz Fischer s’est envolé lundi matin pour l’Iran, où il doit effectuer la première visite d’un chef d’Etat de l’Union européenne depuis 2004, deux mois après la conclusion à Vienne d’un accord historique sur le nucléaire iranien, ont annoncé ses services.
Au cours de cette visite de travail, prévue jusqu’à mercredi, M. Fischer doit notamment rencontrer mardi le Guide suprême Ali Khamenei, le président Hassan Rouhani et le ministre des Affaires étrangères Mohammad Jawad Zarif, un des principaux artisans de l’accord conclu le 14 juillet avec les grandes puissances.
Il s’agira de la première visite en Iran d’un chef d’Etat de l’UE depuis celle effectuée en janvier 2004 par un autre président autrichien, Thomas Klestil.
M. Fischer, dont la fonction est essentiellement protocolaire, sera accompagné du vice-chancelier et ministre de l’Economie Reinhold Mitterlehner, du ministre des Affaires étrangères Sebastian Kurz et de représentants des milieux économiques. Il doit prendre part à un forum économique irano-autrichien organisé à Téhéran.
La levée des sanctions internationales imposées à Téhéran, attendue à partir de début 2016, doit notamment rouvrir les vannes des investissements étrangers en Iran, un pays près de 80 millions d’habitants aux riches ressources pétrolières et gazières.
L’Autriche, un pays neutre qui a toujours cultivé de bonnes relations avec la République islamique, compte multiplier par cinq à moyen terme ses exportations vers ce pays, à plus de 1 milliard d’euros, selon la Chambre économique.
Plusieurs responsables européens de haut rang se sont rendus en Iran depuis la conclusion de l’accord, dont la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini et les ministres des Affaires étrangères allemand Sigmar Gabriel, français Laurent Fabius et britannique Philip Hammond, mais aucun chef d’Etat n’avait fait le déplacement jusqu’à présent.