Rue des Rosiers : La défense dénonce le refus de confrontation d’un important témoin
Atef Abubaker, "ambassadeur honoraire de l'OLP", affirme qu'Abou Zayed était un exécutant important pour les opérations extérieures en Europe" du Fatah-CR d'Abou Nidal
La défense d’Abou Zayed, seul mis en cause actuellement incarcéré en France dans l’enquête sur l’attentat terroriste meurtrier de la rue des Rosiers de 1982 à Paris, a dénoncé mercredi le refus mi-septembre du « principal accusateur » de participer à une confrontation avec leur client.
La défense a été informée que « M. Atef A., qui se trouvait pourtant de passage à Paris, a refusé le 12 septembre dernier de lui être confronté », écrivent dans un communiqué les avocats d’Abou Zayed, Mes Romain Ruiz et Bruno Gendrin.
« Ce refus soulève de sérieuses interrogations sur la solidité et la véracité des accusations qu’il porte à l’encontre de M. Abou Zayed, qui nie fermement toute implication dans les faits qui lui sont reprochés depuis plus de 4 ans », ajoutent les conseils.
« Droit fondamental et pierre angulaire du procès équitable, cette confrontation primordiale […] n’aura donc pas lieu dans le cadre de l’instruction, et l’on peut désormais sérieusement douter du fait qu’elle ait lieu lors d’un procès », déplorent Mes Gendrin et Ruiz.
Comme deux autres cités dans la procédure, ce témoin, Atef Abubaker, né à Yabad, en Cisjordanie, il y a 78 ans, « ambassadeur honoraire de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) », affirme de longue date qu’Abou Zayed était un exécutant important pour les opérations extérieures en Europe » du Fatah-CR d’Abou Nidal.
Ce groupe terroriste palestinien créé en 1974 est dissident du Fatah, et a revendiqué des dizaines d’attentats meurtriers dans plus de 20 pays dans les années 1980, notamment l’attentat de la rue des Rosiers en 1982.
Avec l’un des deux autres témoins, Atef A. a affirmé plus précisément qu’Abou Zayed avait participé à l’attentat du 9 août 1982.
Selon une source proche du dossier, Atef A. a été entendu le matin du 12 septembre par le juge puis a refusé d’être confronté l’après-midi car il s’est dit « pas prêt pour [se] retrouver face à un crétin comme lui et à un criminel aussi ».
« De plus », a-t-il ajouté, « c’est préférable pour éviter les problèmes entre nos familles sur place dans notre région d’origine ».
Abou Zayed a déploré ce refus de confrontation. « J’avais envie d’entendre ses mensonges sortir par sa bouche devant moi », a-t-il déclaré au juge devant la chaise vide d’Atef A, écartant tout « risque » pour le témoin.
Au total, six personnes ont été tuées et 22 blessées le 9 août 1982 dans l’explosion d’une grenade dans le restaurant Jo Goldenberg, puis dans une fusillade dans le quartier juif historique du Marais.