Ryad a mené des exercices militaires avec plusieurs pays dont Téhéran – Défense
Un porte-parole saoudien a confirmé ces entraînements ; le chef de la marine iranienne et les médias d'État ont fait part des exercices conjoints avec Ryad en mer Rouge et dans l'océan Indien

L’Arabie saoudite a récemment mené des exercices militaires conjoints avec l’Iran et d’autres pays en mer d’Oman, a-t-il été indiqué dans un communiqué transmis mercredi à l’AFP par le porte-parole du ministère de la Défense saoudien, le général de brigade Turki Al-Malki.
Les deux rivaux du Moyen-Orient, qui soutiennent depuis longtemps des camps opposés dans les zones de conflit de la région, ont rompu leurs liens diplomatiques en 2016. Cependant, l’Iran, dominé par les musulmans chiites, et l’Arabie saoudite, à majorité sunnite, ont repris leurs relations l’année dernière dans le cadre d’un accord surprise négocié par la Chine, alors même que Ryad semblait sur le point de signer un accord de normalisation avec l’ennemi juré de Téhéran, Israël.
« Les forces navales royales saoudiennes ont récemment mené un exercice naval conjoint avec les forces navales iraniennes, aux côtés d’autres pays dans la mer d’Oman », a déclaré le brigadier général, sans dire quel jour avait eu lieu l’exercice.
Ces jeux de guerre interviennent après que l’agence de presse officielle iranienne ISNA a déclaré lundi que les deux anciens ennemis prévoyaient des exercices militaires conjoints en mer Rouge.
« L’Arabie saoudite a demandé que nous organisions des exercices conjoints en mer Rouge », a déclaré le commandant de la marine iranienne, l’amiral Shahram Irani, cité par l’ISNA.
Dimanche, les médias d’État iraniens avaient fait état d’exercices conjoints avec « la Russie et Oman » dans « le nord de l’océan Indien », avec six pays observateurs, dont l’Arabie saoudite.

Et cité lundi soir par l’agence iranienne Isna, le commandant de la marine iranienne, l’amiral Shahram Irani, avait indiqué que « l’Arabie saoudite a demandé que nous organisions des exercices conjoints en mer Rouge », sans donner de date.
Malki a déclaré de son côté « qu’aucun autre exercice n’était prévu durant cette période ».
De tels exercices en mer Rouge constituent une première pour ces deux puissances du Moyen-Orient longtemps restées en froid.
Les deux pays, qui ont longtemps soutenu des camps adverses dans la région, ont rompu durant sept ans leurs relations diplomatiques. Celles-ci ont toutefois repris en mars 2023 grâce à un rapprochement négocié sous l’égide de la Chine.

Le groupe terroriste des Houthis combat une coalition dirigée par l’Arabie saoudite depuis 2015, quelques mois après s’être emparé de la capitale Sanaa et de la plupart des centres de population du Yémen, forçant le gouvernement internationalement reconnu à se réfugier à Aden.
L’Arabie saoudite, qui a soutenu le gouvernement d’Aden, s’est engagée dans un délicat exercice d’équilibre alors que le plus grand exportateur de pétrole au monde tente de s’extraire de la guerre qui se déroule à ses portes.
L’Arabie saoudite envisage depuis longtemps une normalisation avec l’ennemi juré de l’Iran, Israël, en échange de garanties de sécurité de la part des États-Unis.
Mercredi, avant de se rendre à Ryad pour discuter de cette normalisation, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré qu’il espérait qu’Israël saisirait « l’incroyable opportunité » offerte par l’attaque balistique iranienne du 1er octobre pour poursuivre la normalisation.
Israël s’est engagé à répondre à cette attaque. L’Arabie saoudite, qui a aidé Israël à repousser le premier tir de missiles iraniens en avril, a bouclé son espace aérien pour permettre à Israël de riposter, selon trois sources du Golfe citées par Reuters. Un responsable iranien a déclaré à l’agence que Téhéran avait prévenu l’Arabie saoudite qu’il ne pourrait pas garantir la sécurité des installations pétrolières saoudiennes si Israël mettait à exécution un projet de frappe sur des installations pétrolières en Iran.
Fin 2023, la normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite semblait toute proche, deux ministres israéliens ayant effectué des visites publiques sans précédent dans le royaume du désert quelques jours avant le 7 octobre, date à laquelle quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle. Ce massacre a déclenché la guerre à Gaza.
L’accord de normalisation est aujourd’hui largement considéré comme avorté – Ryad le conditionnant à la création d’un État palestinien, ce qui n’est pas envisageable pour Israël.
Les Houthis, soutenus par l’Iran, revendiquent depuis des mois des attaques en mer Rouge et dans le Golfe d’Aden.
Ils disent viser des navires qu’ils estiment liés à Israël et agir en solidarité avec Gaza.
Ces terroristes, qui contrôlent de vastes pans du Yémen, avaient dans le passé également lancé des attaques contre l’Arabie saoudite.