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Ryad forme une coalition islamique anti-terroriste de 34 pays

Le prince Mohamed, fils du souverain saoudien, a souligné que cette coalition allait combattre "toute organisation terroriste"

Drapeau de l'Arabie saoudite (Crédit : Wikimedia commons)
Drapeau de l'Arabie saoudite (Crédit : Wikimedia commons)

L’Arabie saoudite a annoncé la création d’une coalition de 34 pays musulmans dont l’objectif sera de « combattre le terrorisme militairement et idéologiquement » dans un contexte de montée en puissance de groupes jihadistes.

Ni l’Iran, ni l’Irak, ni la Syrie ne font partie de la liste de ces Etats diffusée mardi par l’agence officielle SPA après l’annonce surprise de Ryad.

Cette coalition, placée sous la conduite de l’Arabie saoudite, comprend des pays majoritairement sunnites comme l’Egypte, la Turquie, le Pakistan et le Sénégal.

Elle sera dotée d’un centre de commandement basé à Ryad pour « soutenir les opérations militaires dans la lutte contre le terrorisme », a ajouté l’agence.

« Les décisions seront prises au cas par cas, et aucune option n’est exclue », a déclaré lors d’une conférence de presse le ministre des Affaires étrangères, interrogé sur l’éventuel envoi de troupes au sol dans des pays touchés par le terrorisme. Il a jugé qu’il s’agissait d' »une coalition sans précédent ».

L’alliance témoigne de la volonté du « monde islamique de combattre le terrorisme et à être un partenaire dans la lutte mondiale contre ce fléau », a expliqué le vice-prince héritier et ministre saoudien de la Défense Mohamed Ben Salmane lors d’une conférence de presse à Ryad.

Des mécanismes seront établis pour « la coordination avec des pays amis épris de paix et des organismes internationaux » afin de soutenir les efforts pour « sauver la paix et la sécurité internationales », selon l’agence SPA.

Les 34 pays formant la coalition sont membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), basée à Jeddah, dans l’ouest du royaume saoudien.

L’Arabie saoudite dirige déjà une coalition militaire arabe contre des rebelles chiites au Yémen et fait partie de la coalition internationale qui, sous la conduite des Etats-Unis, combat le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak.

Interrogé sur le point de savoir si la nouvelle coalition se consacrerait à la lutte contre l’EI, le prince Mohamed, fils du souverain saoudien Salmane, a souligné qu’elle allait combattre « toute organisation terroriste qui fait son apparition » dans le monde musulman, « le premier à avoir souffert du terrorisme ».

Parmi les pays ou les régions confrontés au terrorisme, il a cité « la Syrie, l’Irak, le Sinaï (Egypte), le Yémen, la Libye, le Mali, le Nigéria, le Pakistan et l’Afghanistan ».

« Concernant la Syrie et l’Irak, nous ne pouvons mener les opérations (antiterroristes) qu’en coordination avec (les autorités) légitimes dans ces pays et avec la communauté internationale », a souligné le prince Mohamed, dont le pays conteste le régime syrien du président Bachar al-Assad.

Cette initiative intervient après une série d’attentats perpétrés par des groupes jihadistes, dont l’EI, qui ont récemment frappé l’Egypte, la France, le Liban, la Tunisie et la Russie.

Accusations de laxisme

Dix autres pays, dont l’Indonésie le plus grand pays musulman par sa population, soutiennent la nouvelle coalition et pourraient se joindre à elle ultérieurement, a précisé l’agence SPA.

Ces pays ont « à prendre certaines mesures avant de rejoindre la coalition », a expliqué le ministre de la Défense.

« La coalition va combattre le terrorisme militairement, idéologiquement et médiatiquement, en plus de l’effort sécuritaire », a conclu celui qui apparaît de plus en plus comme l’un des hommes forts de l’Arabie saoudite.

Le royaume saoudien, régi par l’idéologie wahhabite (version rigoriste de l’islam), est régulièrement accusé en Occident de laxisme envers le terrorisme. Certaines personnalités en Europe et aux Etats-Unis accusent même Ryad de financer des mosquées et des groupes radicaux.

Le prince Mohamed s’exprimait lors de sa première conférence de presse depuis son entrée au gouvernement, formé en janvier par son père, le roi Salmane, dès son accession au trône à la mort de son demi-frère Abdallah.

Le jeune prince incarne la nouvelle politique de Ryad, plus visible et plus marquée sur les scènes moyen-orientale et internationale.

L’annonce de la nouvelle coalition intervient alors que les Etats-Unis multiplient les déclarations sur la nécessité de mobiliser des troupes au sol, notamment arabes, pour réussir la guerre contre les jihadistes de l’EI.

Fin novembre, deux sénateurs américains avaient plaidé pour l’envoi de 100.000 soldats étrangers, en majorité de pays sunnites, mais aussi Américains, pour combattre l’EI en Syrie.

Le ministre d’Etat émirati aux Affaires étrangères Anwar Gargash avait ensuite affirmé son pays était prêt à participer à une force terrestre pour combattre l’EI en Syrie. « Les pays de la région doivent supporter une part du fardeau. Et il n’y a pas lieu d’avoir une intervention étrangère comme celle des Américains pour libérer le Koweït » en 1991, avait ajouté M. Gargash.

Voici la liste des 34 pays :

Pays arabes : Arabie saoudite, Jordanie, Emirats arabes unis, Bahreïn, Tunisie, Djibouti, Soudan, Somalie, Palestine, Comores, Qatar, Koweït, Liban, Libye, Egypte, Maroc, Mauritanie, Yémen.

Pays africains : Bénin, Tchad, Togo, Sénégal, Sierra Leone, Gabon, Guinée, Côte d’ivoire, Mali, Niger, Nigeria.

Pays asiatiques : Turquie, Pakistan, Bangladesh, Malaisie, Maldives.

Tous ces Etats sont membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), basée à Jeddah (ouest de l’Arabie saoudite) depuis sa création en 1969.

Al-Azhar, la prestigieuse institution de l’islam sunnite basée au Caire, a exhorté « tous les pays musulmans » à rejoindre la coalition créée mardi sous l’égide de l’Arabie saoudite pour lutter contre le terrorisme.

« Al-Azhar demande instamment à tous les pays musulmans de rejoindre cette coalition pour combattre le terrorisme (…) qui commet des crimes horribles sans discrimination », a poursuivi l’institution sunnite, espérant que cette alliance parviendra à mettre fin aux « démons du terrorisme ».

Pour rester à la Une, l’EI pousse plus loin la barbarie

Pour rester à la Une des médias en dépit de la pression militaire croissante qu’il subit en Syrie en Irak, le groupe jihadiste Etat islamique (EI) repousse continuellement les limites de l’horreur.

Depuis qu’il a proclamé en juin 2014 un « califat » sur les régions conquises à cheval entre les deux pays, ce groupe accusé de crimes contre l’Humanité par l’ONU, multiplie les scène mortifères dans des vidéos insoutenables devenues sa principale arme de propagande.

Accro aux médias, il utilise les réseaux sociaux pour faire circuler à travers la planète des scènes de meurtres collectifs et de décapitations, notamment celles de plusieurs otages occidentaux l’an dernier.

L’une des dernières vidéos s’enfonce plus dans l’horreur. Jusqu’à présent, le groupe présentait un plan avec le bourreau muni de son couteau suivi d’un second avec la tête coupée de la victime, mais mardi il a diffusé la scène entière de décapitation en Irak de plusieurs « espions ».

En novembre, le président américain Barack Obama avait qualifié l’EI d’un « groupe de tueurs disposant de bons réseaux sociaux ».

Les jihadistes recourent à des méthodes plus morbides car « ils pensent que les gens se lasseront et ils veulent toujours être » sous le feu des projecteurs, assure Mia Bloom, professeur à la Georgia State University.

Parmi la panoplie d’atrocités, des prisonniers sont brûlés dans des cages ou attachés à deux voitures qui démarrent dans des sens opposés. L’EI a même exécuté des détenus en faisant exploser les colonnes de la cité antique syrienne de Palmyre auxquelles il les avait attachés.

Le groupe a aussi revendiqué des attaques spectaculaires à l’étranger, notamment les attentats de Paris (130 morts le 13 novembre) ou l’explosion d’un avion civil russe au dessus de l’Egypte (224 morts le 31 octobre).

« Ces vidéos violentes attirent des types de personnes qui veulent vivre en vrai ‘Call of Duty’, des gens qui ont un passé violent et veulent se réinventer », assure Mme Bloom, en faisant référence au célèbre jeu vidéo.

Recours aux enfants

Ainsi, dans un scénario qui s’apparente à un jeu vidéo, l’EI diffuse début décembre des images montrant des enfants soldats se faufiler à travers les ruines d’un fortin à la recherche de prisonniers qu’ils tuent.

L’utilisation d’enfants à des fins de propagande est aussi une manière de faire monter les enchères de l’épouvante.

« Les enfants sont passés d’observateurs de la violence à acteurs à part entière. C’est sans précédent », souligne Mia Bloom.

L’EI utilise cette « ultraviolence » pour impressionner ses partisans, terrifier ses opposants et aussi « transmettre son message à travers le monde », note l’analyste Charlie Winter.

Cet expert qui suit les activités des jihadistes sur la toile, souligne que la propagande du groupe jongle entre des images de violence et la représentation du « califat » comme une utopie islamiste.

Les vidéos ayant le « plus d’impact » sont celles montrant de nouvelles façons de tuer, dit-il. « Ces derniers mois, l’EI a exploré de nouveaux types de perversion, traînant les victimes derrière une voiture jusqu’à la mort, les noyant, les brûlant et ainsi de suite ».

« Il a tellement banalisé les décapitations que les gens ne sont plus choqués », ajoute l’expert.

Production médiatique en baisse

Cette surenchère de l’horreur pourrait traduire la pression militaire que subit le groupe en Irak et en Syrie ainsi qu’une volonté de continuer à projeter une image de toute-puissance même si en réalité sa production médiatique a diminué.

Dans une analyse du Centre international des études sur la radicalisation et la violence politique, le chercheur Aaron Zelin soutient que la production de l’EI a diminué ces derniers mois, conséquence de plusieurs défaites militaires sur le terrain en Syrie et en Irak.

Elle avait connu un pic après les victoires en mai du groupe à Palmyre et à Ramadi en Irak.

Selon M. Zelin, 3.762 vidéos ont été mises en ligne entre juin et août contre 2.750 entre septembre et novembre. Cette baisse pourrait également être liée à la mort de responsables des médias de l’EI tués dans des raids de la coalition internationale menée par l’EI.

Parmi eux, Junaid Hussein, une importante figure de l’EI sur Twitter, et Mohamed Emwazi -connu sous le pseudonyme de Jihadi John- apparaissait souvent dans des vidéos avec des otages occidentaux avant leur exécution.

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