Saar critique Netanyahu : même la sécurité d’Israël est à vendre
L’ex-ministre Likud déplore la culture politique dans laquelle “rien n’est sacré” et s’en prend aux manœuvres sur le cabinet de sécurité
L’ancien ministre du Likud Gideon Saar a fustigé vendredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui joue politiquement selon lui avec la sécurité d’Israël, déplorant le fait qu’à présent « tout est à vendre ».
« La sécurité est devenue un jeu d’échec politique », a déclaré Saar pendant une conférence commerciale à Eilat, s’en prenant à la dispute très médiatisée entre Netanyahu et à son partenaire clé de la coalition Naftali Bennett au sujet de la gestion du cabinet de sécurité.
« Il est triste de voir que le système politique perd ses derniers freins et contrepoids », a déclaré Saar, qui est pour l’instant retiré de la vie politique. « Tout est à vendre, tout est permis, il n’y a plus de vaches sacrées. »
Le ministre de l’Education Bennett, qui dirige le parti HaBayit HaYehudi et est membre du cabinet de sécurité, avait affirmé la semaine dernière que ses membres devaient se prononcer sur des questions cruciales de vie ou de mort en temps de guerre sans avoir d’abord reçu les informations suffisantes.
Il avait demandé une amélioration de la direction du cabinet avant d’approuver l’inclusion du parti Yisrael Beytenu à la coalition et la nomination de son dirigeant Avigdor Liberman, partisan d’une ligne dure, au ministère de la Défense. Un compromis avait été atteint et la nomination de Liberman avait été votée.
Saar a souligné qu’il ne faisait cependant pas allusion à la nomination de Liberman à la Défense, mais plutôt à la manœuvre politique qui l’avait accompagnée.
« Le bras de fer public dans la coalition au sujet du cabinet de sécurité, est-ce un sujet politique ? J’ai été membre de ce cabinet sous trois gouvernements différents, mais il n’a jamais été conduit ainsi. »
Le ministre de la Santé Yaakov Litzman avait finalement négocié un compromis, dans le cadre duquel le dirigeant du Conseil de sécurité nationale informera les ministres avant qu’ils ne votent des opérations militaires importantes.
Saar a également critiqué l’ingérence politique dans l’affaire du soldat israélien Elor Azaria actuellement jugé par une cour martiale pour homicide pour avoir abattu un attaquant palestinien neutralisé à Hébron en mars.
« L’armée devrait gérer ces sujets sans interférence politique, qui est une chose très dangereuse ; parce que quand chaque membre du cabinet affirme publiquement qu’il pense que [le soldat] a eu raison ou tort d’ouvrir le feu, qu’un soldat sur le terrain est censé tirer de cela ?, a déclaré Saar. J’ai des difficultés à comprendre les personnes qui revendiquent la responsabilité de la gestion de tels sujets et disent ensuite des choses qu’elles ne sont pas autorisés à dire. »
« Quand des élus commencent à s’occuper de micro-tactiques, c’est que le système est devenu fou, a déclaré Saar. Arrêtons de spéculer sur les sujets de la sécurité nationale, de l’Etat de droit, les fondations qui nous soutiennent. Je propose des politiques pour construire des ponts au lieu d’approfondir délibérément des fossés pour des considérations électorales ou politiques. »
De récents sondages ont montré qu’un partenariat politique entre Saar et l’ancien ministre de la Défense Moshe Yaalon, qui a été évincé au profit de Liberman, pourrait battre le Likud, le parti de Netanyahu.
A propos de ses projets de retour en politique Saar a déclaré qu’il « a pris une pause. Les pauses prennent fin. Quand cette pause se terminera, je devrais prendre une décision puis chercher la confiance du public et retourner à la vie publique. Je suis un membre du Likud et je crois au parcours du Likud. »