Sanctions: l’Iran peut bloquer l’exportation du pétrole du Golfe, menace Rouhani
L'actuel président iranien Hassan Rouhani a lui-même averti en juillet les Etats-Unis de ne pas "jouer avec la queue du lion", en menaçant de paralyser le Golfe

Le président iranien Hassan Rouhani a de nouveau menacé mardi de bloquer les exportations de pétrole dans le Golfe, en réaction aux sanctions américaines rétablies à la suite du retrait unilatéral de Washington de l’accord sur le nucléaire.
« Les Etats-Unis devraient savoir qu’ils ne sont pas en mesure d’empêcher l’exportation du pétrole iranien », mais « s’ils essayent (…), il n’y aura plus de pétrole à exporter depuis le Golfe persique », a déclaré M. Rouhani.
Le président iranien s’exprimait lors d’une réunion publique dans la province de Semnan (nord), retransmise à la télévision.
Depuis son avènement en 1979, la République islamique a menacé à plusieurs reprises de verrouiller le Golfe en réaction aux pressions internationales, mais n’a jamais mis ses menaces à exécution.
L’actuel président iranien Hassan Rouhani a lui-même averti en juillet les Etats-Unis de ne pas « jouer avec la queue du lion », en menaçant de paralyser le Golfe.
Les Etats-Unis ont quitté unilatéralement en mai l’accord sur le nucléaire iranien, âprement conclu en 2015 à Vienne entre Téhéran et des puissances internationales.
L’administration de Donald Trump a par la suite rétabli des sanctions américaines, notamment contre le secteur énergétique, le mois dernier.
Lundi, Hassan Rouhani s’est efforcé de minimiser les répercussions économiques des sanctions américaines, en accusant les médias d’amplifier les soucis du pays.
« Il n’y a pas d’hyperinflation, il n’y a pas de chômage massif, les gens devraient arrêter de dire des choses pareilles dans les journaux », a-t-il déclaré à l’attention de la foule.
Le dernier rapport de l’indice de consommation publié par la Banque centrale iranienne indique que les prix des produits alimentaires ont augmenté de 56 % sur un an, en octobre.
Admettant l’existence de « quelques problèmes », M. Rouhani a assuré qu’ils seraient traités dans le budget 2019, qui doit être présenté le 16 décembre.
Il a affirmé que le gouvernement maintiendrait les subventions sur les denrées de première nécessité et s’engagerait sur une augmentation de 20 % des salaires et pensions des fonctionnaires.
Sanctions ou pas, l’Iran fait face à des « défis chroniques », dit un dirigeant
L’Iran fait face à des « défis chroniques » qui existaient bien avant que les États-Unis réimposent des sanctions contre la République islamique, a déclaré lundi le président du Parlement iranien, Ali Larijani.
« Notre économie est assurément touchée par des facteurs extérieurs mais il y a aussi des problèmes qui existent de longue date », a dit M. Larijani lors d’une conférence de presse à Téhéran.
Il a énuméré une liste de « défis chroniques », parmi lesquels « un État trop gros et coûteux », le niveau très élevé des taux d’intérêts qui « perturbe la production », un système d’assurance-vieillesse proche de la faillite, et la crise de l’eau.

Les États-Unis ont réimposé depuis août, en deux salves, des sanctions économiques contre Téhéran, conséquence de la décision du président américain Donald Trump de dénoncer unilatéralement en mai l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015 à l’issue d’âpres négociations.
Selon le Fonds monétaire international (FMI), le PIB de la République islamique devrait reculer de 1,5 % en 2018 et de 3,6 % en 2019, pour une large part à cause d’une baisse des ventes de pétrole de l’État iranien, provoquée par les sanctions américaines.
Influent au sein du pouvoir iranien, M. Larijani, un conservateur, est un allié politique du président Hassan Rouhani.
Lors de sa conférence de presse, le président du Parlement a écarté la proposition formulée par M. Trump de renégocier un nouvel accord sur la question nucléaire.
« Nous entendons deux types de mots creux de la part du président américain : d’un côté des paroles sans valeur et de l’autre l’idée selon laquelle ils seraient prêts à des négociations », a-t-il dit.
« Mais n’avons-nous pas négocié ? » a ajouté M. Larijani. « Quand un pays ne respecte pas les accords internationaux, comment pouvons-nous lui faire confiance ? »