Scandale sur la « remigration »: l’AfD annonce des discussions avec Marine Le Pen
Le chef du parti allemand veut "mettre les choses au clair" avec son partenaire européen après que des membres ont été accusés d'avoir discuté d'expulsions massives, ce qui a suscité les critiques du RN
Le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) a annoncé lundi de prochaines discussions avec la cheffe de l’extrême droite française Marine Le Pen, qui avait récemment pris ses distances avec son allié allemand secoué par un scandale autour la « remigration ».
Les entretiens viseront à « rectifier la réalité », a déclaré le député de l’Alternative pour l’Allemagne Bernd Baumann à Berlin.
« Nous considérons qu’il s’agit d’un malentendu (…) que nous espérons clarifier prochainement », a aussi précisé lundi à l’AFP un porte-parole de Maximilian Krah, député européen et candidat de l’AfD aux élections européennes de début juin.
Marine Le Pen s’était dite prête jeudi à rompre avec l’AfD, se disant « en total désaccord avec la proposition qui aurait été discutée ou aurait été décidée dans le cadre » d’une réunion à Potsdam, près de Berlin, où un plan d’expulsion massive du pays d’étrangers et de « citoyens non assimilés » avait été présenté, selon le média d’investigation allemand Correctiv.
Des représentants de la mouvance identitaire radicale et des membres de l’AfD – dont un proche, remercié depuis – de la coprésidente Alice Weidel, avaient notamment participé à cette réunion.
La prise de distance de Mme Le Pen a été jugée d’autant plus spectaculaire qu’au Parlement européen, le Rassemblement national (RN) et l’AfD siègent dans le même groupe – Identité et démocratie (ID) – où ils comptent respectivement 18 et 10 sièges, sur 63 membres. Et l’allié allemand paraît actuellement d’autant plus indispensable qu’il recueille plus de 20 % des intentions de vote aux élections européennes.
Selon M. Baumann, la cheffe du RN a fait ses déclarations « sur la base de rapports de presse dont elle a pris connaissance » et qui selon lui étaient « entièrement faux de par leur tonalité ».
Des termes tels que « déportation » et « expulsion massive » n’ont pas été utilisés lors de la réunion, a assuré M. Baumann pour qui il s’agit d’attributions erronées de la part de Correctiv et d’une grande partie de la presse.
La révélation de Correctiv a provoqué une onde de choc en Allemagne. Elle a entraîné une mobilisation massive dans la rue de la société civile visant à dénoncer les dangers pour la démocratie de l’AfD, parti qui s’est solidement installé dans le paysage politique allemand depuis son entrée au Bundestag en 2017.