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Se droguer pour travailler plus : les ravages du captagon en Arabie saoudite

Si certains en font un usage récréatif, ce n'est pas le cas de tous les consommateurs, affirme un spécialiste des addictions

Illustration. Des combattants affiliés au groupe rebelle syrien "Hayat Tahrir al-Sham" (HTS) montrant des drogues saisies précédemment à un poste de contrôle qu'ils contrôlent à Daret Ezza, dans la campagne occidentale de la province d'Alep, le 10 avril 2022. (Crédit : Omar Haj Kadour/AFP)
Illustration. Des combattants affiliés au groupe rebelle syrien "Hayat Tahrir al-Sham" (HTS) montrant des drogues saisies précédemment à un poste de contrôle qu'ils contrôlent à Daret Ezza, dans la campagne occidentale de la province d'Alep, le 10 avril 2022. (Crédit : Omar Haj Kadour/AFP)

Le jour, Fayçal est chauffeur dans les rues de Ryad, la nuit il est agent de sécurité et parfois il travaille trois jours sans s’arrêter. Il tient, en avalant des pilules de captagon, cette drogue qui fait des ravages en Arabie saoudite.

Ce Saoudien de 20 ans doit trimer sans relâche pour rembourser ses dettes contractées après avoir acheté une nouvelle maison, payé la dot de son épouse et leur lune de miel.

« Très tôt le matin, je finis épuisé mon premier travail » d’agent de sécurité dans un hôpital privé mais ensuite « j’ai absolument besoin de travailler pour l’application de taxis » comme chauffeur VTC, dit-il à l’AFP sous un nom d’emprunt par crainte d’être stigmatisé.

« Pour rester éveillé et travailler plus longtemps, des amis m’ont conseillé de prendre des pilules », poursuit-il. Depuis, il dépense environ 35 euros par semaine pour acheter cette drogue de la famille des amphétamines et enchaîne tant d’heures d’affilée qu’il « double parfois ses revenus ».

Le cas de Fayçal est assez banal parmi la population défavorisée de ce riche royaume pétrolier.

Le captagon est depuis plusieurs années un fléau au Moyen-Orient et l’Arabie saoudite en est le plus grand marché.

Photo d’illustration : Un comprimé de captagon. (Crédit : capture d’écran YouTube/Allo docteurs)

Les douanes de la monarchie du Golfe disent avoir mis la main sur 119 millions de pilules l’an dernier. De nouvelles saisies sont régulièrement annoncées, comme celle le 22 juillet de près de 15 millions de pilules dissimulées dans « une machine destinée à fabriquer des blocs de béton ».

Les autorités de ce royaume ultra-conservateur, qui n’ont pas souhaité répondre aux questions de l’AFP, la qualifient de drogue destinée aux fêtards.

Mais si « des jeunes et des riches en prennent pour atteindre une sensation de joie et de bonne humeur », ce n’est pas le cas de tous les consommateurs, affirme le médecin égyptien Firas al-Waziri, spécialiste des addictions. « Les travailleurs y ont plutôt recours pour faire des heures supplémentaires » afin de gagner plus d’argent.

Productivité et effets secondaires

Dans les rues de Ryad, les pilules coûtent entre cinq et 25 euros selon leur « qualité », explique à l’AFP un revendeur. Les blanches sont considérées meilleures que les jaunes ou les grises.

Ses clients réguliers sont principalement des étudiants et des travailleurs à bas revenus, poursuit-il sous couvert d’anonymat.

« A la fois récréative et améliorant la productivité, c’est une drogue lucrative qui traverse les classes aisées et populaires », souligne Caroline Rose, analyste au centre de réflexion New Lines Institute, basé aux Etats-Unis.

Au départ, le « captagon » était le nom d’un médicament breveté en Allemagne dans les années 1960 et censé traiter la narcolepsie ou les troubles du déficit de l’attention.

Interdit dans les années 80, c’est devenu une substance illicite presque exclusivement consommée au Moyen-Orient et produite en Syrie – où elle a été connue du grand public en Occident quand les jihadistes de l’Etat islamique en ont utilisé.

En 2021, le marché du captagon était estimé à environ 5,3 milliards d’euros, selon un rapport du New Lines Institute publié en avril.

Dans les pays musulmans du Golfe, la prise de captagon est moins taboue que la cocaïne ou même l’alcool. Mais pas moins addictive ou nocive.

Un chauffeur-routier soudanais à Ryad reconnaît, lui aussi sous couvert de l’anonymat, ne plus pouvoir s’en passer. « J’en prends quand je dois conduire plus de dix heures par jour. Je ne pourrais pas rester attentif pendant une telle durée sans les pilules », dit-il.

Fayçal, le jeune marié, avoue ressentir des effets secondaires, sautes d’humeur et irrégularités respiratoires ou cardiaques. « Je peux travailler deux ou trois jours non-stop mais parfois je perds ma concentration et parfois j’ai besoin de dormir toute une journée. »

Mais le jeune homme reste déterminé à en consommer jusqu’à avoir « entièrement remboursé » ses dettes. « Même si cela a détérioré ma vie quotidienne », dit-il.

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