S’échapper de la réalité israélienne tout en résolvant des énigmes
Stimulant mais pas démoralisant, pour tous les âges, le phénomène mondial de jeux d'évasion grandeur nature atteint Tel Aviv et Jérusalem
Les activités d’énigmes pour jeux d’évasion, de grandeurs nature, de résolution de mystères, qui ont lieu dans une salle fermée, un genre de Cluedo pour adultes, sont arrivées en Israël.
Il n’y a rien de particulièrement israélien dans les deux options actuelles, l’Escape Room de Tel Aviv ou le Jerusalem Puzzle Quest ; le projet, a déclaré Shai Nathan, gérant de l’Escape Room de Tel Aviv, est simple : les jeux d’évasion sont amusants.
« Pour certains ce n’est pas leur truc, mais pour plus de 95 % des gens, ils le font et trouvent les indices et l’argent, a déclaré Nathan. Les gens sautent et sont super excités et commencent à crier. »
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La jubilation à laquelle il fait référence prend place à l’Escape Room de Tel Aviv une fois que les joueurs ont trouvé une mallette d’argent liquide caché et un chemin pour s’enfuir de la salle dans le temps alloué.
C’est un scénario typique pour beaucoup de jeux d’évasion. Les jeux proposent en général une fiction d’une heure impliquant un super méchant, un super casse ou une épidémie apocalyptique quelconque. Certains scénarios sont plus Sherlock Holmes qu’Agatha Christie, mais il y a toujours une tension induite et une urgence à sortir de la salle.
A l’Escape Room Tel Aviv, située près du centre Azrieli dans un bâtiment quelconque de la rue Gershon Shatz, les joueurs sont transformés en cambrioleurs qui sont venus mettre à sac la maison d’un millionnaire. Leur but est de s’enfuir avec le lot caché avant son retour à la fin de l’heure. Si les joueurs échouent à sortir avant la fin du temps alloué, un membre de l’équipe déguisé avec un masque en plastique dit au groupe de partir.
Casse-têtes
Tout à l’Escape Room de Tel Aviv est conçu pour réveiller le cerveau, du Rubik’s Cube épars en face du bureau des inscriptions au casse-tête encadré dans les toilettes.
Mais les escaliers qui mènent à l’espace de jeu de l’Escape Room de Tel Aviv sont comme une machine à voyager dans le temps, ramenant les joueurs dans un salon démodé, rempli de volumes d’encyclopédie, d’horloges de grand-père, d’un gramophone et d’armoires.
« L’histoire est celle d’un professeur [millionnaire] donc la pièce ressemble à une ancienne maison, a déclaré Nathan. Vous pouvez trouver des objets modernes qui peuvent être utilisés d’une manière que vous ne soupçonniez pas. »
Après environ 20 minutes à fouiller dans les étagères, ramper sous les meubles et retourner chaque peinture, les joueurs réalisent que sous pression, s’échapper en une heure est tout sauf simple.
« C’est très important dans ce jeu d’être curieux, a expliqué Nathan. Nous avons eu des professeurs d’université ici et ils ont passé un moment difficile. »
Ce jeu d’évasion en particulier est mieux joué en groupes de quatre ou plus, une fois qu’une équipe atteint six joueurs, Nathan divise l’équipe en deux groupes, chacun dans une pièce identique et jouant contre la montre simultanément.
L’Escape Room de Tel Aviv veut que ses deux pièces énigmatiques soient stimulantes, mais pas démoralisantes, donc chaque équipe reçoit une aide de jeu qui propose des indices utiles si nécessaire. Quasiment chaque groupe utilise de l’aide au moins une fois, et presque chaque groupe gagne grâce à cela. A ce moment, la pièce explose d’excitation.
« Nous jouons toujours ‘We are the champions’ de Queen », a déclaré Artyom Popov, qui est copropriétaire de l’Escape Room avec son partenaire, Yuri Eliseev. « En général ils courent, sautent en l’air, chantent la chanson, et demandent si nous construisons une autre pièce. »
Popov, étudiant en ingénierie du logiciel au Technion, est entré dans l’affaire grâce à la facilité avec laquelle chacun peut créer une entreprise de jeu d’évasion.
« C’est facile », a déclaré Popov, qui a d’abord essayé un jeu d’évasion à Budapest. « Les premières pièces n’étaient pas chères mais maintenant nous voulons que chaque nouvelle pièce apporte quelque chose de différent pour être la meilleure, et c’est pour ça que les frais pour construire une nouvelle pièce augmentent. »
Il a estimé que le coût de construction d’une pièce standard était entre 100 et 150 000 shekels. Selon la taille de groupe, l’entrée coûte entre 80 et 120 shekels par personne. Ce sont des coûts – et des profits – similaires à ceux des jeux d’évasion aux Etats-Unis.
Selon le site d’information financière MarketWatch, un jeu d’évasion d’une heure aux Etats-Unis coûte entre 25 et 30 dollars par personne, et autorise en général 10 à 12 joueurs en même temps. A part le coût initial de construction de la pièce, les salaires et le loyer, les pièces ne coûtent pas cher à créer, et certaines pièces ne comprennent pas grand-chose à part une table avec des stylos et du papier.
Popov a déclaré que la compétition en Israël avait déclenché une « évolution » des jeux d’évasion, et a prédit que les premières pièces, avec simplement du papier et un stylo, auraient du mal à survivre aux versions high-tech qui émergent.
Il est évident que les jeux d’évasion sont populaires en Israël. Selon Escape Reviewer, une application pour les jeux d’évasion dans le monde, il y a actuellement 24 jeux d’évasion en Israël, de l’Escape Challenge de Haïfa au Run Out d’Eilat.
« Les Israéliens sont intelligents et ils aiment ce genre d’attraction à cause de leur caractère [qui aiment résoudre des problèmes], a déclaré Popov. Si nous avons tant de jeux d’évasion qui arrivent, vous voyez bien que c’est profitable. »
L’Escape Room de Tel Aviv prévoit d’ouvrir dans quatre autres endroits, à Bnei Brak, Rishon LeZion, Jérusalem, et une pièce supplémentaire à Tel Aviv, en bas de la rue de leur emplacement actuel.
Enigmes saintes
Dans la capitale, l’emplacement du Puzzle Quest fait partie du charme du jeu.
Située à l’arrière d’un parking souterrain dans la zone industrielle de Talpiot, le salle du jeu d’évasion est à l’abri des regards, suscitant une ambiance mystérieuse avant même d’être entré dans la pièce de jeu.
Le but du Puzzle Quest reste le même que celui de tout autre jeu d’évasion – trouver comment sortir – mais avec un scénario différent.
Cette version intègre de la spiritualité juive en introduisant le Nazir, basé sur le personnage biblique qui promet de ne jamais couper ses cheveux et de ne pas boire d’alcool.
Avant le jeu, les joueurs visionnent une vidéo de cinq minutes présentant « Sammy », le meilleur ami du Nazir. Sammy demande aux joueurs d’aider à empêcher le Nazir de boire beaucoup de vin caché quelque part. Les joueurs doivent fouiller les affaires du Nazir et trouver l’alcool en moins d’une heure, alors qu’il est attaché sur une chaise et lutte pour se libérer.
Le piège est que le Nazir ne reste pas silencieux pour longtemps et essaie de faire échouer les tentatives pour trouver sa cachette en donnant de faux indices ou en plaçant les joueurs dans une boîte de pénalité. Les joueurs dans la boîte ne peuvent pas participer activement et peuvent simplement suggérer des endroits à leurs coéquipiers.
La pièce n’est pas verrouillée parce que les propriétaires du Puzzle Quest de Jérusalem ne veulent pas que les joueurs se sentent piégés, mais tous les téléphones sont interdits et stockés en dehors de la pièce donc les joueurs doivent utiliser leurs propres compétences de détectives – plutôt que des outils électroniques – pour gagner. Cela se passe de la même manière à l’Escape Room de Tel Aviv.
Un groupe de joueurs n’a pas pu résoudre l’énigme pendant une récente soirée en semaine.
« Il y avait trop d’indices », a déclaré Dana Assayag, qui était là avec des amis pour célébrer les 40 ans d’un ami. Pourtant, « c’était un défi et c’était amusant ».
Un autre groupe de joueurs, Lee Ann Morris et son mari Lawrence, originaires de Sydney, en Australie, se sont renseignés sur le Puzzle Quest de Jérusalem sur internet pendant qu’ils visitaient Jérusalem avec leurs enfants de 11 et 12 ans.
La famille australienne a eu un peu de difficultés à localiser la pièce au début.
« Elle était un peu effrayée [de marcher dans le parking] et a dit ‘Wow, où allons-nous ?’ », a raconté Lawrence Morris à propos de sa femme. « Mais de résoudre le problème était très cool. »
Ce sont ces aspects originaux des jeux d’évasion qui les ont rendues si populaire dans le monde. L’industrie a été inspirée d’un jeu vidéo de point and click au Japon, intitulé « Real Escape Game », selon le magazine MarketWatch. Le concept s’est répandu en Asie avant d’émigrer vars les Etats-Unis en 2012, en Europe, et à présent en Israël.
Que ce soit à Tel Aviv ou à Jérusalem, les aides de jeu parlent hébreu et anglais couramment. Les deux se vendent comme une activité pour tous les âges, bien qu’ils ne le recommandant pas aux enfants de moins de 10 ans. Il est recommandé de réserver en ligne avant d’arriver, bien qu’occasionnellement il y ait des disponibilités. Selon la taille du groupe, l’entrée coûte entre 80 à 120 shekels.
Escape Room Tel Aviv, 30 rue Gershon Shatz, Tel Aviv, ouvert sept jours par semaine, de 9h00 à minuit.
Jerusalem Puzzle Quest, 28 rue du Général Pierre Koenig, Talpiot, Jérusalem, ouvre à 10h00 tous les jours sauf le samedi, où il ouvre une heure après la sortie de Shabbat.
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