Israël en guerre - Jour 369

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INTERVIEWDES "CONSÉQUENCES DÉSASTREUSES" POUR L'IRAN

Selon le nouvel envoyé au Moyen-Orient, l’Ukraine est « frustrée » par Lapid et Israël

Maksym Subkh, le nouvel envoyé de Kiev au Moyen-Orient, a déclaré que Lapid est devenu plus prudent depuis qu'il est devenu Premier ministre, mais a salué l'aide humanitaire

Lazar Berman

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Maksym Subkh, représentant spécial de l'Ukraine pour le Moyen-Orient et l'Afrique. (Autorisation)
Maksym Subkh, représentant spécial de l'Ukraine pour le Moyen-Orient et l'Afrique. (Autorisation)

L’Ukraine reste frustrée par la position d’Israël concernant l’invasion du pays par la Russie, a déclaré cette semaine le nouvel envoyé de Kiev au Moyen-Orient, tout en saluant les efforts humanitaires du gouvernement et de la société civile d’Israël.

« Nous aimerions entendre de la part d’Israël une condamnation plus ouverte et plus franche de l’agression russe, notamment au niveau politique », a déclaré Maksym Subkh, représentant spécial de l’Ukraine pour le Moyen-Orient et l’Afrique, au Times of Israel cette semaine, « et nous aimerions entendre ces déclarations de la part des plus hauts responsables politiques d’Israël ».

Subkh, un arabophone qui a travaillé comme envoyé de l’Ukraine en Mauritanie et en Algérie jusqu’à ce qu’il soit nommé à son nouveau poste par le président Volodymyr Zelensky en juillet, a également allégué que le Premier ministre Yair Lapid a changé de discours depuis son accession au poste de Premier ministre, il y a trois mois.

« Nous savons que Lapid a réellement critiqué les méfaits de la Russie lorsqu’il occupait le poste de ministre des Affaires étrangères », a déclaré Subkh. « Mais lorsqu’il est devenu Premier ministre, ses déclarations sont devenues de plus en plus prudentes. »

Interrogé sur l’affirmation de Subkh, un porte-parole de Lapid l’a fermement rejetée en soulignant que le ministère des Affaires étrangères a condamné mardi les résultats des référendums dans les zones d’Ukraine occupées par la Russie, déclarant que Jérusalem « reconnaît l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine, et ne reconnaîtra pas les résultats des référendums dans ses districts orientaux ».

Lapid continue d’occuper le poste de ministre des Affaires étrangères après être devenu Premier ministre, en juillet.

Le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022. (Crédit : Niv Musman/GPO)

Subkh a ajouté que l’Ukraine « se sent frustrée qu’Israël ne soit pas prêt et n’ait pas participé au deuxième sommet de la Plate-forme Crimée ».

La réunion du 23 août, à laquelle ont participé des hauts fonctionnaires de tous les pays du G7, de l’UE, de l’ONU et de l’OTAN, a été l’occasion pour les dirigeants occidentaux de se réunir pour condamner l’invasion de la Russie.

Subkh espérait qu’Israël se joindrait au sommet parlementaire de la Plate-forme Crimée en octobre en Croatie, mais un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères a déclaré au Times of Israel qu’il était peu probable qu’Israël y participe.

Ce rassemblement « montrerait le soutien d’Israël à la non-reconnaissance de l’occupation russe, non seulement de la Crimée, mais aussi des territoires temporairement occupés de l’Ukraine », a fait valoir Subkh. « Il est également très important de persuader et de convaincre Israël de se joindre aux sanctions internationales imposées à la Russie, car Israël n’a jamais montré qu’il était prêt à se joindre à ces sanctions. »

Un convoi de véhicules blindés russes se déplaçant sur une autoroute en Crimée, le 18 janvier 2022. (Crédit : AP Photo)

L’envoyé a également critiqué la politique d’Israël à l’égard des réfugiés ukrainiens au début de la guerre, la qualifiant de « vraiment très inquiétante ».

En mars, la ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked a imposé un plafond aux réfugiés ukrainiens entrant dans le pays et leur a demandé de remplir un formulaire avant de se rendre en Israël. Cette mesure a suscité de vives critiques de la part de l’Ukraine, qui a déclaré qu’elle bafouait l’accord sur les visas conclu entre les deux pays.

La Cour suprême d’Israël a finalement annulé les consignes données par la ministre de l’Intérieur, de plafonner le nombre de réfugiés de guerre ukrainiens autorisés à séjourner en Israël.

Concernant le refus d’Israël de vendre des armes à l’Ukraine, Subkh a déclaré que l’Ukraine « attend d’Israël qu’il lève ces restrictions et qu’il autorise les entreprises exportatrices qui produisent du matériel militaire à exporter ce matériel en Ukraine pour aider [leurs] forces armées à contrer l’agression russe et à être plus résistantes ».

Des manutentionnaires chargeant des colis d’aide humanitaire israélienne destinés à l’Ukraine à bord d’un avion d’El Al, à l’aéroport Ben Gurion de Tel Aviv, le 1er mars 2022. (Crédit: Avshalom Sassoni/Flash90)

Ses critiques font écho à celles formulées par d’autres responsables ukrainiens tout au long de la guerre. Jeudi, l’ambassadeur d’Ukraine en Israël Yevgen Korniychuk s’est plaint à la radio de l’armée que « l’Ukraine n’a reçu aucune aide militaire d’Israël au cours des sept derniers mois… les Israéliens ne parlent que d’Ouman ».

Lors d’un discours prononcé en juin devant les étudiants de l’université hébraïque de Jérusalem, Zelensky a déploré « ne pas pouvoir dire, malheureusement, que l’Ukraine a obtenu l’aide qu’elle aurait souhaité de la part d’Israël ».

Jérusalem a évité de fournir une aide militaire directe à Kiev – y compris des armes offensives ou des technologies défensives avancées – afin d’éviter de déclencher une crise avec Moscou. Elle a envoyé des casques, des gilets de protection, des combinaisons de protection contre les mines, des masques à gaz et des systèmes de filtration de substances dangereuses.

Le diplomate ukrainien a tout de même réservé quelques éloges à Israël. Il a félicité Jérusalem pour ses votes en faveur de l’Ukraine aux Nations unies, notamment pour la résolution de l’Assemblée générale du 2 mars, coparrainée par Israël, qui condamnait l’invasion russe.

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, sur un écran alors qu’il prononce un discours à distance, lors de la 49e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies au siège européen des Nations Unies à Genève, en Suisse, le 1er mars 2022. (Crédit : Salvatore Di Nolfi/Keystone via AP/Pool)

En avril, Israël a voté pour la suspension de Moscou du Conseil des droits de l’homme.

Il a également fait l’éloge de l’aide humanitaire envoyée par Israël. « Israël a réussi à mettre en place un hôpital de campagne dans les régions occidentales de l’Ukraine, qui a été maintenu pendant plus de six semaines. En outre, environ 100 tonnes d’aide humanitaire ont été directement envoyées à l’Ukraine par le gouvernement israélien ».

Subkh a salué la collaboration entre les universités israéliennes et ukrainiennes, les séminaires de formation pour les Ukrainiens en Israël dans les domaines de la psychologie, de l’éducation et de la gestion de l’eau, ainsi que l’aide fournie par les organisations juives internationales.

Le représentant a laissé entendre que le renforcement du soutien israélien pourrait se traduire par une position plus favorable à l’Ukraine au sein des Nations unies.

« Nous sommes prêts à discuter de toutes les options de coopération future et de coordination de nos positions à l’ONU », a-t-il déclaré. « Mais nous devons d’abord voir des mesures concrètes prises par le gouvernement israélien en vue de condamner l’agression russe. »

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’adressant aux étudiants de l’université hébraïque de Jérusalem par visioconférence, le 23 juin 2022. (Autorisation)

Ce soutien potentiel n’inclurait toutefois pas un déménagement de son ambassade à Jérusalem. « L’Ukraine adhère aux résolutions pertinentes de l’ONU, y compris celles qui déterminent le statut de Jérusalem, et nous pensons que le statut de Jérusalem devrait être identifié et reconnu par des pourparlers et des négociations, y compris des pourparlers directs entre Israël et la Palestine. »

Subkh a expliqué que « la position principale de l’Ukraine est de ne pas prendre des mesures unilatérales à l’égard de tout conflit » ou de toute question qui est raisonnable en termes de politique future de l’Ukraine dans la région. « Nous entretenons donc de bonnes relations avec les pays du monde arabe ainsi qu’avec Israël. »

Israël a avancé des arguments similaires pour expliquer ses tentatives de maintenir des canaux ouverts avec Kiev et Moscou.

Des « conséquences désastreuses » pour l’Iran

Il semble toutefois y avoir plus de place à la coopération au sujet de l’Iran.

Les liens entre l’Ukraine et l’Iran ont pris un tournant radical ces dernières semaines, car Kiev et les services de renseignement américains accusent l’Iran de fournir à la Russie des drones qui ont été utilisés dans des attaques meurtrières de citoyens ukrainiens. Si l’Iran a d’abord démenti, le chef paramilitaire des Gardiens de la Révolution islamique s’est ensuite vanté d’armer les plus grandes puissances mondiales.

L’épave de ce que Kiev a décrit comme un drone iranien Shahed abattu près de Kupiansk, en Ukraine. (Crédit : Direction des communications stratégiques de l’armée ukrainienne via AP)

« L’utilisation d’armes de fabrication iranienne par les troupes russes… sont des mesures prises par l’Iran contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de notre État, ainsi que contre la vie et la santé des citoyens ukrainiens », a écrit sur Facebook Sergii Nykyforov, un porte-parole de Zelensky.

Pendant ce temps, le ministère ukrainien de la Défense a tweeté que Téhéran était désormais un partisan du « nazisme russe et du meurtre de citoyens pacifiques ».

Vendredi dernier, l’Ukraine a annoncé qu’elle prenait des mesures diplomatiques contre la République islamique, révoquant l’accréditation de son ambassadeur et ordonnant une réduction significative du personnel de l’ambassade.

« Nous demandons à nos partenaires de ne pas permettre à l’Iran d’être engagé ou impliqué dans la guerre contre l’Ukraine en fournissant des équipements militaires ou toute forme d’aide militaire à la Russie, car en faisant cela, tout pays, y compris l’Iran, pourrait être considéré comme faisant partie de ce conflit », a déclaré Subkh.

L’ambassadeur d’Israël en Ukraine Michael Brodsky durant un entretien avec le Times of Israel, à son bureau de Kiev, le 16 février 2022 (Crédit : Ynet)

Si les services de renseignement ukrainiens déterminent que des armes étrangères ont été utilisées par la Russie pour attaquer des cibles ukrainiennes, a poursuivi Subkh, « cela aura des conséquences très graves pour les pays responsables, et c’est pourquoi notre coopération et notre coordination avec Israël sont en cours ; nous aimerions qu’elles soient plus larges, plus actives et plus ouvertes ».

Axios a rapporté plus tôt ce mois-ci que Subkh avait demandé à Israël de partager des renseignements sur les drones iraniens lors d’une réunion le 7 septembre avec l’ambassadeur d’Israël en Ukraine Michael Brodsky et Simona Halperin, directrice générale adjointe du ministère des Affaires étrangères pour l’Eurasie.

Subkh et Brodsky se sont rencontrés à une autre occasion depuis la nomination du nouvel envoyé de Kiev au Moyen-Orient.

« Il a soulevé les mêmes points avec nous », a déclaré Brodsky au Times of Israel.

Brodsky a également invité Subkh en Israël, mais rien n’a encore été prévu.

En ce qui concerne le programme nucléaire iranien, l’Ukraine ne partage pas la position israélienne selon laquelle l’accord nucléaire Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA) avec l’Iran devrait être abandonné. « Nous sommes très préoccupés par les activités de l’Iran, y compris les activités nucléaires, et nous exhortons l’Iran à adhérer à la mise en œuvre du JCPOA », a déclaré Subkh.

Mohammad Eslami, chef de l’agence nucléaire iranienne, à gauche, et le gouverneur pour l’Iran auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Kazem Gharib Abadi, quittant la conférence générale de l’AIEA à Vienne, en Autriche, au mois de septembre 2021. (Crédit : AP Photo/Lisa Leutner/Dossier)

Le diplomate a toutefois exprimé son inquiétude face à l’enrichissement de l’uranium iranien et à la réticence de Téhéran à coopérer avec les enquêtes de l’AIEA sur des traces d’uranium dans trois sites militaires non déclarés.

Subkh a déclaré que sa nomination atteste « à quel point nous sommes préoccupés et intéressés par le développement de nos relations bilatérales et multilatérales avec les États du Moyen-Orient et d’Afrique à la lumière de l’agression russe ».

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