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Selon un diplomate iranien, Téhéran va refuser le projet d’accord nucléaire américain

Selon un responsable, l'offre ne répond pas à la demande de Téhéran de continuer à enrichir l'uranium et n'anticipe pas de levée des sanctions

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, au Caire le 2 juin 2025 (AFP)
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, au Caire le 2 juin 2025 (AFP)

DUBAI (Reuters) – L’Iran est sur le point de refuser le projet américain destiné à mettre fin à un différend nucléaire vieux de plusieurs dizaines d’années, a déclaré un diplomate iranien, qui a qualifié ce projet d’« échec ». Il a déploré que le plan ne tienne pas compte des intérêts de Téhéran et qu’il reste adossé à la position de Washington sur les activités d’enrichissement de l’uranium de l’Iran.

« L’Iran est en train de rédiger une réponse négative à la proposition américaine, ce qui pourrait être interprété comme un rejet de l’offre faite par les États-Unis », a annoncé à Reuters ce diplomate de haut rang, proche des négociateurs iraniens.

La proposition américaine, s’agissant de ce nouvel accord sur le nucléaire, a été présentée samedi à l’Iran par l’entremise du ministre omanais des Affaires étrangères et médiateur des pourparlers nucléaires entre Téhéran et Washington, Sayyid Badr Albusaidi, qui était en bref déplacement à Téhéran.

À l’issue de cinq cycles de pourparlers entre le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, et l’envoyé du président américain Donald Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff, des négociations qui ont visé à résoudre l’impasse nucléaire, de nombreuses questions restent encore en suspens.

Parmi elles, le refus iranien de se plier à l’exigence américaine de mettre un terme à l’enrichissement de l’uranium et d’envoyer à l’étranger la totalité de son stock d’uranium hautement enrichi – une matière première nécessaire aux bombes nucléaires.

Téhéran assure vouloir maîtriser la technologie nucléaire à des fins purement pacifiques et nie depuis toujours les accusations lancées par les puissances occidentales qui affirment que la république islamique cherche à mettre au point une arme atomique, tout en enrichissant de l’uranium à des niveaux sans rapport avec une simple application civile.

Un récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique a donné le détail de plusieurs initiatives prises par l’Iran pour développer la technologie nucléaire militaire.

Des véhicules de délégations quittent l’ambassade d’Oman après un cinquième cycle de pourparlers nucléaires entre l’Iran et les États-Unis, à Rome, le 23 mai 2025. (Crédit : Filippo MONTEFORTE / AFP)

« Dans ce projet, la position américaine sur les activités d’enrichissement sur le sol iranien reste inchangée, et il n’y a pas d’explication claire concernant la levée des sanctions », a expliqué le diplomate, qui a refusé de donner son nom en raison de la sensibilité de la question.

M. Araghchi a déclaré que Téhéran répondrait officiellement à la proposition sous peu.

Téhéran exige la suppression immédiate de toutes les restrictions imposées par les États-Unis qui nuisent à son économie, adossée au commerce du pétrole. Mais vu du côté américain, la levée des sanctions liées au nucléaire ne pourra se faire que par étapes.

Des dizaines d’institutions iraniennes vitales pour l’économie iranienne, dont la Banque Centrale et la compagnie pétrolière nationale, font depuis 2018 l’objet de sanctions en raison, selon Washington, de leur « soutien au terrorisme ou à la prolifération des armes ».

La relance par Trump d’une campagne de « pression maximale » contre Téhéran, depuis son retour à la Maison Blanche au mois de janvier dernier, est passée par des sanctions renforcées et par des menaces de bombardement de l’Iran si les négociations ne devaient pas être conclusives.

En 2018, lors de son premier mandat, Trump avait retiré les Etats-Unis de l’accord conclu en 2015 avec Téhéran et six autres puissances et réimposé des sanctions qui ont depuis paralysé l’économie iranienne. Téhéran avait rapidement réagi en enfreignant les limitations encadrant son programme nucléaire, telles qu’elles étaient définies dans le cadre de l’accord de 2015.

En vertu de l’accord, l’Iran avait, jusqu’en 2018, réduit ses activités nucléaires sensibles en échange d’un allègement des sanctions économiques des États-Unis, de l’UE et de l’ONU.

Selon le diplomate, l’avis du « comité des négociations nucléaires de l’Iran », placé sous la supervision du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, est que la proposition américaine est « totalement unilatérale » et oublieuse des intérêts de Téhéran.

Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi (à gauche), reçu par le directeur de l’AEOI, Mohammad Eslami (à droite), à Téhéran, le 17 avril 2025. (Crédit : Organisation iranienne de l’énergie atomique/AFP)

Toujours selon ce diplomate, cela explique que Téhéran y voie une proposition « vouée à l’échec » qui tente d’imposer par la force un « mauvais accord » à l’Iran par le biais d’exigences excessives.

Regain de tensions au Moyen-Orient

Les enjeux sont d’importance pour les deux parties. Trump veut autant que possible empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire, ce qui pourrait déclencher une course aux armements nucléaires dans toute la région et peut-être même menacer Israël. L’establishment clérical iranien, pour sa part, entend se débarrasser de sanctions écrasantes.

L’Iran se dit prêt à accepter certaines limites à l’enrichissement, mais a besoin de garanties solides sur le fait que Washington ne reviendra pas un jour sur un possible nouvel accord nucléaire.

La semaine dernière, deux membres des autorités iraniennes avaient déclaré à Reuters que l’Iran serait prêt à suspendre ses activités d’enrichissement de l’uranium si les États-Unis débloquaient les fonds iraniens gelés et reconnaissaient le droit de Téhéran de raffiner l’uranium à des fins civiles dans le cadre d’un « accord politique » susceptible de conduire à un accord nucléaire global.

Une photo distribuée par la présidence iranienne montre le président Massoud Pezeshkian (2e à droite) et le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Mohammad Eslami (à droite), lors de la « Journée nationale de la technologie nucléaire », à Téhéran, le 9 avril 2025. (Présidence iranienne / AFP)

Israël considère le programme nucléaire iranien comme une menace existentielle et assure qu’il ne laissera jamais Téhéran se doter de l’arme nucléaire.

À l’occasion d’une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au Caire, Araghchi a déclaré : « Je ne pense pas qu’Israël commettra l’erreur d’attaquer l’Iran. »

L’influence régionale de Téhéran a entre-temps été amoindrie par les revers militaires subis par ses forces et celles de ses alliés de l’« Axe de la résistance » dominé par les chiites, qui comprend le Hamas, le Hezbollah, les Houthis au Yémen et les milices irakiennes.

En avril dernier, le ministre saoudien de la Défense a adressé un message direct aux autorités iraniennes pour les inviter à considérer sérieusement la proposition de Trump afin d’éviter une guerre avec Israël.

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