Shaked à la Knesset pour empêcher la vice-procureure générale de s’y présenter
La ministre de la Justice a promis que Dina Zilber ne représenterait plus le gouvernement au Parlement suite à ses critiques sur la loi sur l'art loyal

La ministre de la Justice Ayelet Shaked a annoncé dimanche qu’elle représenterait son ministère lors d’une audience sur la régulation de l’industrie des produits laitiers à la place de Dina Zilber, vice-procureure générale.
Dans une déclaration faite à la presse, le bureau de Shaked a précisé que cette initiative « vient suivre l’annonce faite par Shaked que Zilber n’apparaîtra plus au sein des commissions de la Knesset au cours de la session d’hiver » du Parlement.
Zilber avait suscité la colère les députés de droite le 6 novembre lorsqu’elle avait critiqué le projet de loi dit « de l’art loyal » durant une réunion de la commission de la Knesset de l’Education, de la Culture et des Sports. Elle avait estimé que le texte – qui menace de retirer les financements d’Etat aux institutions culturelles qui présentent des oeuvres artistiques considérées comme trop critiques du gouvernement et de l’Etat – posait « de réelles difficultés ».
Le projet de loi est dorénavant en suspens après avoir échoué à réunir suffisamment de soutiens à la Knesset pour pouvoir être présenté à un vote final.
S’il avait été adopté, il aurait transféré l’autorité nécessaire pour couper les fonds versés à la culture du ministère des Finances à celui de la Culture, avec à sa tête la ministre Miri Regev (Likud).

Le transfert d’autorité préconisé par la législation et accordé au ministère de la Culture crée « un effet d’auto-censure », avait estimé Zilber en s’adressant aux députés le mois dernier.
Elle avait ajouté que « le pays change. Ce ne sont pas des jours simples et ils nous amènent non seulement de nouvelles lois mais.. un dialogue dans la confrontation, des blessures et des cicatrices sur notre tissu social en partage, avec des calomnies et des étiquetages – qui est avec nous et qui est contre nous ».
Elle avait accusé les parlementaires de chercher des « conseillers juridiques obéissants, des artistes conformes, des médias complaisants et un public plein de déférence à l’opinion unique ».
Shaked avait critiqué avec forces les propos de Zilber, disant qu’ils n’étaient pas professionnels et affirmant dans une lettre adressée au procureur-général Avichai Mandelblit qu’il était « également clair qu’elle ne souhaite pas agir de manière professionnelle et honnête en tant que conseillère juridique ».
Elle avait suggéré que Zilber se présente en tant que candidate à une fonction politique tout en affirmant qu’elle devait être limogée de son poste, ayant franchi « toutes les limites » de son statut de haute fonctionnaire.
Après avoir temporairement suspendu les apparitions de Zilber à la Knesset et après avoir effectué une enquête disciplinaire sur ses propos, Mandelblit avait annoncé qu’il conserverait son adjointe mais lui avait envoyé un courrier blâmant son comportement, estimant que la terminologie à connotation fortement politique qu’elle avait utilisée avait nui au bureau du Procureur général.
Shaked avait alors riposté en insistant sur le fait qu’elle ne permettrait plus à Zilber de participer aux réunions des commissions de la Knesset en tant que représentante du ministère de la Justice au cours de la session parlementaire actuelle, qui doit normalement s’achever au mois de mars.
Plus tard, le conseiller juridique Eyal Yinon avait informé les présidents de commission, à la Knesset, qu’ils n’avaient pas l’autorité nécessaire pour interdire la présence de Zilber si elle était envoyée par Mandelblit pour le représenter.
Ce qui peut n’avoir laissé d’autre alternative à Shaked que de se présenter elle-même aux commissions en tant que plus haute responsable du ministère de la Justice.
L’annonce faite par Shaked, dimanche, concerne une réunion de commission de l’Economie qui se penche actuellement sur un nouvel accord entre le gouvernement et l’industrie des produits laitiers sur les subventions et les prix au détail – un accord dans lequel Zilber s’était fortement impliquée.