Shikun & Binui va construire un complexe du renseignement de Tsahal dans le sud
Le ministère de la Défense avance avec son projet pour transférer le renseignement militaire dans le nord du Negev
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Lundi, l’entreprise de construction Shikun & Binui a remporté un énorme contrat du ministère de la Défense évalué à plusieurs milliards de shekels. L’entreprise sera chargée de construire et d’entretenir un grand complexe du renseignement militaire autour de Beer Sheva dans le cadre d’un transfert de bases et de personnel de Tsahal dans le sud du pays.
Le projet de transférer des unités du renseignement militaire vers le désert du Negev depuis des sites très confortables au centre d’Israël a rencontré une forte opposition au sein de Tsahal. Des hauts gradés redoutent que des officiers du renseignement militaire puissent quitter l’armée pour des emplois mieux payés dans le civil plutôt que de devoir déménager. Le projet a également été confronté à des problèmes de logistique liés aux transports publics inadaptés dans le sud.
A cause de la réticence au sein de l’armée israélienne, le plan pour déplacer les bases du renseignement militaire vers le sud, qui avait été approuvé en 2011, a subi de nombreux délais et certains ont été accusés de traîner les pieds. En 2015, il y a eu la publication d’un rapport cinglant du contrôleur de l’Etat sur le projet et un recours a été déposé devant la Cour suprême par un groupe d’activistes du Negev le mois dernier.
Le complexe proposé regrouperait sur une seule base un certain nombre d’unités du renseignement qui sont actuellement éparpillés dans le centre d’Israël, où elles occupent des espaces immobiliers chers et très convoités.
La base de 2,5 km2 devrait accueillir 12 000 soldats, dont environ 5 000 officiers de carrière et sous-officiers.
Lundi, le ministère de la Défense a annoncé qu’il avait choisi l’entreprise de construction Shikun & Binui pour « financer, construire, opérer et entretenir » le site pour les 26 prochaines années.
Le montant exact du contrat n’a pas été dévoilé, mais on estime qu’il pourrait se chiffrer à plusieurs milliards de shekels. Shikun & Binui a devancé deux autres entreprises pour le contrat : Electra-Minrav, qui a construit l’énorme « ville de bases d’entraînement » de Tsahal dans le sud d’Israël, et Shapir Ingénierie et Industrie, qui a récemment remporté un contrat du ministère de la Défense pour construire un énorme centre de logistique pour Tsahal.
Shikun & Binui, l’une des plus anciennes et des plus grandes sociétés de construction d’Israël, a construit beaucoup des plus célèbres bâtiments du pays : la Knesset, le Musée Israël, le quartier général du ministère de la Défense et certains tribunaux.
Au lieu d’opter pour une méthode traditionnelle de financement direct, le complexe sera construit par le biais de ce que l’on appelle une initiative privée de financement. Une entreprise privée lève les fonds initiaux pour construire le projet et elle est ensuite remboursée annuellement par le gouvernement selon les termes du contrat.
Selon le ministère, Shikun & Binui a jusqu’à la fin de l’année pour rassembler le financement nécessaire à la construction de la base de renseignement et pour achever la phase de planification avant de commencer la construction.
Le ministère a indiqué avoir pour objectif de faire venir la majorité des unités du renseignement militaire sur le complexe d’ici 2026.
En plus de libérer un espace de grande valeur dans le centre d’Israël, le gouvernement pense qu’en ouvrant une grande base militaire dans le désert du Negev, cela stimulera l’économie locale. D’un point de vue idéologique, la décision s’inscrit dans la lignée de la vision du premier Premier ministre d’Israël, David Ben-Gurion, qui a invité ses compatriotes à « faire fleurir le désert ».
Le projet d’inscrit dans un effort plus large actuellement en cours visant à déplacer la majorité des opérations de Tsahal de dehors de Tel Aviv et de ses environs afin de libérer des espaces que les experts de l’immobilier estiment valoir des dizaines de milliards de dollars. Il s’agit également de répondre à la crise du logement actuelle qui affecte le centre du pays.
« Cette initiative rassemblera les meilleurs cerveaux du domaine technologique de Tsahal dans le Negev. Ils constitueront une base pour une coopération sociétale, militaire et académique. Cela renforcera la zone urbaine de Beer-Sheva comme un nouveau centre technologique pour Israël, avec l’accent porté sur le domaine numérique », a déclaré lundi le ministère de la Défense.
« Créer un complexe du renseignement militaire dans le Negev conduira au développement économique de la zone, avec des milliers de nouveaux employés directement embauchés sur le complexe du renseignement, et de milliers d’emplois supplémentaires qui créeront de grandes opportunités d’embauche », a souligné Tsahal.
En plus des bénéfices pour la zone, le ministère a indiqué que la nouvelle base donnerait aussi au Directoire du renseignement militaire une meilleure infrastructure. Cela permettra aux différentes unités basées là-bas de mieux travailler ensemble, « et ainsi de renforcer les capacités technologiques et de renseignement de Tsahal face aux défis croissants ».
La semaine dernière, le ministre de la Défense Benny Ganz a visité le site retenu pour le complexe du renseignement militaire à Likit, autour de Beer-Sheva, soulignant sa détermination pour faire avancer le projet.
« Moi et tous les responsables de la Défense voyons le Negev comme le bon endroit où nous développer. C’est l’endroit où nous aurons la meilleure et la plus importante installation avec les plus hautes technologies afin de créer une branche du renseignement [militaire] plus forte et en pointe. C’est la raison principale pour transférer le Directoire du renseignement militaire vers le Negev », a-t-il déclaré.
En même temps, Gantz a reconnu que des problèmes techniques persistants entravaient le projet.
« Nous rassemblons tous les groupes du gouvernement afin d’attribuer une enveloppe sociale et infrastructurelle – avant tout pour trouver une solution raisonnable concernant le transport public, mais aussi pour soutenir et promouvoir les gens qui viennent ici dans le cadre de l’effort de sécurité nationale », a-t-il expliqué.