Shlomo Karhi veut pouvoir censurer les émissions dangereuses pour Israël
Le ministre des Télécommunications nie vouloir faire emprisonner les personnes dont les productions médiatiques sapent le moral des troupes ou incitent à la rébellion
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
![Le ministre des Communications Shlomo Karhi dans le bureau du Premier ministre, le 10 septembre 2023. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90) Le ministre des Communications Shlomo Karhi dans le bureau du Premier ministre, le 10 septembre 2023. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2023/10/F230910CG08-640x400.jpg)
Le ministre des Communications, Shlomo Karhi, a proposé l’adoption de nouvelles dispositions d’urgence l’autorisant à censurer les émissions et confisquer le matériel de diffusion de médias considérés comme portant atteinte à la sécurité nationale ou à l’ordre public ou servant de relais à la « propagande de l’ennemi ».
Ce projet de règlement semble destiné à lui permettre de fermer les services locaux de la chaîne d’information Al Jazeera, qu’il accuse de nuire à la sécurité nationale et d’inciter à la violence. Des voix se sont élevées pour dire leur inquiétude face à une possible entrave à la liberté de la presse.
Ce projet devait être soumis à l’approbation ministérielle lors d’une réunion du Conseil des ministres consacré aux questions de sécurité, hier lundi.
Dimanche, The Marker a publié des détails de ce qui est présenté comme un projet de règlement antérieur nettement plus dur, qui aurait donné au ministre des Communications le pouvoir de mettre en détention toute personne dont la production médiatique sape le moral des troupes, nuit à la sécurité nationale ou incite à la rébellion.
Sur Twitter, ce dimanche, Karhi a nié toute intention allant dans le sens de telles mesures, assurant que les projets de règlements soumis au Conseil des ministres avaient, au préalable, été approuvés par le Conseil de sécurité nationale, le ministère de la Défense et d’autres, en plus d’être soumis à l’approbation des services du procureur général.
![](https://static.timesofisrael.com/fr/uploads/2023/10/Screen-Shot-2023-10-07-at-17.55.11-e1696690855369-640x400-1.jpg)
Dans leur forme la plus modérée, ces projets de lois – dont les détails ont été publiés en avant-première par les informations de Kan – disposent que le ministre sera autorisé à prendre des mesures envers les émissions « très susceptibles » de porter tort à « la sécurité publique ou à la sécurité nationale, ou de servir de relais à la propagande de l’ennemi », sous réserve de l’accord du censeur militaire.
Selon The Marker et le média d’investigation The Seventh Eye, le projet le plus extrême aurait donné au ministre le pouvoir d’ordonner à la police, avec l’accord du ministre de la Sécurité intérieure, d’arrêter tout journaliste ou employé des médias pour violation de l’article 103 du code pénal qui, en temps de guerre, interdit de publier des informations « susceptibles de saper le moral des soldats et des Israéliens dans leur ensemble », sous peine d’un maximum de cinq ans de prison.
Le ministre de la Sécurité intérieure n’est autre que le chef du parti d’extrême droite Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir, déjà condamné pour incitation au racisme contre la minorité arabe d’Israël.
Karhi s’est inscrit en faux face à l’article de The Marker, qu’il a qualifié de calomnieux, souhaitant sur un ton sarcastique à ce « journal totalement fou », qui diffame régulièrement Israël, « un prompt rétablissement ».
Le porte-parole du ministère de Karhi n’a pas répondu à la question portant sur les modalités d’obtention de la version actuelle du règlement, à savoir s’il était le résultat de corrections apportées à une proposition initiale de plus grande portée.