Shoah : Annonce d’une plainte d’Eric Ciotti après le tweet de Cédric Herrou
L'agriculteur connu pour son soutien aux migrants a comparé les propositions du député LR contre l'immigration illégale au nazisme
Le député Les Républicains (LR) des Alpes-Maritimes Eric Ciotti a annoncé son intention de porter plainte contre Cédric Herrou, agriculteur devenu public personnage depuis sa condamnation pour avoir porté assistance à des migrants.
« Ce dernier a comparé la lutte de l’élu contre l’immigration illégale avec les chambres à gaz », rapporte le Crif.
« Je vais déposer plainte pour diffamation contre Cédric Herrou dont les provocations indécentes n’ont pas leur place dans notre démocratie. »
Ce dernier avait tweeté le 14 juin dernier : « Quand Eric Ciotti dit en 2018 ‘mettons les migrants en Libye’ il dirait en 1940 ‘mettons-les dans des chambres à gaz' ».
« En convoquant les chambres à gaz pour cultiver le buzz médiatique et faire exister son activisme pro-migrants, Cédric Herrou a montré le vrai visage des militants “no-borders” qui se rendent complices des passeurs. Instrumentaliser ainsi les chambres à gaz est indigne et indécent pour le martyr des 6 millions de victimes de la Shoah, » a déclaré Eric Ciotti.
Tweet scandaleux de @CedricHerrou qui instrumentalise la #Shoah et les chambres à gaz pour attaquer @ECiotti par le détournement abusif et abject de ses propos sur les migrants. Eric Ciotti est un ardent défenseur du devoir de mémoire.
— Francis Kalifat (@FrancisKalifat) June 13, 2018
Le préfet des Alpes-Maritimes avait déjà assigné au tribunal correctionnel de Nice pour « injure publique » l’agriculteur défenseur des migrants Cédric Herrou qu’il accuse d’avoir dressé un parallèle entre le traitement des migrants demandant l’asile et celui des Juifs sous l’Occupation.
M. Georges-François Leclerc reprochait à M. Herrou d’avoir écrit sur son Facebook les 12 et 13 juin : « Peut-être le préfet des Alpes-Maritimes pourrait s’inspirer des accords avec la SNCF pendant la 2e guerre pour le transport des juifs pour gérer le transport des demandes d’asile…bref », selon le courrier reçu par M. Herrou, cité à comparaître le 20 novembre.
Réquisitionnée par le régime nazi, la SNCF a transporté 76 000 juifs à travers la France vers les camps d’extermination entre 1942 et 1944. Seulement 3 000 d’entre eux ont survécu, selon le groupe ferroviaire.
« Cédric Herrou a déjà été entendu par le parquet et s’est expliqué sur ce message qui faisait suite au refus de la SNCF de laisser monter dans le train à Breil-sur-Roya des migrants qui se rendaient à Nice pour enregistrer leur demande d’asile », avait indiqué Me Zia Oloumi, son avocat.
C’est à pied par la montagne que M. Herrou avait emmené ces migrants, des Soudanais en majorité, à Nice.
Déjà à l’automne 2016, les autorités et les élus avaient été piqués au vif par un article du New York Times comparant les contrôles de la police dans les trains près de Menton au sort des juifs sous l’Occupation.
Le préfet était sorti de sa réserve pour contredire dans les colonnes de Nice-Matin l’historien Yvan Gastaut, qui avait comparé ceux qui aident les migrants aux Justes qui sauvaient les juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
La sénatrice écologiste Esther Benbassa (EELV) a refait la même comparaison à Menton. « Tout m’a heurtée, et la gare quand même ! », s’est-elle exclamée.
« Etant professeur d’histoire à l’université, ça m’a rappelé des temps bien sombres où l’on contrôlait des trains pendant la Seconde Guerre mondiale. Les policiers rentraient d’emblée dans le train et descendaient des gens ».
En septembre, le président de la région italienne du Piémont Sergio Chiamparino était, lui, monté avec trois migrants au col de Fenestre, haut lieu de sauvetage des Juifs fuyant la gestapo en 1943.
« Malheureusement, il y a une politique et une logique qui prévaut en France qui tend vers la fermeture », avait-il déclaré, lors d’un bref discours évoquant l’histoire des Juifs, des partisans italiens et les migrants.