Shoah: « Même dans les quartiers défavorisés, les élèves reçoivent le message »
Selon le ministre de l'Education "90% des élèves" apprennent l'histoire de la Shoah "comme il convient". Pour le reste, des équipes épaulent les professeurs en difficulté
Le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer a annoncé jeudi 20 décembre le lancement d’une nouvelle plate-forme permettant aux enseignants de signaler des incidents racistes ou antisémites afin de décider des suites à y donner.
« C’est une plate-forme pour signaler des faits de racisme et d’antisémitisme, (…) de façon à rectifier le tir chaque fois que c’est nécessaire », a indiqué au micro de France Bleu Azur le ministre, en déplacement à Nice.
« Nous avons des équipes capables de venir dans les établissements pour aider les collèges, les écoles, les lycées dans des situations où ils n’y arriveraient pas tout seuls », a-t-il ajouté.
Les suites peuvent être de nature « pédagogiques et éducatives quand l’enfant se fait le porte-parole bruyant voire violent de préjugés qui existent dans sa famille » et peuvent prendre la forme d’une rencontre de l’école avec la famille. « Mais cela peut aussi relever de suites judiciaires quand il s’agit de faits graves dont les motifs sont le racisme et l’antisémitisme », a précisé M. Blanquer.
Dans les colonnes d’Actuj, le ministre de l’Education revient sur une étude récente démontrant la méconnaissance de la Shoah et d’autres génocides, et dessine quelques pistes pour y remédier.
Il faut, dit-il, d’abord en accentuer « un travail de qualité fait depuis un certain nombre d’années : l’insertion très claire et très explicite de la Shoah dans les programmes, ce qui permet aux élèves de le voir à plusieurs moments de leur scolarité, y compris dans les nouveaux programmes du lycée ».
Selon M. Blanquer, « 90 % des élèves apprennent » l’histoire de la Shoah comme il convient. « Même dans les quartiers défavorisés où l’on pense que le fondamentalisme islamique a gagné du terrain, ils reçoivent parfaitement le message. Il faut avoir une vision contrastée et subtile du sujet. Du côté du pire, on voit des élèves qui, sous influence, ne veulent pas entendre parler de la Shoah. Nous avons bâti une réponse : les équipes de laïcité qui luttent contre le racisme et l’antisémitisme et interviennent quand un professeur se trouve démuni face à ce type de réactions ».
Et la nouvelle plateforme peut-être un recours. Cette dernière est calquée sur celle qui permet depuis cette année au personnel de l’Education nationale de saisir l’équipe nationale pour la laïcité, pour des problèmes tels que la contestation de certains enseignements au nom de la foi ou le refus d’aller en gymnastique de la part de certaines jeunes filles.
Une adresse de saisine destinée aux professeurs et autres agents permet de signaler des comportements ou des paroles portant atteinte à la laïcité et d’être recontactés dans les 24 heures.
Sur cette plate-forme « laïcité », depuis la rentrée, 330 cas ont donné lieu à l’intervention d’une équipe académique et 40 ont nécessité le déplacement de l’équipe nationale. Les collèges sont davantage concernés, avec 47 % des incidents signalés du 3 septembre au 23 novembre. Les trois quarts du temps, le problème vient d’un élève ou d’un parent.