Iran: Si l’accord échoue, nous enrichirons l’uranium au-delà des limites fixées
Le porte-parole de l'organisation de l'énergie atomique de Téhéran déclare que le site de Fordo est prêt à recevoir le feu vert du Guide suprême
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Un responsable iranien du nucléaire a menacé mercredi qu’en cas de rupture de l’accord nucléaire historique avec les puissances mondiales, son pays sera prêt à commencer l’enrichissement de l’uranium au-delà des limites fixées par l’accord dans l’une de ses installations nucléaires et à installer de nouveaux équipements dans une autre.
À la suite du retrait des États-Unis le mois dernier de l’accord de 2015, les autres partenaires de l’accord – la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, la Chine et la Russie – ont tous déclaré vouloir maintenir le pacte avec l’Iran. En réponse à la sortie des États-Unis, Téhéran a déclaré à plusieurs reprises qu’elle augmentera ses capacités d’enrichissement de l’uranium, mais n’a pas dit qu’elle commencera un enrichissement supérieur à ce qui est permis par l’accord.
Téhéran tient à rester dans l’accord, qui a permis de lever de lourdes sanctions économiques en échange de la limitation des aspects de son programme nucléaire susceptibles d’être utilisés à des fins militaires, mais a averti les partenaires non américains qu’ils doivent faire leur part pour convaincre l’Iran de rester.
Un porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Behrouz Kamalvandi, a déclaré dans une interview publiée mercredi par le Young Journalists’ Club (YJC) et reprise par Reuters, que si l’Iran est contraint de se retirer de l’accord sur le nucléaire, il commencera à enrichir de l’uranium sur le site de Fordo et installera de nouveaux équipements sur son site de Natanz.
Kamalvandi a déclaré que la décision d’accélérer l’enrichissement de l’uranium au-delà des limites actuelles était entre les mains du Guide suprême l’Ayatollah Ali Khamenei.
« Actuellement, le Guide suprême a ordonné que les programmes soient exécutés dans le cadre des paramètres de l’accord nucléaire », a déclaré Kamalvandi, selon une traduction anglaise de ses commentaires rapportés par Reuters. « Et quand il donnera l’ordre, nous exécuterons les programmes en dehors de l’accord nucléaire et réactiverons Fordo. »
Il n’a pas précisé le type d’équipement qui sera installé sur le site de Natanz.
La déclaration de Kamalvandi semblait destinée à faire pression sur les partenaires d’Europe de l’Ouest pour qu’ils restent dans l’accord. Washington a déclaré que les États-Unis imposeront de sévères sanctions à l’Iran pour l’obliger à signer une version actualisée et plus restrictive de l’accord de 2015. La Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne ont demandé aux États-Unis de leur accorder une exemption des sanctions économiques qui devraient empêcher les pays de commercer avec l’Iran. Sans les exemptions, les pays auront du mal à préserver l’accord nucléaire.
Kamalvandi a également déploré le fait que les Etats-Unis et les pays occidentaux fassent pression sur l’Iran au sujet de son programme nucléaire, qui, selon lui, est entièrement pacifique, tout en restant muets au sujet de l’arsenal nucléaire présumé d’Israël.
« L’Occident ne critique pas le régime sioniste et l’a même aidé », a déclaré Kamalvandi dans l’interview. « Sans l’aide de l’Occident et de l’Amérique, ce régime n’aurait jamais pu obtenir l’arme nucléaire. »
Israël refuse de confirmer s’il possède ou non des armes nucléaires, mais on pense généralement qu’il dispose d’un stock d’au moins 100 ogives.
Fin mai, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a présenté des archives de plus de 100 000 documents et fichiers sortis de Téhéran par des agents israéliens, montrant clairement que l’Iran travaillait à la production d’armes nucléaires avant de signer l’accord.
La semaine dernière, Ali Akbar Salehi, le directeur de l’agence nucléaire iranienne, a donné une interview télévisée en direct du site de Natanz au cours de laquelle il a présenté trois modèles de centrifugeuses d’enrichissement avancées produites localement. Salehi a dit qu’un nouvel atelier à Natanz était presque prêt à ouvrir et pourrait construire 60 centrifugeuses par jour, pour les trois modèles.
L’installation de Natanz est cachée sous terre et celle de Fordo à l’intérieur d’une montagne, ce qui protège les deux sites, situés au centre et au centre-nord de l’Iran, des frappes.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.