Smotrich a bien rencontré deux dirigeants juifs américains lors de sa visite en mars
Les dirigeants de la Conférence des présidents et des JFNA ont discrètement rencontré le ministre partisan de la ligne radicale, alors que l'AIPAC entre autres s'y refusaient
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Les dirigeants de deux des plus grandes organisations juives aux États-Unis ont secrètement rencontré le ministre des Finances Bezalel Smotrich après que plus de 120 dirigeants juifs américains et plus de 70 organisations eurent décidé de boycotter le député d’extrême-droite lors de sa visite aux États-Unis en mars.
Le dirigeant de la Conférence des présidents des principales organisations juives américaines, William Daroff, et le PDG des Jewish Federations of North America (JFNA), Eric Fingerhut, ont tous deux rencontré Smotrich en privé à Washington, ont-ils confirmé au Times of Israel vendredi.
Bien que Daroff et Fingerhut aient évité de rendre ces réunions publiques, elles ont offert à Smotrich un degré d’acceptation qu’il n’avait pas réussi à obtenir de la part d’une grande partie de la communauté juive au cours de son voyage de quatre jours à Washington et à New York.
Même l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC – qui est pro-Israël) et l’American Jewish Committee (AJC) ont évité de rencontrer le ministre des Finances, et seuls l’Orthodox Union et la Zionist Organization of America (ZOA) avaient publiquement confirmé leur intention de s’asseoir avec lui en amont.
La Conférence des présidents regroupe plus de 50 organisations juives – dont plusieurs ont appelé au boycott de Smotrich – et les JFNA représentent plus de 350 communautés juives indépendantes d’Amérique du Nord.
Vendredi, Daroff a ouvertement parlé de sa décision de rencontrer Smotrich, qui était à l’époque un personnage particulièrement incendiaire pour avoir publiquement appelé Israël à « anéantir » la ville palestinienne de Huwara après que deux jeunes frères israéliens y eurent été tués par des terroristes. L’administration Biden avait envisagé de refuser à Smotrich un visa d’entrée aux États-Unis, mais Smotrich s’est par la suite excusé pour cette remarque.
Le chef du parti HaTzionout HaDatit était déjà controversé dans son pays et à l’étranger en raison de son long passif de remarques contre la communauté LGBTQ, les Arabes, les Palestiniens et les Juifs non orthodoxes.
« Il est important de respecter les membres du gouvernement israélien (…) Mais je respecte le droit et l’obligation des organisations d’être fidèles à ce qu’elles sont et à ce qu’elles représentent », a déclaré Daroff.
« Je préférerais que de telles décisions soient prises discrètement et ne soient pas divulguées, mais je comprends que pour certaines organisations et certains individus, il est important de s’exprimer, que ce soit à gauche ou à droite, qu’il s’agisse de Mansour Abbas ou de Bezalel Smotrich », a-t-il ajouté, semblant placer le chef du parti islamiste Raam et le chef du parti d’extrême-droite HaTzionout HaDatit aux extrémités opposées de l’échiquier politique.
Daroff a souligné l’importance de s’engager avec « l’ensemble du spectre politique israélien », tout en précisant que la réunion ne représentait pas une approbation des opinions de Smotrich. « Il s’agissait simplement d’une réunion. »
Lorsqu’on lui a demandé s’il avait des lignes rouges concernant des individus ou des groupes qu’il ne rencontrerait pas, Daroff a évité de répondre.
Il a également refusé de révéler le contenu de sa discussion avec Smotrich, mais l’a qualifiée de « conversation franche et robuste ».
Daroff a reconnu l’importance de la rencontre entre Smotrich et le dirigeant de l’une des organisations juives les plus importantes des États-Unis, mais il a également souligné le « contexte » de la réunion.
« Les réunions étaient privées, discrètes et ne visaient pas à faire des photos, mais à avoir une conversation », a déclaré Daroff. « Je pense qu’il est important pour les dirigeants juifs américains de s’assurer que les dirigeants politiques israéliens comprennent les questions clés pour les Juifs américains, qu’ils comprennent mieux comment fonctionne la communauté juive américaine et que nos points de vue sont des questions importantes d’intérêt commun. »
Pour sa part, Fingerhut s’est contenté d’envoyer une déclaration au Times of Israel confirmant la rencontre.
À LIRE : À Washington, Smotrich vante l’unité sur fond de manifestations anti-gouvernement
« Les fédérations juives ont toujours entretenu des relations étroites avec les dirigeants du gouvernement israélien afin de renforcer notre soutien à l’État d’Israël et de communiquer clairement les points de vue et les préoccupations de nos communautés », a déclaré Fingerhut.
« Je pense que cette réunion, comme les autres réunions que nous avons eues avec des membres du gouvernement actuel et de l’opposition, a permis au ministre de mieux comprendre les valeurs, les priorités et les préoccupations de la communauté juive d’Amérique du Nord », a-t-il ajouté.