Smotrich : Les ONG de défense des droits humains, une « menace existentielle »
La chef du parti Avoda, Michaeli, a critiqué le député d'extrême-droite, affirmant que le nouveau gouvernement est la vraie menace pour la démocratie ; Netanyahu défend Smotrich
Le leader de HaTzionout HaDatit a déclaré lundi que le nouveau gouvernement devrait « prendre des mesures » contre certaines organisations de défense des droits de l’homme lorsqu’il entrera en fonction, qualifiant ces groupes de « menace existentielle pour l’État d’Israël ».
Ses remarques ont suscité un tollé de la part de la dirigeante du parti Avoda, Merav Michaeli, qui a répondu en affirmant que c’était le nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre annoncé, Benjamin Netanyahu, qui était la véritable menace pour la démocratie israélienne.
S’exprimant lors d’une conférence intitulée « Les organisations de défense des droits de l’homme opérées par le Hamas », organisée par le groupe d’activistes de droite Ad Kan, Smotrich a déclaré que les organisations de défense des droits de l’homme qui travaillent activement contre l’État d’Israël constituaient une menace existentielle pour le pays.
Il a ajouté que le nouveau gouvernement devra cibler les finances de ces organisations et agir contre elles à l’aide de « moyens légaux et de mesures sécuritaires ».
« Face à la délégitimation, à l’incitation au terrorisme et à la diffamation, il est temps de réagir. Voilà notre défi. Je ne doute pas que les prochains jours verront la mise en place d’un bon gouvernement », a déclaré le législateur d’extrême-droite.
S’exprimant ensuite lors d’une « conférence d’urgence pour sauver la démocratie » organisée à la Knesset, Michaeli a déclaré : « Il était autrefois acquis que l’État d’Israël était juif et démocratique. Aujourd’hui, la partie démocratique ne peut être considérée comme acquise et les attaques dont elle fait l’objet constituent un véritable combat existentiel. »
Elle a critiqué Smotrich, qui a réclamé à plusieurs reprises le ministère de la Défense pendant les négociations de coalition, pour ce qu’elle a appelé une « déclaration incroyable » qui menace la démocratie israélienne.
Michaeli a suggéré que l’idée que Smotrich se fait d’un « bon » gouvernement dépend de sa nature juive, même si elle représente une menace pour la démocratie.
« Penser qu’un Juif puisse dire une phrase comme celle-là. Comment le gouvernement doit-il réagir face à eux ? Sortir armé d’un pistolet à la main, essayer d’anéantir notre système judiciaire ? C’est une tentative claire d’éradiquer la partie démocratique de notre pays et de la subordonner à ce qu’ils qualifient désormais de ‘juif' », a-t-elle déclaré.
« Ce sont ceux qui qualifient les organisations des droits de l’homme de menace existentielle, eux et leurs amis… qui constituent la menace existentielle pour l’État d’Israël », a-t-elle ajouté.
Michaeli, dont le parti a remporté quatre sièges lors des élections du 1er novembre et qui devrait rejoindre l’opposition dans la 25e Knesset, a déclaré qu’elle s’unirait aux organisations de défense des droits de l’homme pour « défendre le caractère de l’État d’Israël : un pays qui est l’État-nation du peuple juif, une démocratie libérale avec des droits égaux pour tous ».
En août, l’armée israélienne a mené des raids contre sept organisations en Cisjordanie définies par les Palestiniens comme des organisations de défense des droits de l’homme. Israël a insisté sur le fait que les groupes opéraient en réalité comme une branche de l’organisation terroriste du Front populaire de libération de la Palestine, affirmations que les groupes ont niées.
Les partis de droite se sont également fréquemment insurgés, contre les organisations israéliennes de défense des droits de l’homme qui cherchent à exposer les abus présumés de Tsahal ou des habitants des implantations en Cisjordanie, les accusant de trahir le pays.
Il n’est pas certain que Smotrich soit nommé au poste de ministre de la Défense. Netanyahu a refusé d’accorder à Smotrich le poste de la Défense en raison de son manque d’expérience dans l’armée, de ses projets potentiellement incendiaires, des répercussions internationales que cela devrait entraîner, en particulier de la part des États-Unis, ainsi que d’autres préoccupations. Sa nomination potentielle a été sévèrement critiquée. Smotrich, quant à lui, a déclaré que son parti maintiendrait ses exigences.
Pendant ce temps, Smotrich a répondu aux critiques des partisans du Likud sur les réseaux sociaux à propos de son différend avec Netanyahu – y compris celle où il a été comparé, par un utilisateur, au chef du Hamas à Gaza Yahya Sinwar – en tweetant : « Il est inacceptable qu’à chaque fois que nous ne nous plions pas aux exigences du Likud, nous soyons traités d’ennemis, que nous fassions l’objet d’incitations à la haine et que nous soyons rabaissés. HaTzionout HaDatit est un partenaire à part entière du camp national et du parti Likud. »
La commission temporaire des Finances et la commission temporaire des Affaires étrangères et de la Défense sont les seules commissions non permanentes requises par la loi, à côté de la commission des Arrangements. Une fois que la commission des Arrangements aura achevé son travail de mise en place des commissions de la Knesset, elle se dissoudra et les autres commissions seront finalisées.
Netanyahu a condamné la comparaison entre Smotrich et Sinwar. « Même lorsque nous ne sommes pas d’accord, il n’y a pas de place pour des commentaires aussi vils », a-t-il déclaré sur Twitter.
Entre-temps, la commission temporaire des Finances de la Knesset a approuvé lundi la nomination de Moshe Hatorah, député, à sa présidence, après que la commission chargée de créer les groupes parlementaires de la Knesset a recommandé Gafni.