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Sofia veut contrôler la formation des imams

La Bulgarie compte déjà un Institut supérieur islamique, mais ses diplômes ne sont pas reconnus par l'État en raison d'une vive opposition des nationalistes

Le palais présidentiel à Sofia, Bulgarie (Crédit : CC BY-SA Dennis Jarvis, Flickr)
Le palais présidentiel à Sofia, Bulgarie (Crédit : CC BY-SA Dennis Jarvis, Flickr)

Le Premier ministre bulgare Boïko Borissov a appelé mercredi le Parlement à créer une filière officielle d’enseignement supérieur de l’islam, afin d’éviter que les imams ne soient formés à l’étranger.

« Au lieu de nous fourrer la tête dans le sable comme une autruche, il faut discuter d’où et comment sont formés les dignitaires musulmans bulgares », a déclaré le dirigeant de centre-droit devant les députés.

« Alors que nous avons des centaines de milliers de musulmans, une bonne partie d’entre eux (des imams et muftis) sont pris en charge par l’État turc », a-t-il ajouté en réponse à une question d’un élu nationaliste, opposé à un tel projet.

Après cinq siècles de domination ottomane (14e – 19e siècle), la Bulgarie compte la plus grande minorité turque des Balkans, estimée à 10 % de sa population de 7,3 millions d’habitants. Avec les Pomaks (Bulgares convertis à l’islam) et une partie des Roms, les musulmans représentent selon les estimations 13 % de la population, soit le taux le plus élevé de l’Union européenne.

Sofia compte déjà un Institut supérieur islamique, mais ses diplômes ne sont pas reconnus par l’État en raison d’une vive opposition des nationalistes. De nombreux imams et muftis profitent donc de bourses d’études supérieures en Turquie, en Arabie saoudite et en Jordanie.

Une reconnaissance officielle de l’Institut, créé en 1999, permettrait d’en contrôler l’enseignement et d’éviter qu’une majorité de dignitaires ne soient formés à l’étranger, selon le gouvernement.

Dans une déclaration récente, le grand mufti de Bulgarie, Moustafa Hadji, avait lui aussi réclamé « une accréditation immédiate de l’Institut supérieur islamique », « vu la situation internationale et dans l’intérêt de toute la société bulgare ».

En 2013, treize dignitaires musulmans bulgares, dont la plupart avaient fait des études en Arabie saoudite et en Jordanie, avaient été accusés de « propagation d’idéologie salafiste visant à imposer le califat ». Les faits n’ayant pas été prouvés, seul un imam autoproclamé du ghetto rom bulgare de Pazardjik (sud) avait été condamné, à deux ans de prison.

Des dizaines de mosquées ont été érigées en Bulgarie depuis la fin du communisme en 1990, avec des financements turcs et saoudiens.

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