Soutenant la résolution 2334 et l’accord iranien, la Chine montre à Netanyahu qu’il ne s’agit pas (que) d’argent
Le Premier ministre chinois a dit à son homologue israélien qu’il espère voir résolu le conflit israélo-palestinien, alors que la visite du dirigeant israélien se concentrait sur les relations commerciales
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

PEKIN – L’attention portée par Israël à l’extension de ses relations commerciales avec le Chine pendant la visite du Premier ministre Benjamin Netanyahu est entrée lundi en territoire ennemi, quand Pékin a exprimé son soutien à une résolution des Nations unies condamnant les implantations de Cisjordanie et à l’accord nucléaire iranien.
Bien que les responsables n’aient pas demandé explicitement une solution à deux états au conflit israélo-palestinien, le Premier ministre chinois a déclaré qu’il espérait voir les deux parties coexister en paix.
Pékin a à nouveau exprimé son soutien total à l’accord nucléaire iranien, qu’il considère comme un point d’ancrage pour la paix mondiale et régionale, malgré les fortes objections de Jérusalem contre l’accord.
« En tant qu’ami d’Israël et de la Palestine, la Chine espère voir une coexistence pacifique des deux parties et la stabilité au Moyen Orient », a dit à Netanyahu le Premier ministre chinois Li Keqiang pendant une rencontre à Pékin lundi, selon un communiqué publié après la réunion par le gouvernement chinois.

Netanyahu cherchait à faire de l’extension des relations commerciales le cœur de sa visite de trois jours, qui a commencé dimanche, emmenant avec lui un troupeau de dirigeants commerciaux et plusieurs ministres pour signer une série d’accords.
Pendant leur réunion de lundi au Palais de l’Assemblée du Peuple, Netanyahu et Li se sont mis d’accord sur des négociations accélérées sur la mise en place d’une zone de libre échange et sur le travail d’une commission de coopération économique spéciale.
Les deux dirigeants ont également discuté d’une « voie rapide » pour les investisseurs israéliens et chinois pour simplifier les accords conjoints, et d’une ligne aérienne directe entre Shanghai et Tel Aviv.
« Nous pensons qu’il n’y a que deux concentrations de technologie dans le monde pour le moment […]. Nous sommes impatients de travailler avec vous. Nous allons signer ces prochains jours avec le gouvernement une série d’accords sur les moyens de poursuivre cette coopération, les moyens dont nous pouvons aider la Chine et ses projets, et bien sûr les moyens dont la Chine peut nous permettre de participer à ses grands projets. Mais je pense que c’est un mariage rêvé », a déclaré Netanyahu au début de la réunion.
Un responsable chinois a déclaré que pendant leurs discussions, Li avait dit à Netanyahu qu’il soutenait les mesures des Nations unies en faveur de la mise en place d’un état palestinien.

« Le Premier ministre Li a exprimé que la Chine n’a pas d’intérêt propre sur la question israélo-palestinienne. Nous aimerions voir le problème réglé proprement, en cohérence avec la résolution de l’ONU et le consensus international », a déclaré Deng Li, directeur général du département des affaires d’Asie occidentale et d’Afrique du Nord du ministère chinois des Affaires étrangères.
Il faisait probablement référence à la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui a condamné les implantations israéliennes, jugées illégales, et qu’Israël considère comme biaisée et injuste.
La Chine a voté en faveur du texte, adopté le 23 décembre dernier avec 14 votes pour et l’abstention des Etats-Unis.
Deng n’a pas condamné la construction des implantations, et n’a pas non plus appelé explicitement à la création d’un état palestinien. Ces dernières semaines, Netanyahu n’a pas cité la solution à deux états.
La Chine n’a jamais été un acteur majeur des efforts internationaux pour résoudre le conflit israélo-palestinien, mais en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, le pays influe considérablement sur le sujet.
Deng a déclaré que les deux Premiers ministres avaient également discuté de l’accord nucléaire iranien, conclu en 2015 entre Téhéran et six puissances mondiales, dont la Chine, malgré les vives objections israéliennes.
« La position de la Chine a toujours été claire. Elle est que nous devons strictement mettre en oeuvre [l’accord nucléaire]. Et le point de départ de cette mise en place est de sauvegarder le système de non prolifération et la paix mondiale. Ainsi, [l’accord] sera très propice à la paix régionale et internationale », a-t-il déclaré.
Israël n’a pas réagi officiellement à cette réunion.