Stav Shaffir, l’ex-étoile montante d’Israël, reste sur la touche
Politicienne au franc-parler, la plus jeune femme jamais élue à la Knesset, abandonnée net après les affrontements avec le Parti travailliste et l'union des partis de gauche
JTA – Il y a moins d’un an, la montée fulgurante de Stav Shaffir dans la sphère politique israélienne semblait inexorable.
Maintenant que la militante du sionisme libéral et de la justice sociale ne se présentera même plus aux élections, son avenir demeure incertain. Sa carrière semble être la victime d’un réalignement de la gauche israélienne, condamnée par ses affrontements idéologiques et personnels avec la vieille garde du Parti travailliste.
Shaffir, 34 ans, a d’abord occupé le devant de la scène en Israël en tant que leader du mouvement de protestation pour la justice sociale de 2011. La jeune et passionnée, aux cheveux roux flamboyants, a galvanisé les milliers de jeunes Israéliens qui ont planté leurs tentes sur le boulevard Rothschild, au centre de Tel Aviv, l’une des 120 villes de tentes du pays. Les manifestants se sont tournés vers une coalition de jeunes d’une vingtaine d’années, dont Shaffir, pour les diriger et protester contre l’augmentation du coût de la vie en Israël et – plus grave encore – contre la flambée des prix des logements. En tant que porte-parole du mouvement, Shaffir avait alors acquis un profil national.
Deux ans plus tard, à 27 ans, Shaffir se présente aux élections avec le Parti travailliste de centre-gauche et devient la plus jeune femme membre de la Knesset de tous les temps. Elle est devenue célèbre pour avoir posé des questions détaillées lors des réunions de la Commission des finances, bloquant à plusieurs reprises des transferts d’argent entre ministères parce qu’ils n’étaient pas approuvés par un vote complet de la Knesset.
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À un moment donné, une vidéo la montre se faisant évacuée par un garde alors qu’elle crie : « Le public ne sait pas ce que vous faites ! »
« Au début, je pensais que mon travail consistait à légiférer », a déclaré Shaffir à la Jewish Telegraphic Agency pour un portrait de 2014. « Quand je suis entrée dans le système, j’ai compris que tant qu’on ne changerait pas le mécanisme, rien ne changerait. »
Elle a également attiré l’attention internationale, et les dirigeants libéraux pro-Israël aux États-Unis l’ont présentée comme un exemple d’un avenir plus progressiste pour l’État juif. Elle a été une présence permanente à la conférence annuelle de J Street, le lobby libéral israélien, et en 2016, elle a pris la parole à la convention de l’American Federation of Teachers.
Shaffir était à la gauche des anciens dirigeants du Parti travailliste. L’année dernière, alors que les électeurs du parti étaient prêts à élire leur chef, elle s’est présentée contre Amir Peretz, 67 ans, qui avait dirigé le parti pour la dernière fois en 2007. Shaffir a partagé le vote progressiste avec un autre candidat qui a également dirigé les manifestations de rue de 2011, Itzik Shmuli, et Peretz a gagné. Peretz a ensuite fusionné le Parti travailliste avec le parti centriste Gesher.
Shaffir a démissionné du Parti travailliste et, avant les élections nationales de septembre, elle a rejoint le Camp démocratique, une nouvelle alliance dont le point d’ancrage est le Meretz, un parti de gauche convaincu.
Mais comme Israël a connu une autre élection en mars, Meretz a fusionné avec le Parti travailliste. Shaffir a dit qu’elle avait longtemps rêvé d’une gauche israélienne unie, mais cette dernière fusion l’a laissée sur la touche. Les dirigeants du parti fusionné ont offert à Shaffir une place si loin sur la liste électorale qu’elle n’aurait probablement pas gagné un siège à la Knesset.
Haaretz a rapporté que Shaffir a brûlé les ponts lorsqu’elle a quitté le Parti travailliste, ce qui a rendu certains membres désireux de régler leurs comptes avec elle. Elle a été conflictuelle, selon Haaretz, et a fait des « demandes problématiques » à Meretz l’année dernière.
Mercredi, Shaffir a annoncé qu’elle ne se présenterait pas aux élections de mars afin de ne pas fragmenter la gauche israélienne. Ainsi, après sept ans de mandat, elle ne reviendra pas à la Knesset – du moins pour le moment.
Sa conférence de presse s’est tenue symboliquement sur le boulevard très fréquenté où elle avait planté sa tente il y a moins de dix ans.
« Je ne me présenterai pas à cette élection, mais je resterai dans la course pour notre pays », a dit Shaffir, promettant de mener son combat « dans les rues, dans les villes, dans les quartiers, afin de construire notre avenir et de revenir plus fort ».